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histoire et legendes

J-J ROUSSEAU, épilogue I

Publié le par Entre Semnoz et Chéran

 

L’année 2012 est terminée, nous allons bientôt abandonner Jean-Jacques ROUSSEAU et laisser la mémoire reprendre ses droits. Mais il reste cinq lettres à parcourir ensemble et à illustrer par quelques photos. Cette lecture montre combien le philosophe botaniste a essayé d’être exhaustif auprès de sa chère cousine :

 

  • Dans la lettre IV (juin 1772), JJR aborde une nouvelle famille, dans les «monopétales irrégulières » :

 « les fleurs en gueule, parce que ces fleurs sont fendues en 2 lèvres, dont l’ouverture [...] leur donne l’air d’une gueule béante ».

 

Il divise ensuite ces monopétales en labiées, (qui sont actuellement les lamiacées) et en personnées ou scrophulariacées.


000lamiacées galeobdolonb-copie-1

 

 

 

 

Lamiacées  : 

Lamium galeobdolon, ortie jaune (fleur jaune) et Ajuga reptans, bugle rampante, (fleur bleue), deux lamiacées très fréquentes dans les prairies et sur le bord des chemins.

 

000lamiacées ajuga reptans 113




 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

A la suite de nouvelles classifications génétiques faites à partir de 2003 et dont la dernière date de 2009 (APG III *) la famille des scrophulariacées, famille « fourre-tout », a été complétement remaniée, il ne reste que peu de plantes courantes dans nos nouvelles scrophulariacées, notre Jean-Jacques y perdrait son latin !


000 moléne II

 

 

 

 

 

Il reste néanmoins une plante très fréquente, toujours sur le bord des chemins, la molène noire Verbascum nigrum.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La 5ième leçon (juillet 1772) porte sur les ombellifères, « en pleine fructification dans ce moment ». Il en donne une description détaillée, de la structure des «rayons» (ou pédicules) eux-mêmes terminés par « un ordre de rayons plus petits » ; au passage, il donne l’étymologie du terme ‘ombellifère’ ou «Porte parasol», du latin umbella signifiant parasol.

Actuellement, les ombellifères sont devenues les apiacées.


Laser siler, apiacée très courante


0000apiacées

 

Prairie d'apiacées, en juillet, en Maurienne


000 apiacées II

 

La 6ième leçon porte sur les fleurs du type pâquerette, les Composées ou Astéracées, qui sera la fleur emblématique – et si commune- qu’il nomme aussi « petite marguerite ou marguerite tout court ».


000marguerite

 


Regardez-la bien ! Il en fait une description :


«deux cents ou trois cents fleurs toutes parfaites, c'est-à-dire, ayant chacune sa corolle, son germe, son pistil, ses étamines, sa graine ». « Si vous aviez déjà les doigts exercés aux dissections botaniques, que vous vous armassiez d’une bonne loupe et de beaucoup de patience, je pourrais vous convaincre de cette vérité par vos propres yeux ».

 

Son élève devra le croire sur parole, bien qu’il continue en lui disant «regardez maintenant les brins jaunes qui sont au milieu de la fleur », puis après, «les folioles blanches au-dessus, rose au-dessous qui forment comme une couronne autour de la marguerite »... qui n’aurait pas déjà sorti la loupe, conseillée auparavant !


000fleur de marguerite-copie-1

 

  • LETTRE VII (sans date, probablement fin 1773, début 1774) :

Cette lettre est bien plus courte, et en raison de la saison propice, porte sur les arbres fruitiers que sa Chère Cousine peut trouver dans les vergers. Il en profite pour lui rappeler qu’il est nécessaire d’avoir les feuilles des plantes qu’elle lui envoie, pour les déterminer !

«Le feuillage est souvent nécessaire pour déterminer l’espèce à un aussi mince botaniste que moi ».

 

Au passage il rend hommage «au savant Linnaeus » (Carl von Linné). Que penser de sa remarque : 


« Il ne faut pas, chère amie, donner à la botanique une importance qu’elle n’a pas ; c’est une étude de pure curiosité et qui n’a d’autre utilité réelle que celle que peut tirer un être pensant et sensible de l’observation de la nature et des merveilles de l’univers »?

 

Mais cela est déjà beaucoup et le romantisme du siècle suivant ne serait-il pas en germe dans une telle observation ? 

 

 

à suivre ..........

 

                                                                                 Jean

 

 

*La classification APG III (2009), ou classification phylogénétique, est la troisième version de la classification botanique des angiospermes établie par l'Angiosperms Phylogeny Group. C'est la classification botanique la plus importante aujourd'hui. Elle est construite sur l’étude de deux gènes chloroplastiques et d’un gène nucléaire de ribosome,  ces données sont complétées dans quelques cas par d'autres données.

