Verâtre blanc
Nous vous avions promis quelques mots sur le Vérâtre, les voilà !
Veratrum album sous espèce lobelianum
Très répandu dans les alpages à moyenne altitude, le Veratrum album est une plante de la famille des liliacées. Hautement toxique, il a une fâcheuse tendance à devenir envahissant, si on le laisse faire !
Le nom vient de la couleur du rhizome et veut dire "vraiment noir", le terme blanc fait référence à la couleur de la fleur.
Le Vérâtre et la botanique :
C’est une plante vivace, pubescente, égalant ou dépassant souvent 1 mètre. Dans notre région, nous rencontrons principalement la sous espèce “lobellianum“. Elle se caractérise par des fleurs, dont la couleur intérieure est vert jaunâtre à nervures vert foncé. Ces fleurs s'épanouissent en été, en larges panicules terminales.
Cette plante extrêmement toxique est d’autant plus dangereuse qu’elle ressemble beaucoup, avant la floraison, à la Grande Gentiane ou Gentiane jaune de la famille des gentianacées. Les deux plantes poussent dans le même milieu.
La gentiane jaune est très appréciée pour ses racines qui sont utilisées dans la réalisation de liqueurs et d’apéritifs. La confusion entre les deux, aurait de très graves conséquences.
Difficile de les différencier non ?? Non, c’est facile, suivez bien ce qui suit et tout ira bien !
Vérâtre, veratrum album ssp lobelianum
Racines : faisceau de nombreuses racines de même taille, brun-foncé.
Tige : pleine.
Feuilles : alternes.
Fleurs : blanches à jaunâtres, en épi terminal, de juin à août.
Fruits : capsules sphériques.
Gentiane jaune, gentiana lutea
Racines : grosse racine principale ramifiée, gris-brunâtre à brun-rougeâtre
A odeur forte.
Tige : creuse.
Feuilles : opposées.
Fleurs : jaunes, à l’aisselle des feuilles.
Localisation
Vosges, Jura, Alpes ; Cévennes et Massif Central, Pyrénées
Europe, Caucase, Sibérie et Japon.
Le vérâtre et la médecine
Contient des Alcaloïdes du type stéroïdique (jervine, alcaloïde majoritaire, vératrine….). Toute la plante est toxique. 0,2 à 1% dans les parties aériennes, 1,5% dans le rhyzome.
Troubles possibles : au tableau A comme hypotenseur et vasodilatateur. Les doses efficaces sont très proches des doses toxiques. Mortel pour le bétail, qui n’y touche pas, en général.
Intoxication : irritation des muqueuses, vomissements, hypersudation, hypotension, dépression respiratoire, hallucinations.
C’est un hypotenseur, sédatif, antispasmodique et analgésique mais également émétique, purgatif et diaphorétique. Mais les quantités nécessaires à l'action médicinale sont proches de la dose toxique et l'emploi de la plante et de ses alcaloïdes est si délicat qu’on ne l’utilise plus de nos jours.
Dans L'antiquité, ces propriétés étaient connues.
Mais il portait le nom d' Hellébore blanc ou faux Hellébore, par opposition à l'hellébore noir, la rose de Noël. Pline l’ancien lui associe le mot Veratrum, qui dit la vérité. On utilisait les racines de vérâtre en guise de tabac à priser. Cela faisait éternuer et l'éternuement passait pour test de vérité !! L'héllébore (ou éllébore) largement cité par les anciens, est donc en réalité le vérâtre. Cette plante dite de l'Avranchin ou herbe enragée, était utilisée pour guérir la folie.
La plus célébres des Héllébores venait des campagnes d'Anticyre, île de la mer Egée.
On l'a parfois employé à des fins criminelles et pour empoisonner les pointes de flèches ou comme poudre insecticide. On a aussi employé la plante en usage externe contre les rhumatismes et l'arthrite.
Le vérâtre et la littérature
Avoir besoin d'ellébore : avoir l'esprit troublé.
Citations :
- Ma commère, il vous faut purger, avec quatre grains d'ellébore, LA FONTAINE Fabl. VI, 10
- Y aurait-il assez d'ellébore pour une si étrange maladie ? VOLTAIRE. , Phil. Ignorant, 50
- Vous le voyez, sans moi vous y seriez encore ; Et vous aviez besoin de mon peu d’ellébore, MOLIERE. , Sganarelle. 22
- Elle a besoin de six grains d'ellébore ; Monsieur, son esprit est tourné, MOLIERE, Amphit. II, 2
- Il aurait bien besoin de deux grains d’ellébore, REGNARD, Distr. II, 12
Il est maintenant clairement établi, qu’à cette époque, l’Ellébore ainsi cité correspondait en réalité au Vérâtre.
Preuve de la confusion entre le Vérâtre et l’Ellébore
Ci-dessus, gravure issue de la Flore médicale «De Plantis Epitome Utillissima » Francfort 1586 du Médecin et Botaniste Pierre André Matthioli (1501 – 1577).
Cette gravure représente manifestement un plant de Vérâtre.
Joanny Cuillerat.
Photos d’André, de Françoise, Mireille et Sylvie,merci à eux et ce n‘est pas fini !
Vérâtre,veratrum album ssp lobelianum
Gentiane jaune, gentiana lutea