J.J. Rousseau, lettre de botanique II
La correspondance se poursuit avec sa chère cousine, Mme Delessert, et l’élève comprend vite. JJR commence la description des différentes familles, telles qu’on les connaissait à son époque. Nous le suivrons en complétant avec les connaissances actuelles.
Jean a compilé pour nous la lettre II :
Lettre II (octobre 1771) :
Deux mois se sont écoulés, avec une réponse de la chère Cousine, dont le contenu est facile à deviner, compte tenu du début de la lettre II :
« Puisque vous saisissez si bien, chère Cousine, les premiers
linéaments des plantes [...] et que notre chère petite botaniste s’amuse de corolles et de pétales, je vais vous proposer une autre famille ».
Cela sera les Crucifères ou fleurs en croix, actuellement il s’agit des brassicacées. Selon le schéma établi, JJR commence par l’observation, puis la description de la fleur. Il choisit une giroflée.
Il attire l’attention sur la position respective des pièces du calice et de la corolle, position alternative commune...
« ....à toutes les fleurs qui ont un nombre égal de pétales à la corolle et de folioles au calice ».
Puis il attire l’attention sur les étamines au nombre de six, dont deux plus courtes laissant à son élève le soin d’en trouver la raison « si vous y regardez bien ».
Enfin il signale la caractéristique essentielle de cette famille : l’ovaire qui devient « une espèce de gousse plate appelée Silique » dont il décrit l’ouverture à maturité. Il lui signale que les botanistes divisent cette famille en deux groupes « qui, quant à la fleur, sont parfaitement semblables, mais diffèrent sensiblement quant au fruit » :
- · les Crucifères à silique, il en donne des exemples : « la Giroflée dont je viens de parler, la Julienne, le Cresson des fontaines, les Choux, les Raves, les Navets, la moutarde etc.
- · et les Crucifères à silicule plus courte, « presque aussi large que longue, et autrement divisée en dedans » exemples « entre autres le Cresson alénois, dit Nasitort ou Natou, le Thlaspi appelé Taraspi par les jardiniers, le Cochléaria, la Lunaire, qui, quoique la gousse en soit fort grande, n’est pourtant qu’une silicule, parce que sa longueur excède peu sa largeur ».
Thlaspi perfoliatum :
Lunaria rediviva :
Il mentionne la ‘Bourse-à-pasteur’, « si commune parmi les mauvaises herbes des jardins ».
Pour finir, il conseille à «sa belle Cousine» de se munir d’une loupe.....
«...instrument dont un botaniste ne peut se passer, non plus que d’une lancette et d’une paire de bons ciseaux fins à découper » ; et il imagine « le tableau charmant de ma belle Cousine empressée avec son verre à éplucher des monceaux de fleurs cent fois moins fleuries, moins fraîches et moins agréables qu’elle ».
Charmante description de notre philosophe botaniste !
Dans de prochains articles, nous étudierons les principales caractéristiques des brassicacées avec l'aide de Joanny et nous poursuivrons le parcours épistolaire de JJR avec Jean.
à suivre............................................