 

 

 

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J.J. ROUSSEAU, lettre de botanique III

Publié le par Entre Semnoz et Chéran

Jean a lu pour nous la troisième lettre de botanique de JJR

la voici

 


Lettre III (mai 1772) :


img001

 

Mentionnant en premier l’herbier qu’il a fait parvenir à Julie DELESSERT et à sa fille Madelon, JJR en profite pour faire passer son principe éducatif de faire par soi-même, (l’autodidacte n’est jamais loin !).  Il lui rappelle aussi que

 

 

«cette douce et charmante étude qui remplit (par) d’intéressantes observations sur la nature, ces vides du temps que les autres consacrent à l’oisiveté ou à pis ». 


FAB-trifolium pratense


Si son intention avouée dans cette 3ième  lettre est de décrire six familles de plantes pour familiariser ses élèves avec la structure générale des parties caractéristiques des plantes, il insiste pour la mettre en garde contre la lecture de livres de botanique : « avec beaucoup de noms vous aurez peu d’idées, celles que vous aurez se brouilleront, [...] et n’aurez tout au plus qu’une connaissance de mots ».



FAB-JJR jeune et beau


« Chère Cousine, je suis jaloux d’être votre guide dans cette partie [...] ayez la patience de ne lire que dans celui (le livre) de la nature, et de vous en tenir à mes lettres ».


Lire dans le livre de la nature implique observation et expérimentation : sa chère Cousine et la petite Madelon ne risquent pas de l’oublier !

Cette 3ème leçon porte donc sur les POIS – nous sommes en mai et ils sont « en pleine fructification ».

 Madelon est bien jeune et le potager offre maints et maints exemples pour herboriser, même si ce n’est pas la nature sauvage. Nous voici donc avecles Fabacées, pardon « les Papilionacées ou légumineuses » comme on les nommait au XVIIIème siècle.

 

Jardin des Charmettes, à Chambery :


FAB-2011 29.09 (13) [1024x768]

L’observation va du plus général au plus détaillé et permet d’abord de constater que les fleurs de papilionacées  ne sont pas régulières (comme dans les précédentes familles) et ces fleurs irrégulières sont  «d’une construction fort particulière » et il faut «avoir plusieurs fleurs de pois et les disséquer successivement pour observer toutes leurs parties l’une après l’autre, il faut même suivre le progrès de la fructification depuis la première floraison jusqu’à la maturité du fruit ».


Papilionacée très courante : le genêt des teinturiers :

 

genista-tinctoiria-01.JPG

Ainsi en disséquant, elles verront que le calice est monophylle –d’une seule pièce- avec

5 pointes, 2 larges en haut et 3 plus étroites en bas ;


que la corolle se compose d’un Etendard (ou papillon) «tel un parapluie pour garantir ceux qu’il couvre des principales injures de l’air »,

de deux pièces latérales, les Ailes, enfin d’une dernière « pièce qu’à cause de sa forme on appelle la Nacelle [ qui est] comme un coffre-fort dans lequel la nature a mis son trésor à l’abri de l’air et de l’eau » .


Actuellement on ne parle plus de nacelle mais de carène

 

FAB-fleur pap

 

  

Ce trésor donnera la gousse : à ce propos JJR fait observer la différence entre une gousse et une silique. Et là, abandonnant toute rigueur, il ne peut qu’admirer le soin qu’a pris  "le Suprême Ouvrier" pour protéger "la fructification des plantes qui servent à la nourriture de l’homme et des animaux "!


Il ne lui reste plus qu’à énumérer quelques exemples «d’une des familles des plantes les plus nombreuses et les plus utiles » : le Trèfle des prés, les Fèves, les Genets, les Luzernes, ainsi de suite ; il y même des arbres, l’Acacia «qui n’est pas le véritable acacia ».

FAB-gousse

La lettre s’arrête assez brusquement !

Comme notre article………….

                                                                 Jean

 

A suivre

images empruntées à Internet, merci Internet

 


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J.J. Rousseau, lettre de botanique II

Publié le par Entre Semnoz et Chéran

 

img001La correspondance se poursuit avec sa chère cousine, Mme Delessert, et l’élève comprend vite. JJR commence la description des différentes familles, telles qu’on les connaissait à son époque. Nous le suivrons en complétant avec les connaissances actuelles.

jje-avec-texte-ii.JPG

 

Jean a compilé pour nous la lettre II :

 

Lettre II (octobre 1771) :

 

Deux mois se sont écoulés, avec une réponse de la chère Cousine, dont le contenu est facile à deviner, compte tenu du début de la lettre II :

 

 « Puisque vous saisissez si bien, chère Cousine, les premiers linéaments des plantes [...] et que notre chère petite botaniste s’amuse de corolles et de pétales, je vais vous proposer une autre famille ».

 

Cela sera les Crucifères ou fleurs en croix, actuellement il s’agit des brassicacées. Selon le schéma établi, JJR commence par l’observation, puis la description de la fleur. Il choisit une giroflée.

 

 

k-giroflée

  Il attire l’attention sur la position respective des pièces du calice et de la corolle, position alternative commune...


« ....à toutes les fleurs qui ont un nombre égal de pétales à la corolle et de folioles au calice ».


Puis il attire l’attention sur les étamines au nombre de six, dont deux plus courtes laissant à son élève le soin d’en trouver la raison « si vous y regardez bien ».

