Rencontre d'hiver, au détour d'un chemin.
Accrochées aux branches dénudées d’un églantier, voici de drôles d’excroissances :
ce sont des galles !!
On appelle galles des transformations anormales de tissus végétaux tels que renflements, excroissances et boursouflures sur les feuilles, les sépales, les tiges ou les racines.
Une galle ou cécidie, mot tiré du grec kêkídion, noix de galle, est une excroissance tumorale produite à la suite de piqûres d'animaux parasites; ils sont dits cécidogènes*.
*Un insecte cécidogène, ou galligène, est une espèce d'insecte qui induit chez les plantes la formation de galles (ou cécidies) dans lesquelles se développent les larves de ces insectes.
Ces derniers sont principalement des arthropodes, représentés par 15 % d'acariens (acarocécidies) et 75 % d'insectes (entomocécidies appartenant notamment au genre Cynips).
Certaines galles peuvent aussi être le fait de champignons, de nématodes ou de bactéries. La galle n'est pas toujours occupée par l'arthropode qui l'a crée.
ne pas confondre avec la domatie !!
La domatie (du latin domus, maison) est une structure végétale spécialement adaptée (tiges enflées, stipules, pseudobulbes, poches foliaires, tubercules, etc.) qui attire des arthropodes, des cyanobactéries du genre Nostoc, le plus souvent en échange de bénéfices réciproques (phénomène de symbiose).
N B : Leur discrétion lorsqu'elles sont déshydratées et la rapidité de leur turgescence lorsqu'elles sont exposées à l'humidité ont fait croire qu'elles tombaient du ciel, d'où leur nom de crachat de lune ou star jelly (soit gelée d'étoile), witches butter (soit beurre de sorcière) and mare's eggs (soit œufs de jument) pour les anglophones.
Voici un Nostoc sp. rencontré au bord d'un jardin, après une journée pluvieuse :
On dénombre actuellement près de 13 000 espèces génératrices de galles.
La galle est une tumeur produite par le végétal, mais généralement induite par l'oeuf pondu sous la cuticule d'une feuille ou tige, et qui va s'y développer.
Il a fallu attendre le XVIIe siècle pour que l'on comprenne le lien entre parasite et galle.
Maintenant que vous voilà savant, revenons à notre églantier
La galle que nous avons photographiée est volumineuse, pouvant dépasser 5cm de diamètre, formée d’une masse pluriloculaire pouvant contenir 5 à 50 cavités larvaires. Elle est recouverte de longs filaments ramifiés et enchevêtrés, rouges ou orangés et très denses. Cette galle est appelée bédégar, on la doit au Cynips du rosier.
Le Cynips du rosier ou Diplolepis rosae, est un minuscule insecte de l'ordre des hyménoptères qui pond ses œufs dans les tissus des rosiers cultivés mais aussi dans les tissus des églantiers sauvages provoquant la formation de galles appelées « bédégars » ou « barbe de Saint-Pierre ». Il a été décrit par Von Linné en 1758, c’est une des rares galles à avoir un nom vernaculaire, bédégar. Cette galle ne semble pas affecter la vigueur des plantes concernées.
A propos des galles, des études récentes tendraient à expliquer que l'arbre ou l'arbuste ne serait pas en reste et développerait une stratégie pour « emprisonner » ces insectes phytophages dans une sorte de cocon nourricier qui protègerait ainsi le reste des feuilles de l'arbre, producteur de la photosynthèse assurant la pérennité de l'espèce.
La nature a encore beaucoup de secrets à nous révéler !
Christianne
Sources : internet et “Guide des galles de France et d’Europe” de Patrick DAUPHIN, éd. Belin.
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