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Swertie vivace, Swertia perennis

Publié le par Entre Semnoz et Chéran

Fin juillet, nous avons eu la chance de découvrir la tourbière de St François, dans les Bauges  (73) où la Swertie vivace, Swertia perennis  (Gentianacées) était en pleine floraison. La swertie est une plante des prés humides et des bas-marais, des étages montagnards entre 1400 et 1700 m.

Tout d’abord, on découvre le site au sortir d’un bois, un petit chemin grimpe sur une butte et là, la couleur du vallon, brun mauve, signe la présence d’une prairie à molinies bleues, Molinia caerulea, C’est un molinion, zone humide calcaire, riche de nombreuses espèces fleuries, et dont le centre cède la place à la tourbière des Creusates.

Celle-ci fait l’objet d’un arrêté de protection de Biotope et en voici le site

Swertie vivace, Swertia perennis

Les Swerties, on ne les voit pas tout de suite, elles ne dépassent pas 40-50 cm. Les molinies, graminées aux longs épis violets, atteignent parfois 1 m ou plus. 

Mais en approchant, les voici, belles vivaces aux fleurs en grappes de couleurs bleu mauve. On les aperçoit petit à petit, au fur et à mesure de notre avance. Elles sont magnifiques, en boutons ou épanouies, bleues, mauves ou presque noires,  nous sommes ravis !

 Swertie vivace, Swertia perennis

Swertie vivace, Swertia perennis

Leurs feuilles sont opposées, pétiolées à la base et sessiles sur la tige.

 Swertie vivace, Swertia perennis

Swertie vivace, Swertia perennis

5 sépales fins dépassent de 5 pétales qui forment une étoile, mauve livide « tireté» de violet.

 

 Swertie vivace, Swertia perennis

Swertie vivace, Swertia perennis

Chaque pétale porte à sa base deux « fossettes » nectarifères, violettes et ciliées, gourmandises des insectes.

 Swertie vivace, Swertia perennis

Swertie vivace, Swertia perennis

5 étamines et un pistil dont seul l’ovaire est bien développé, le style et les deux stigmates sont à peine visibles.

 Swertie vivace, Swertia perennis

Swertie vivace, Swertia perennis

Deux solutions pour la reproduction, les graines et le rhizome oblique, pourvu de racines adventives et de bourgeons, permettent la survie de la plante.

Swertie vivace, Swertia perennis

Elle est protégée au niveau régional, et notée en danger de disparition dans le département 74, dans le livre de Denis Jordan « Flore rare ou menacée de Haute Savoie » (2015), naturalia  PUBLICATIONS.

Un article lui est consacré dans le n° 52 de "Nature et Patrimoine", article de Francis PELTIER, professeur honoraire, dont je me suis largement inspirée.

                                                                                                      Christianne

Photos Nicole, Christianne, Josette, Jacques, Jean-Loup et André

Publié dans Sorties

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La parnassie des marais, un petit chef d’œuvre !

Publié le par Entre Semnoz et Chéran

Voici un article de Joanny posté en 2012. Une relecture nous rappellera les secrets  de cette drôle de petite fleur blanche qu'on commence à rencontrer dans les lieux humides : elle est à examiner de près !

parnassia palustris 1

 La parnassie des marais (Parnassia palustris L.) est le seul représentant en France du genre Parnassia, lui-même membre de la petite famille des celastracées, proche des saxifragacées. La plante tirerait son nom du fait que les Anciens la trouvaient si belle qu’elle devait forcément venir du Parnasse *.

 

C’est une plante vivace qui pousse en montagne, dans les tourbières, les lieux marécageux, au bord des ruisseaux. Elle fleurit de la fin juillet au début de l’automne. Les feuilles sont presque toutes basales, à long pétiole, à limbe cordé un peu charnu.

On peut aussi trouver une feuille caulinaire embrassante. La tige, érigée et glabre, mesure entre 5 et 40 cm, et porte une seule fleur.

 

Description de la fleur

  • Calice vert, beaucoup plus petit que la corolle, à cinq sépales.
  • Corolle blanche, à cinq pétales à nervures translucides.

 

parnassia palustris 2

 

L’une des particularités de la plante est la présence, à l’intérieur de la fleur et à la base de chaque pétale, d’une écaille jaune-vert clair (on parle aussi de staminode* ou d’étamine stérile) portant de nombreux cils glanduleux jaunes (à peu près une douzaine par écaille).