 

Enfin il signale la caractéristique essentielle de cette famille : l’ovaire qui devient « une espèce de gousse plate appelée Silique » dont il décrit l’ouverture à maturité. Il lui signale que les botanistes divisent cette famille en deux groupes « qui, quant à la fleur, sont parfaitement semblables, mais diffèrent sensiblement quant au fruit » :

  • ·         les Crucifères à silique, il en donne des exemples : « la Giroflée dont je viens de parler, la Julienne, le Cresson des fontaines, les Choux, les Raves, les Navets, la moutarde etc.

k- planche giroflée

 

  • ·         et les Crucifères à silicule plus courte, « presque aussi large que longue, et autrement divisée en dedans » exemples « entre autres le Cresson alénois, dit Nasitort ou Natou, le Thlaspi appelé Taraspi par les jardiniers, le Cochléaria, la Lunaire, qui, quoique la gousse en soit fort grande, n’est pourtant qu’une silicule, parce que sa longueur excède peu sa largeur ».

Thlaspi perfoliatum :


kandis perfoliatum 20

 

Lunaria rediviva :

 

klunaria annua 1

 

 

Il mentionne la ‘Bourse-à-pasteur’, « si commune parmi les mauvaises herbes des jardins ».

 

k Capsella bursa pasteuri 8

 

Pour finir, il conseille à «sa belle Cousine» de se munir d’une loupe.....

«...instrument dont un botaniste ne peut se passer, non plus que d’une lancette et d’une paire de bons ciseaux fins à découper » ; et il imagine « le tableau charmant de ma belle Cousine empressée avec son verre à éplucher des monceaux de fleurs cent fois moins fleuries, moins fraîches et moins agréables qu’elle ». 

 

Charmante description de notre philosophe botaniste !


Dans de prochains articles, nous étudierons les principales caractéristiques des brassicacées avec l'aide de Joanny et nous poursuivrons le parcours épistolaire de JJR avec Jean. 

 

à suivre............................................

 

 


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Lettres sur la Botanique J.-J. ROUSSEAU

Publié le par Entre Semnoz et Chéran

CORRESPONDANCE AVEC Mme DELESSERT  (1771 -1773)

 

Jean-Jacques ROUSSEAU - 1712-1778

 

 img001       En cette année anniversaire de la naissance de l’illustre Genevois, Jean a lu pour nous de nombreux ouvrages du philosophe en s’attachant à Jean-Jacques Rousseau, botaniste. On découvre cette facette du philosophe surtout dans sa correspondance avec sa chère cousine, Mme Delessert.

 

 

 

En effet, lorsqu’en 1771 Mme Delessert écrit à JJR qu’elle aimerait bien que sa fille Madelon, reçût quelques rudiments en botanique, JJR s’empressa d’y répondre favorablement. Ce fut l’objet de 8 lettres s’étendant d’août 1771 au printemps 1774. Elles furent publiées sous le titre Lettres élémentaires sur la botanique à Mme de L***, peu après la mort du philosophe.

 

Voici une série d’articles, reprenant la chronologie des leçons de botaniques de JJR qui nous permettront de vous faire découvrir que la démarche de JJR, botaniste du XVIIIème siècle, n’est pas si éloignée de la nôtre. On peut dire que JJR est en avance sur son temps. Vous découvrirez aussi quelques citations de JJR choisies par Jean dans cette correspondance. Joanny illustrera notre propos. (Les citations sont tirées es Lettres sur la Botanique, sauf mention contraire)

 

 

Mais en préambule, Jean Jacques parle de lui et de son intérêt pour la botanique dans plusieurs ouvrages Rousseau juge Jean-Jacques (1772- 1776), Les Rêveries du Promeneur Solitaire Les Confessions., Fragments de botanique...., tard dans sa vie, après avoir été contraint de fuir la société des humains suite à la condamnation de ses livres philosophiques, et à la menace du décret pris contre lui.

 

«La contemplation de la nature eut toujours un très grand attrait pour son cœur : il y trouvait un supplément aux attachements dont il avait besoin ; mais il eût laissé le supplément pour la chose, s’il en avait eu le choix et il ne se réduisit à converser avec les plantes qu’après de vains efforts pour converser avec des humains ».

 

Et si cette longue conversation avec les plantes lui permettait, à nouveau, de converser avec des humains ?

 

Maison natale de JJR, à Genève

 

maison natale de JJR à Geneve, gde rue

 

Lettre I août 1771, première leçon de botanique

 

S’adressant à des débutantes, mère et fille, il n’oubliera pas qu’il faut se mettre à leur portée, utiliser un langage simple avec aussi peu de mots savants que nécessaire ; que le meilleur mode de connaissance est l’observation directe de la plante, au contact de la nature :

«Le botaniste ne souffre point d’intermédiaire entre la nature et lui » (dans Fragments de Botanique).

Il faut commencer simple et ménager une progression vers le plus complexe.

Il commence par la description des différentes parties d’une plante : racine, tige, branches feuilles, fleurs et fruits. Les « Pétales de la Corolle » sont faciles à observer ...

