Viscum album, le gui
Un peu de botanique :
plante épiphyte semi-parasite de la famille des Santalacées (eh ! Oui !…)
avec son feuillage persistant, vert en hiver, un peu plus doré au printemps, aux baies blanc-nacré hivernales, elle fait des pieds en «boule» sur l’arbre qu’elle colonise .
Son nom vernaculaire - « gui » -vient d’une déformation du latin, en passant par le terme de «glu» ! En effet, ses baies visqueuses, mélangées à l ‘écorce du houx, servaient à faire la « glu » pour attraper les petits oiseaux !
Particularité du gui : la graine doit passer par le tube digestif d’un oiseau pour pouvoir prendre racine sur une branche.
Très toxique pour l’homme, son ingestion provoque des troubles neurologiques et cardio-vasculaires graves, voire mortels. (Marie-Claude Paume, dans son livre «Sauvages et Toxiques ... » aux éditions EDISUD, parle d’infusion des feuilles à forte dose, provoquant des arrêts cardiaques ….).
Dans l’ancienne pharmacopée, selon Gaston Bonnier, «la plante récoltée à la fin de l’automne est employée sous forme d’extrait, contre les crachements de sang (cf tuberculose) et contre l’albuminurie ».
Il existe trois sous-espèces :
- Viscum album ssp album : parasite des feuillus
- Viscum album ssp abietis : parasite tous les « Abies »
- Viscum album ssp austriacum : parasite «Pinus» (plutôt sud de la France, mais en Savoie aussi).
«mais les distinctions morphologiques -des graines et des couleurs de baies- restent incertaines et nécessitent la présence de l’hôte».
Flora Gallica.
Mythe :
Le gui, le houx et le lierre, plantes communes aux feuillages persistants et aux baies colorées (blanc, rouge, bleu noir) égaient les jours d’hiver, mais aussi les festivités de Noël et de Nouvel An. Si le houx et le lierre ont trouvé grâce auprès des Pères de l’Église, le gui a été mis à l’index car associé aux druides et les cultes païens !
Le chêne et son gui - très rare - se voit attribuer des connections avec le ciel, la pluie, la foudre, il est l’axe vertical de la terre, l’ami des dieux. Astérix a popularisé le druide en robe blanche, armé d’un faucille en or,…
Pline l’Ancien, déjà, mentionnait ce culte druidique ; le gui participait aux mythologies : Perséphone s’en sert, en guise de clé pour les portes de l’Enfer, il en est de même pour Enée, la Sybille..
Chez Virgile, le gui et le chêne sont des attributs de Junon.
Une flèche en gui tue le jeune et beau Balder, fils préféré d’Odin, dans la mythologie germanique..
Donc le gui est exclu de l’herbier (minéral) de nos cathédrales ! pas de sculpture représentant le gui, parmi celles de chêne, lierre, vigne, etc …Il a été remplacé par le houx !
Mais la tradition populaire, empruntée aux pratiques romaines, a conservé, à défaut de druides, l’échange de baisers sous le gui, à la St Sylvestre, en guise de porte-bonheur, ainsi que l’exclamation remontant aux gaulois : «Au gui l’An neuf !»
Dans un chant traditionnel de noël anglais, le houx est mis en avant :
«Le houx et le lierre
Quand tous deux prospèrent,
Hauts et droits,
De tous les arbres dans les bois
C’est le houx qui est le roi !»
Chaque nouvelle strophe commence par une ‘’louange’’ du houx, il porte une fleur aussi blanche que le lis (sic!), une baie rouge sang (ça, c’est plus vrai), une épine très acérée, une écorce amère comme bile, en contrepoint de Marie et son Nouveau-Né ! Comme s’il fallait enfoncer un clou dans la tête des paroissiens !
Jean