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Lundi 27 mai, enfin du soleil en Valserine !

Publié le par Entre Semnoz et Chéran

       Nous découvrons la basse vallée de la Valserine, en compagnie de notre ami Roger Fillion, naturaliste, photographe et passionné d’histoire locale.


Elle se situe dans le massif du Jura, dans le département de l'Ain pour sa partie basse et dans le département du Jura pour sa partie haute. Elle est parallèle aux plus hautes crêtes, Crêt d'eau (1621 m), Crêt de Chalam (1545 m), Crêt de la neige (1720 m) point culminant du Jura.

 

Cette vallée a été creusée par la Valserine, un torrent du parc régional du Haut-Jura qui conflue avec la Semine pour se jeter dans le Rhône, près de Bellegarde.

 

00 jura II

Après avoir appartenu à la maison de Savoie, cette région finit par échoir à la France lors du traité de Lyon en 1601, après accord avec le Duc de Savoie. Une seule condition du côté Savoyard : un couloir devra être aménagé dans le pays de Gex et la vallée de la Valserine pour permettre aux troupes espagnoles de transiter d'Italie (Gênes) jusqu'aux Pays-Bas (possession Espagnole), en traversant le Duché de Savoie, la vallée de la Valserine, la Franche-Comté (possession Espagnole) et la Lorraine. Le couloir, territoire du Duc de Savoie s'appellera le Chemin des Espagnols.

 

La Valserine lieu d’Histoire : (source : Paul Delsalle – Professeur à l’université de Franche Comté-  l’Invasion de la Franche Comté par Henri IV, éd. du Cêtre 2010

 En 1601 la France récupère, par le traité de Lyon, le pays de Gex, le Bugey et la Bresse.

 « Depuis la source de la Valserine, (on devrait plutôt dire de la Serine), via Mijoux, Lélex, et  Chézery, jusqu’à la hauteur des Bouchoux, à peu près, c’est le pays de Gex. A partir des Bouchoux jusqu’au Mont Nivigne  s’étend le Bugey [.....] Enfin vers le sud-est commence la Bresse [... ] La conséquence est limpide. En 1601, les Franc-Comtois du haut et bas Jura n’ont plus comme voisins les Savoyards mais les Français. Ils se rapprochent ainsi du roi de France. »[...] « Cette nouvelle situation géopolitique issue du Traité de Lyon (1601) se fait au bénéfice de la France mais surtout aux dépens de l’Espagne. La fameuse « route espagnole » via le Milanais, la Savoie, la Comté et la Lorraine pour rejoindre les Flandres est désormais coupée, en théorie. »[....] « Cela dit, le Espagnols ont réussi un coup de maître de géopolitique en obtenant que la rive gauche de la Serine (ou Valserine) reste savoyarde, tandis que la rive droite devient française ( NB : il lit la carte et non le cours de la rivière ! la « gauche » est pour lui ce qui est la rive droite de la rivière). A partir de la Savoie, ils disposent donc entre le Bugey et le pays de Gex, d’un étroit corridor, un couloir, le long de la rivière, passant par Chézery, Lélex, et le val Mijoux. ..... Dès cette année là, 1601, les Espagnols font aménager le chemin, depuis le Pont de Grésin jusqu’à St Claude pour y faire passer leurs troupes. »

 

Actuellement, la vallée de la Valserine fait partie du parc naturel régional du Haut-Jura, qui commence au niveau de la commune de Montanges : « Porte du Parc ».

 


En compagnie de notre hôte, nous explorons d’abord  les Pertes de la Valserine, balade  dans les entrailles de la rivière, du coeur de Bellegarde au pont des Oulles où se perdent en canyon les eaux de notre torrent.

Site étonnant et magnifique, découvrez-le sur le site de l’office du tourisme de Bellegarde.


La Valserine disparait

 

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Gorges profondes

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Le groupe d'explorateurs

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La Valserine renait

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Jolie cascade

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Après un pique-nique au soleil, richesse rare cette année, un petit détour par le  Pont des Pierres entre Confort et Montanges.

Construit en 1910 pour les besoins du tram de Bellegarde à Chézery, c’était le plus haut pont en maçonnerie au monde lors de sa réalisation avec ses 65 m sous voûte. Il fut dynamité en 1944 puis reconstruit par la suite. Ce grand viaduc enjambe les gorges de notre impétueux torrent.

 

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A quelques pas de l’ouvrage d’art, sur un promontoire facilement accessible à pied, on peut jouir d’un panorama exceptionnel sur le pont et le haut de la vallée. Un panneau décrit de façon remarquable, les différents phénomènes géologiques, appartenant au patrimoine géologique de la vallée.

 

 

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Roger nous montre les traces des glaciers qui recouvraient la vallée au début du quaternaire.

 

Vals05w.jpg

Entre 1912 et 1937, le tram à voie métrique cité plus haut, reliait Bellegarde à Chézery et desservait les aglomérations de Bellegarde-sur-Valserine, Lancrans, Confort, Montanges, Champfromier et Chézery-Forens.

 

Sans-titre.jpg

Pas loin de Chézery-Forens, découverte de la fontaine bénite, une joli oratoire marial, au pied des Crêtes, perdue au milieu des compagnons rouges, des bunias et des chaerophylles. Ce petit édifice protège une fontaine miraculeuse, dont la découverte est attribuée à Saint-Roland.