 

Ensuite on observe le Pistil,

« petite colonne attachée tout au fond qui pointe directement vers le haut » et se divise en 3 parties, et les étamines avec leurs filets et anthères « avec une poussière jaune très odorante, qui n’a point de nom français, chez les botanistes on l’appelle le Pollen, mot qui signifie poussière ».

 

 

Faisons comme JJR mais avec les moyens du XXIème siècle

Fleurs

cerisiers

 

1 - Pédoncule floral.

2 - Réceptacle floral : extrémité plus ou moins dilatée du pédoncule portant les pièces florales.

3 - Sépale : une des pièces formant le calice, enveloppe extérieure de la fleur généralement verte.

4 - Pétale : une des pièces formant la corolle, enveloppe intérieure généralement colorée.

5 - Périanthe : Ensemble du calice et de la corolle.

6 - Ovaire : partie inférieure du pistil qui contient les ovules*.

7 - Style : filet reliant le stigmate à l’ovaire.

8 - Stigmate : sommet glanduleux du pistil, il a pour rôle de capter les grains de pollen.

9 - Pistil : organe femelle comprenant ovaire, style et stigmate.

10 - Filet : partie inférieure de l’étamine supportant l’anthère.

11 - Anthère : partie terminale de l’étamine renfermant le pollen constitué de deux loges.

12- Etamine : organe sexuel mâle de la fleur produisant le pollen.  

 

* - Ovule élément globuleux dans lequel se différencie le gamète femelle qui donnera après fécondation, la graine.

 

 

Cela permet d’introduire la notion de classification suivante : Polypétales et Monopétales. Nous disons, au XXIème siècle, dialypétale et gamopétale.

 

 

  • Dialypétale : corolle avec des pétales libres, séparés les uns des autres jusqu’à la base et se détachant un par un (définition de Jeanne Covillot).

          Exemple d'une fleur dialypétale, l'onagre (01 fleur, 02 fruit)


dialypétale

 

 

  • Gamopétale : corolle dont les pétales sont soudés au moins à la base, la corolle se détache d’une seule pièce (définition de Jeanne Covillot).

          Exemple d'une plante gamopétale, la digitale (01 fleur, 02 fruit)


gamopetale-copie-1.JPG

 

 

Il voulait aussi arracher la connaissance des plantes au savoir livresque des facultés de médecine, et boutiques d’herboristes ou apothicaires qui ne voyaient dans les plantes que source de médications : 

 

«Le premier malheur de la Botanique est d’avoir été regardée dès sa naissance comme une partie de la Médecine [....] On ne cherchait des plantes que pour trouver des remèdes, on ne cherchait pas des plantes, mais des simples ». 


dans Fragments pour un dictionnaire des termes d’usage en Botanique.   Voir aussi la 7ième Promenade, dans Les Rêveries du promeneur solitaire.

 

0051 P1020339 [1280x768]

 

                                              Jean et Joanny

 


à suivre........................

 

Photos d'André

 

 

 

 

 

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Le Chéran IV

Publié le par Entre Semnoz et Chéran

 

voilà notre dernier rendez-vous avec la balade de Jean au bord du Chéran,

                                                                                 merci à toi, Jean 


Loisirs et Chéran 


  • des circuits de randonnée / promenade sont aménagés pour pouvoir accéder et profiter du Chéran............... et voilà nos randonneurs sur le pont de l'Abîme!!!P9130027 [1024x768]
  • le canoë-kayak est praticable sur trois parcours :

P9130017 [1024x768]

 

 

- Du Pont d’Escorchevel au barrage de Bange (Allèves) 9km

- De la passerelle de Cusy/Gruffy à la Capetaz (Alby) 7km ;

- De l’aval du barrage d’Alby à la base de loisirs des Pérouses (Rumilly) 10km


 

 

 

 

 

P9140060

  • Les bases de loisirs de Lescheraines et de Rumilly

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  •  Le Chéran est une « rivière à truites » : d’où l’attention permanente portée à la bonne santé de la rivière pour favoriser les activités de pêche -SMIAC (1) et AAPPMA (2) de l’Albanais-

P9140063

 

Tout ceci nécessite des travaux d’entretien, de restauration des berges – menacées par l’érosion, les embâcles, les détritus, etc.-, de la végétation (menace des invasives, balsamine de l’Himalaya, la renouée du Japon et …..)

 

 

 

 


 

«Le lit du Chéran s’est enfoncé de plusieurs mètres au cours des dernières décennies (extraction de matériaux, endiguement), ce qui perturbe l’équilibre de la rivière et la coupe de ses milieux annexes » extrait du Site du SMIAC.

 

Tout au long de son cours une rivière a une fonction de lien fondamental, d’amont en aval et vice versa, mais elle a aussi une fonction de lien transversal d’une rive à l’autre, ce qui, en dépit d’éventuelles querelles de voisinage, oblige les hommes à se parler et à travailler ensemble.