 

 

Parnassia palustris 0005 [1024x768]

Les cinq étamines (éléments mâles de la fleur), munies d’anthères, se recourbent sur le pistil (élément femelle de la fleur) en début de floraison.

 

 

Parnassia palustris 0004 [1024x768]

 

Le pistil est constitué de quatre carpelles fusionnés, il ne porte pas de style, mais seulement quatre stigmates sessiles. Si l’on observe attentivement différentes fleurs de Parnassie, on pourra constater des différences significatives dans l’aspect et la position des étamines (éléments mâles de la fleur).

 

Parnassia palustris 0008

 

 Ces différences d’anatomie proviennent d’un dispositif particulier : la protandrie*. Celle-ci favorise la fécondation croisée* chez cette fleur.

 

La pollinisation de la Parnassia palustris et principalement le rôle des staminodes ont fait l’objet d’interprétations diverses plus ou moins fantaisistes. Une théorie développée dans les années 2000 suite à différentes études, semble être maintenant admise.

La voici.

 

La fleur de Parnassie est donc protandre, cela implique la mise en place d’une stratégie pour attirer les hyménoptères concernés et faciliter le transport des grains de pollen vers d’autres fleurs.

Les cinq staminodes (ou étamines stériles ou écailles) de la Parnassia palustris, agissent à la fois comme fausses et véritables nectaires. Elles attirent les pollinisateurs avec leurs extrémités bien visibles mais non-gratifiantes et elles produisent également du nectar à la base.

 

La fausse autopollinisation des Parnassies :

 

1 les étamines à déhiscence dorsale se courbent l’une après l’autre vers le pistil d’une jeune fleur dont les stigmates ne sont pas encore développés.

2- un hyménoptère attiré par le nectar capte le pollen sur sa face ventrale

 

Parnassie stade mâle

 

 

 

   3- L’insecte dépose le pollen sur le stigmate réceptif d’une autre fleur plus âgée. Les étamines de celle-ci ont repris leur position initiale mais ont perdu leurs anthères.

 

parnassie stade femelle

 

 

 

Parnassia palustris 0013 [1024x768]

  Sur cette photo, on voit les étamines ayant perdu leurs anthères et le pistil muni de ses stigmates.

 

Le fruit est une capsule, ses graines sont facilement disséminées par le vent et l’eau. Elles sont très légères en raison d’une poche membraneuse remplie d’air qui est fixée à leur surface

 

Utilisation :

Cette plante modeste était cueillie à la floraison, puis séchée. Elle contient des tanins et peut être d'autres principes actifs inconnus. Comme remède de grand-mère, les personnes sujettes à l'angoisse la prenaient pour ralentir les battements du cœur, diminuer la nervosité et l'inquiétude. On relate aussi son application lors de crises d’épilepsie, et d'anciens herbiers la recommandent pour des affections hépatiques.

 

                                              Joaanny                                

 

Photos de Jacques

 

*Le nom Parnasse est, à l'origine, celui d'une montagne de Grèce. Dans la mythologie grecque, ce mont Parnasse était, comme Delphes, consacré à Apollon et aux neuf Muses, le lieu sacré des poètes. Le Parnasse devenu le séjour symbolique des poètes, fut finalement assimilé à l'ensemble des poètes, puis à la poésie elle-même.

 

*Staminode, en botanique, un staminode est une étamine stérile ou avortée, souvent rudimentaire. Elle ne produit pas de pollen. Les staminodes sont souvent discrets et ressemblant aux étamines, habituellement disposés en verticille dans la corolle de la fleur, mais aussi parfois assez longs pour en dépasser. Quelquefois, les staminodes sont modifiés pour produire de nectar.

 

*Protandre, qualifie une fleur dont les organes mâles sont matures et fonctionnels avant les organes femelles. Une fleur protandre bien qu'anatomiquement hermaphrodite est donc à un moment donné physiologiquement unisexuée : d'abord mâle puis femelle. La protandrie favorise l'allogamie ou fécondation croisée.

 

* Fécondation croisée, généralement réalisée par les insectes butineurs, correspond à la fécondation entre deux individus distincts. Darwin a insisté sur l’utilité de la fécondation croisée, elle maintient le type moyen de l’espèce.

 

 

                                             Joanny

Publié dans Fiches techniques

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