De l'arbre au livre
Nous voici fin novembre, la végétation se met en sommeil même si l’automne est particulièrement généreux en soleil et en chaudes couleurs, cette année. C’est le moment de s’intéresser aux arbres, ce qui nous permettra de mieux les reconnaître au printemps prochain.
Joanny et Jean se sont mis au travail. Voici en préambule, un article de Jean (j'y glisserai quelques photos que je touve sympas) qui permet de réfléchir à l’un des rôles des arbres, rôle que nous oublions facilement tellement nous avons l’habitude de «feuilleter» sans y penser…….
De l’ARBRE au LIVRE !
Le mot ‘livre’ est emprunté au latin liber : le ‘liber’ est la pellicule située entre le bois et l’écorce extérieure (cortex= écorce), sur laquelle on écrivait avant la découverte du papyrus. Par métonymie ce mot a désigné le livre, sens conservé après l’abandon du liber au profit de la tige de papyrus découpée en bandes (1° siècle).
Les feuilles de papyrus sont exportées d’Egypte vers l’occident jusqu’au 8° siècle, date à laquelle le parchemin (vélin) les remplace, vélin presque exclusivement en usage jusqu’au 12° siècle.
A cette date, le papier de chiffon, d’origine chinoise, commence à être connu grâce aux Arabes qui l’introduisent en Espagne (début du 11° siècle), puis en Italie du Nord – sous le nom de... papyrus ! L’existence de moulins à papier est attestée en Champagne et en Lorraine vers le milieu du 14° siècle.
Saules au bord de l'eau,
Nos voisins anglo-saxons (Grande Bretagne et Allemagne) sont encore plus inféodés à l’arbre, puisque les termes de ‘Buch’ et ‘book’ (livre en All. et G.B.) réfèrent directement à « die Buche » / beech- en anglais, à savoir le ‘fayard’ ou ‘hêtre’, bois dur, facile à travailler. Ceci renvoie au procédé de la ‘xylographie’ , qui consiste à graver un document à l’envers sur une planche de bois, puis à l’appliquer, une fois recouverte d’encre, sur un support papier à l’aide d’une presse (procédé connu en Chine dès le 7° siècle).
Très vieux chêne,
Si les livres, au Moyen-âge, sont produits et reproduits dans les monastères par des moines copistes (voir le film de Jean-Jacques Annaud et/ou le roman d’Umberto Eco « Le Nom de la Rose »), les laïcs au 14° siècle commencent à produire des codex (livres faits de feuilles imprimées par xylographie et cousues ensemble). Une révolution culturelle est en marche : Gutenberg/Gutemberg (1400-1468), de formation orfèvre et très au fait des alliages de métaux, est considéré à juste titre comme l’inventeur de l’imprimerie moderne à caractères mobiles (la « casse »), permettant l’utilisation répétée des mêmes caractères, et l’impression en série du même livre : le 1° livre, compte tenu de l’époque, fut la Bible (1452-1454) sur feuillets à 2 colonnes, de 42 lignes chacune.
L'automne en montagne
Une longue histoire « d’impression » commençait, où l’arbre, encore, fournissait par l’intermédiaire de la pâte à papier le support de cette impression. A l’heure où les tablettes numériques et autres e-books semblent vouloir remplacer le livre ‘classique’ et revenir aux temps encore plus anciens des tablettes en argile pré hellénistiques, il était peut-être bon de rappeler cette longue et amoureuse aventure du livre et de l’arbre.
Jean
Photos Nicole et Christianne