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« Le « contrat rivière » du Chéran a conduit à une politique globale de gestion et d’entretien, et enfin une mise en valeur du patrimoine, du paysage et des activités de loisirs liées à l’eau » (dans Encyclopédie..., opus cité, sous article « Chéran »)

« [...] ces nouvelles fonctions dévolues aux rivières [...] motivent un partage de l’eau. Ce retour aux rivières longtemps délaissées s’accompagne de la protection des milieux aquatiques et riverains auxquels on confère aujourd’hui une forte valeur environnementale. » (Jean-Paul Bravard, dans opus cité, p.45)

 

 

Les botanistes rencontrent, quant à eux, quelques beaux spécimens le long des berges :


La prêle géante


P9140059

 

L'épervière humble, nichée au creux d'un rocher

 

hieracium humile 3

                    Photos et textes de Jean, encore merci


 

Voir aussi la rubrique « nos amis »


1-S.M.I.A.C

Syndicat Mixte Interdépartemental d’Aménagement du Chéran,

Basé à Alby sur Chéran.

2- AAPPMA,

 Association Agréée Pour la Pêche et la protection des Milieux Aquatiques et son site : cheran-terredepeche.com

 

 


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Le Chéran III

Publié le par Entre Semnoz et Chéran

Activités humaines autour du Chéran :


Comme toute rivière, le Chéran a été, dans le passé, une force motrice au service de l’homme ! À côté des activités pastorales s’est développé tout un réseau de petites industries avec ses moulins et ses martinets, nécessitant la proximité de l’eau :

  •  Scieries, fabrication de ‘l’argenterie des Bauges’
  •  Clouterie à partir des filons de fer (le Châtelard et le Noyer)
  • Moulins, dont le moulin Janin, sur la rive de Cusy reste un exemple

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Mais, peu commun, le Chéran charrie de l’or et fait partie des 4 rivières aurifères de Hte Savoie : Rhône, Arve, Fier et Chéran. (L’or des rivières ou or alluvionnaire, provient de la désintégration d’anciens filons détritiques).

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Selon Pline l’Ancien (déjà !) «L’or du Chéran est le plus pur des Gaules ! »

Jusqu’au XVIII° siècle les orpailleurs ont trouvé dans le lit du Chéran des paillettes d’or. Hélas, pas de mines d’or : la ruée vers l’or, sous l’impulsion de celle des USA en 1848, fut totalement infructueuse.

Si l’on consulte "orpaillage" dans l’encyclopédie des Alpes (opus cité), on vous renvoie à l’article "Chéran" :

«Il (le Chéran) a longtemps été fréquenté par les orpailleurs surtout au niveau d’Alby-s-Chéran et d’Allèves. Cette dernière commune a gardé la trace de baux d’orpaillage passés au 18°siècle, qui démontrent qu’il était fréquent de trouver des paillettes d’or dans le sable de la rivière. Le musée d’Annecy possède une pépite de près de 50 gr trouvée en 1863 par Joseph Domenge d’Alby-sur-Chéran. » 

 

L’histoire locale raconte que ’ la Biolla’ –alias J. Domenge-, pauvre hère, resta bien pauvre malgré sa trouvaille (43,5 gr/ de 23,5 carats (presque de l’or pur !) qui fut vendue 141,90FF et dont le musée garde un moulage en plâtre ! (Henri Travers)


"L’on est orpailleur comme on est chiffonnier ou marchand de peaux de lapin".

orpailleur

 

Orpailleur...californien


La méthode reste la même et, même si les instruments se sont modernisés, il faut toujours une bâtée, voire une table ou rampe de lavage ou sluice, et un bon coup de main ! Le principe pour séparer l’or des alluvions est d’utiliser la gravité,  grâce à un mouvement giratoire : la densité de l’or alluvionnaire (16 à 19 selon la teneur des autres métaux) fait que la paillette d’or reste au fond de la bâtée alors que le sable (densité 2) est éliminé.

 

batée


Quelques pépites!

pepites

 

 

L’or peut aussi se trouver dans des marmites – infractuosités rocheuses au fond du lit de la rivière-  mais le courant ne doit pas être trop violent : bien difficile de devenir riche, mais c’est une activité de plein air...

 


« L’or électricité » à Alby-s-Chéran.

En 1888, M. Mugnier, scieur à la Maladière (et donc utilisant déjà la force du Chéran) eut l’idée de creuser un canal de dérivation sur la rive droite du Chéran et de faire fonctionner une dynamo, qui ainsi fournit l’éclairage électrique au bourg et au Pont-neuf (tiré du site Internet de la Communauté des communes d’Alby).


 

P9130047 [1024x768]

A suivre........

                                                              Jean

photos de Jean et "empruntées" à Internet.

 

 


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Le Chéran II

Publié le par Entre Semnoz et Chéran

Géologie :


Le Chéran s’est trouvé au cœur des phénomènes géologiques alpins. D’où l'inscription aux Géoparks et sa quarantaine de sites géologiques à visiter dans le monde.

P9130036 [1024x768]

 


Le débit du Chéran ne suffit pas pour expliquer, dans son lit, la présence de blocs de granite, ophiolite, grès parmi les galets de calcaire urgonien et autres.

 

P9130040 [1024x768]



En fait, le cœur des Bauges a été traversé par les flux glaciaires (l'épaisseur des glaciers atteignait parfois 1200m) : au quaternaire- glaciation de Würms- le glacier de l’Isère passe par les cols du Frêne et de Leschaux et vient :


  • concasser les roches cristallines et les filons aurifères apparues lors de l’orogenèse alpine (naissance des hautes montagnes alpines –tel le massif du Mont Blanc- quand les plaques eurasienne et africaine se sont chevauchées)

P9130041 [1024x768]-copie-1

 

  • transporter les débris ainsi obtenus (les glaciers –du Rhône ou de l’Isère- sont très forts pour transporter tous les éléments détritiques, de la paillette d’or, de la pépite à un gros bloc "erratique" (voir la place du Caillou à Lyon)  sur de grandes distances. De l’or dans le Chéran ? Eh, oui, mais pas au-dessus de la Charniaz !! 

On en parle plus loin...


Le gros Caillou, à la croix Roussele gros caillou

 

                                                     

                                         article et photos de Jean

 

à suivre..................

Voir aussi sur le site du PRN des Bauges, l'article sur le Geopark

 


 

 

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Le Chéran I

Publié le par Entre Semnoz et Chéran

Le Chéran est qualifié de «Rivière précieuse» par le poète Henri Travers, une personnalité de Gruffy.

 

Pour faire écho à l'exposition qui se trouve au Musée de Gruffy en ce moment, explorons avec Jean cette belle rivière....


"Rivière française, affluent du Fier, longue de 50 Km(1)", le Chéran prend sa source dans les Bauges, sur le versant sud de la pointe de Chaurionde, vers 1500m d’altitude.  La Pointe de Chaurionde culmine à 2168m d'alitude, sur la commune de Clery, Savoie.

 

 Pointe Chaurionde [1024x768] 

Il draine un bassin versant de 433 km² pour se jeter dans le Fier en aval de Rumilly. Savoyard dans sa partie supérieure, il devient Haut Savoyard vers le Pont de Bange, ne servant de limite entre les départements que sur une courte distance (jusqu’au pont de l’Eau Morte).


Plus un élément d’union que séparateur, il est, à sa manière, un symbole du PNR du Massif des Bauges.

Elément fédérateur, il incarne aussi ce travail en commun des Pays de Savoie par l’intermédiaire du Syndicat Mixte Interdépartemental pour la Sauvegarde du Chéranen un mot le SMIAC !

P9130031--1024x768--copie-1.JPG

 


Etymologie :


 «Chéran» viendrait de ‘Cara’, forme féminine de ‘Carus’, ancien nom de plusieurs rivières – entre autre le Cher. Cara –Caran- devenu Cheran  par suite de la déclinaison germanique, d’un usage fréquent pour les noms de rivières. Il a un Homonyme : le Chéran, rivière de la Mayenne (2). 

Ernest Nègre (3), propose la «racine préceltique hydronymique ‘KAR’, qui pourrait signifier "gros gravier dans le lit des rivières".

Quelques citations :  

                 aqua que dicitur Cara (1288),

                 aqua de cheran (1435)

                 super aquam Care se Cheran (1444)

 

Hydrologie :


Les plus hauts sommets des Bauges entourent sa source (Arcalod, Trélod sur sa rive droite ; Péclod, Arclusaz sur sa rive gauche) et son premier cours (N.E.–S.O.) est celui d’un torrent de montagne, tout au long du vallon de Bellevaux.

 

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Puis vers Ecole en Bauges, le Chéran change de direction du S.E. vers le N.O., pour desservir deux plaines alluviales –à la pente moins raide- de la Compote (Bauges ‘devant’) et celle de Lescheraines (Bauges ‘derrière’)

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C’est par le canyon du Pont de l’Abîme que le Chéran sort de son basin supérieur : ce canyon profond de 93m et aux parois parallèles est la cluse entre la Montagne de Bange et le Semnoz.

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Entre Gruffy-Cusy et Marigny –St Marcel son cours devient plus étroit entre des falaises calcaire dominantes et il prend de la vitesse.

En aval, après Alby/Chéran, le Chéran a un cours moins rectiligne à travers la dépression molassique de l’Albanais, pour rejoindre le Fier (confluence en aval du Rumilly (308m alt.)

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En dépit des nombreuses infiltrations dans le calcaire karstique (courants souterrains nombreux –cf. grottes de Prerouge ) il reçoit près de 18 ruisseaux et nants.

Il se caractérise par des crues violentes, fonte des neiges et pluies.

Il traverse 18 communes.

 

                                                Texte et photos de Jean

à suivre..................

 

 

(1)  Dictionnaire Encyclopédique des Alpes, Ed GLENAT, 2006

(2) Dictionnaire Etymologique des noms de lieu de la Savoie, Adolphe Gros, Ed. La Fontaine de Siloé 2004.

(3) Toponymie Générale de la France, Genève, Librairie Droz, 1990.



[1]  Dictionnaire Encyclopédique des Alpes, Ed GLENAT, 2006

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La pervenche et Jean Jacques Rousseau !

Publié le par Entre Semnoz et Chéran

LA PERVENCHE (Vinca Minor)

img001Depuis la fin de l’été 1731, Mme de Warens se trouve à Chambéry  (après l’abdication de Victor-Amédée II en 1730 en faveur de son fils Charles Emmanuel), plus près de la cour du roi de Sardaigne et de la source de ses revenus : son action de prosélytisme en faveur de la religion catholique est financée par la maison de Savoie. Elle y loue un petit hôtel appartenant au comte de Saint- Laurent, chargé des finances du royaume !!

« La maison qu’elle occupait était sombre et triste et ma chambre était la plus triste et la plus sombre de la maison. Un mur pour vue, un cul-de- sac pour rue, peu d’air, peu de jour, peu d’espace, des grillons, des rats, des planches pourries, tout cela ne faisait pas une plaisante habitation. »
Les Confessions, livre 5ième.

Pas étonnant donc, que Mme de Warens donne suite au projet  « de retraite » (suggéré par JJR) et que dès 1735,

«Après avoir un peu cherché, nous nous fixâmes aux Charmettes », «un  réduit assez loin de la ville pour vivre en paix et assez près pour y revenir toutes les fois qu’il sera nécessaire ».

 

Les Charmettes


2011 29.09 (1) [1024x768]Le livre 6ème s’ouvre sur des citations allant toutes dans le même sens, qu’il reprend dans une phrase -  oh ! Combien connue :

« Ici commence le court bonheur de ma vie ».

 «Le premier jour que nous allâmes coucher aux Charmettes, Maman était en chaise à porteurs et je la suivais à pied. Le chemin monte, elle était assez pesante, et craignant de trop fatiguer ses porteurs, elle voulut descendre à peu près à moitié chemin pour faire le reste à pied. En marchant elle vit quelque chose de bleu dans la haie et me dit : « voilà de la pervenche » je ne me baissai pas pour l’examiner car j’ai la vue trop courte pour distinguer à terre les plantes de ma hauteur.
Je jetai seulement en passant un coup d’œil sur celle-là, et près de trente ans se sont passés sans que j’aie revu de la pervenche ou que j’y aie fait attention.

 

 Les Charmettes

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En 1764 étant à Cressier avec mon ami M. Du Peyrou, nous montions une petite montagne au sommet de laquelle il a un joli salon qu’il appelle avec raison Bellevue. Je commençais à herboriser un peu. En montant et regardant parmi les buissons je pousse un cri de joie : Ah voilà de la pervenche ; et c’en était en effet. Du Peyrou s’aperçut du transport, mais il en ignorait la cause ; il l’apprendra, je l’espère, lorsqu’un jour il lira ceci ».

C’est aux Charmettes qu’il se fera «son magasin d’idées, vraies ou fausses » en autodidacte, manière d’apprendre dont il sera l’ardent défenseur tout au long de sa vie ; mais il y trouvera un réel contact avec la nature, travaillant au jardin ou dans la vigne :


Le jardin des Charmettes

2011 29.09 (13) [1024x768]


«Je me levais tous les matins avant le soleil. Je montais par un verger voisin dans un très joli chemin qui était au-dessus de la vigne, et suivait la côte jusqu’à Chambéry. [...] Je revenais en me promenant par un assez grand tour, occupé à considérer avec intérêt et volupté les objets champêtres dont j’étais environné, les seuls dont l’oeil et le cœur ne se lassent jamais».

 

Le jardin des Charmettes


2011 29.09 (12) [1024x768]Si la rédaction des Confessions fut souvent interrompue, on estime que la première partie fut rédigée entre 1764 et 1767, ce passage sur Vinca minor correspond  à son séjour à Môtiers en 1762 dans une maison mise à sa disposition par Mme Boy de la Tour1, et où il herborise en compagnie de son ami Du Peyrou, fidèle entre les fidèles en dépit de la brouille entre les deux hommes (mais avec qui JJR ne s’est-il pas fâché  !).


vinca minor
On y voit apparaître une fonction majeure de la flore pour JJR, la fonction mémorative de la plante qui lui rappelle tout un flot de souvenirs, un état d’âme du passé qui surgit dans la conscience du moment actuel ; il revit un moment antérieur (le plus souvent heureux) tel qu’il fut vécu ; bien plus tard Proust (et sa madeleine) y ajoutera une tentative de comprendre l’essence du temps – ce qui n’est pas le cas de JJR ! Mais on peut dire, ici, que la pervenche est la ‘madeleine-de-Proust’ de JJR !



                                                           Jean


Photos Yvette


1 : on reparlera bientôt de Mme Boy de la Tour !


 

 

 


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JEAN JACQUES ROUSSEAU ET L’ARGOUSIER ou l'épisode de Grenoble.

Publié le par Entre Semnoz et Chéran

JEAN JACQUES ROUSSEAU ET L’ARGOUSIER (Hyppophae rhamnoides)
 

Jean-Jacques ROUSSEAU 1712-1778
Cette année, Savoyards et Suisses fêtent le tricentenaire de la naissance du célèbre genevois.
Notre propos n’est pas d’étudier la vie et l’œuvre de l’illustre philosophe mais d’approcher un aspect parfois méconnu de sa personnalité, son amour pour la botanique.

23

 

 Joanny nous a parlé de l’argousier la semaine dernière, Jean Jacques Rousseau connaissait l'arbuste, Jean a fait de belles lectures pour nous :


Extrait des Confessions


«La botanique, telle que je l’ai toujours considérée, et telle qu’elle commençait à devenir une passion pour moi, était précisément une étude oiseuse, propre à remplir tout le vide de mes loisirs sans y laisser place au délire de l’imagination.. » « Prendre machinalement çà et là tantôt une fleur, tantôt un rameau, [...] était de quoi passer l’éternité sans pouvoir m’ennuyer un moment. Quelque élégante, quelque admirable, quelque diverse que soit la structure des végétaux, elle ne frappe pas assez l’œil ignorant pour intéresser. Cette constante analogie, et pourtant cette variété prodigieuse qui règne dans leur organisation, ne transporte que ceux qui ont déjà quelque idée du système végétal ».

 

La fontaine de Jean-Jacques Rousseau à Annecy, nous vous reparlerons des petites fleurs de la grille.


 0164 Annecy 10 03 2011 MPG [1024x768]

Dans la 7ème Promenade des Rêveries du Promeneur solitaire, Rousseau écrit :

 « Durant mon séjour à Grenoble je faisais souvent de petites herborisations hors de la ville avec le sieur Bovier, avocat de ce pays-là ; non pas qu’il aimât ni sût la botanique, mais parce que s’étant fait mon garde de la manche (= garde de corps), il se faisait autant que la chose était possible une loi de ne pas me quitter d’un pas. Un jour nous nous promenions le long de l’Isère * dans un lieu tout plein de saules épineux. Je vis sur ces arbrisseaux des fruits mûrs, j’eus la curiosité d’en goûter et leur trouvant une petite acidité très agréable, je me mis à manger de ces grains pour me rafraîchir : le sieur Bovier se tenait à côté de moi sans m’imiter et sans rien faire. Un de ses amis survint, qui me voyant picorer ces grains me dit : « Eh ! Monsieur, que faîtes vous là ? Ignorez vous que ce fruit empoisonne ? – Ce fruit empoisonne ? m’écriai-je tout surpris –Sans doute, reprit-il ; et tout le monde sait si bien cela que personne dans le pays ne s’avise d’en goûter». Je regardai le sieur Bovier et je  lui dis : « Pourquoi donc ne m’avertissiez vous pas ? –Ah, monsieur, me répondit-il d’un ton respectueux, je n’osais pas prendre cette liberté».  Je me mis à rire de cette humilité dauphinoise, en discontinuant néanmoins ma petite collation.

 

Argousier 1

 

J’étais persuadé, comme je le suis encore, que toute production naturelle agréable au goût ne peut être nuisible au corps ou ne l’est du moins que par son excès. Cependant j’avoue que je m’écoutai un peu tout le reste de la journée : mais j’en fut quitte pour un peu d’inquiétude ; je soupai très bien, dormis mieux, et me levai le matin en parfaite santé, après avoir avalé la veille quinze ou vingt grains de ce terrible hippophaé, qui empoisonne à très petite dose, à ce que tout le monde me dit à Grenoble le lendemain. Cette aventure me parut si plaisante que je me la rappelle jamais sans rire de la singulière discrétion de M. l’avocat Bovier ».


Les fleurs de l'argousier sont apétales : peu de photographies.


Hippophae rhamnoides female flowers
Entre le 11 juillet et le 12 août 1768, Jean Jacques Rousseau séjourne à Grenoble, reçu par l’avocat Gaspard Bovier, et habite un « logement fort petit, fort laid»** rue des Vieux Jésuites – actuellement Rue Jean-Jacques Rousseau, au n° 2, au coin de la Place Sainte Claire. Il s’y sentira vite mal à l’aise, surveillé par tous : voici ce que lui écrit le prince de Conti : « Je sais que le lieutenant de police de Grenoble vous fait pour ainsi dire garder à vue »*** .

Les Rêveries.... furent écrites lors du dernier séjour de JJR à Paris, rue Plâtrière, entre 1776 et avril 1778

 

                                                                                                           Jean


Notes :
         * le long de l’Isère : en fait le Drac sur l’actuelle commune de Seyssinet – il y est un sentier pédestre, tracé en souvenir de JJR.
       ** dans Dictionnaire de Jean-Jacques Rousseau  (R. Trousson et F S. Eigeldinger), éd. Champion Classiques, 2006
         *** ibidem
 
Les baies de l’argousier sont comestibles et même savoureuses et surtout elles sont riches en vitamine C, mais nous déconseillons la méthode de JJR pour tester la toxicité des plantes ! 

 
Photos Marie Paule, Christianne et empruntée à internet                                                                                                 

 

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