 

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Encore un petit saut en voiture et au bout d’un chemin surplombé par le Reculet (1718 m), nous partons à la recherche de la Pulsatile des Alpes et de la Scrophulaire du Jura.

Bingo, malgré le retard évident de la végétation, elles sont là !

 

Pulsatila Alpina

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Scrophularia juratensis

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Chezery-Forens est située dans la vallée de la rivière de la Valserine. Le village est dominé de sommets parmi les plus hauts du massif du Jura : Crêt d'eau, Crêt de Chalam, Crêt de la neige. Une jolie église, abrite une relique très ancienne, un crane qui serait celui de Saint Roland. Le Saint homme est l’une des figures de la vallée, troisième abbé de Chézery, au XIIème siècle, il est décrit comme petit et bossu. L’abbaye à  laquelle appartenait cette église, a été fondée en 1140, elle  a connu beaucoup de vicissitudes. A la révolution (1793), les Chézerands étaient encore "Serfs et mainmortables" de cette royale Abbaye. L’heure de leur liberté avait sonnée, et de cette abbaye, il ne reste que peu de constructions et dépendances mais il reste surtout la disposition caractéristique du village et la charmante église.

 

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Très vite, vient l’heure du retour, après une petite pause à Chezey-Forens et une visite rapide de l’église et de ses reliques, nous rejoignons nos départements Savoyards, enchantés de cette journée de découverte sous le soleil.


Merci à Roger pour toutes ces découvertes,  présentées avec gentillesse et érudition.

Merci à Sylvie pour ses avis botaniques éclairés

Merci à Josette, André, Jean, Roger et Joanny pour leurs aides et leurs photos.


                                                                                  Christianne

 

Publié dans Sorties

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Pas de fleur, pas de pollen ou pas de pollen, pas de fleur, II

Publié le par Entre Semnoz et Chéran

Une histoire du passé :

 

Lorsque les conquistadores revinrent du Nouveau Monde, ils rapportèrent dans leurs cales bien des trésors : parmi eux, une liane qui conquit, par la beauté de ses fleurs et son exotisme, bien des cours royales du vieux continent ; il s’agit de Vanilla planifolia,famille des orchidées, originaire de l’Amérique Centrale, Mexique, ...

 

ab-fleur-de-vanille.jpg

Ainsi une bouture fut plantée dans le Jardin du Roy Louis XIV (futur Jardin des  Plantes).

 

Nombre des botanistes des siècles passés l’étudièrent : restait le fait que ces magnifiques fleurs étaient stériles, faute du petit pollinisateur, insecte spécialisé des forêts humides et tropicales de cette Amérique Centrale, à savoir, pour les entomologistes actuels,  l'abeilles euglossine.ab euglossine


 Or lors de la colonisation des Mascareignes, le gouverneur de l’île Bourbon (la Réunion actuelle) introduisit des plantes de l’espèceVanilla planifolia d’origine mexicaine dans les années 1830, une pépinière de ce qui allait s’appeler  « Vanille Bourbon » fut créée non loin de St Benoît (La Réunion). Souple et peu ramifiée, la liane de vanille épiphyte, à longs entre nœuds, s’élance à l’assaut de son support et peut atteindre 10m ! Des racines aériennes adventices lui permettent d’adhérer à son tuteur et d’y puiser sa nourriture.


ab plant de vanille

 

Les feuilles alternes, planes ovales en fer de lance, à bout pointu, peuvent mesurer jusqu’à 15cm.

La tige et les feuilles sont vertes et charnues, et leur suc transparent et irritant avec possibilité de brûlures, voire de démangeaisons persistantes.

Les fleurs apparaissent à l’aisselle des feuilles ; de couleur verdâtre ou jaune pâle, hermaphrodites,  elles  ont la structure classique de fleur d’orchidée.mais les organes mâles et femelles sont séparés par une petite lamelle membraneuse, le labellum, ce qui rend difficile leur pollinisation.

 

ab planche vanille

 

De plus, comme toute orchidée, le pollen dans les pollinies ne peut pas être dispersé par le vent, et, faute d’insecte pollinisateur, la fleur reste stérile.

Par contre si elle est fécondée, cette fleur donnera une « gousse »,- botaniquement parlant, une capsule -, le terme gousse référant au produit fini vendu à des prix fort élevés selon la qualité de la gousse.

 

ab-mg043-copie-1.jpg

 

Or même à la Réunion, les fleurs n’étaient pas pollinisées par les insectes « indigènes », car comme toute plante (ou animal, poisson, batracien) venue d’ailleurs – et devenant parfois invasive, Vanilla planifolia ne les attirait pas.

Comment produire ces gousses aromatiques, classées, côté cuisine, parmi les épices, sans pollinisateur ?

 

 

 

 

Les armoiries de la Réunionab-la-reunion.jpg

arbore une liane de vanille et la devise :

« Florebo quocumque ferar »

(je fleurirai où que vous me transporterez)

mais la devise était fausse pour la vanille !


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Un jeune esclave noir- la France ayant propagé cette pratique infamante jusqu'à La Réunion et ayant bien tardé à abolir l’esclavage - un jeune esclave noir d’un riche planteur a découvert une technique manuelle mais simple, délicate, et finalement rentable.


- « Je n’arrive pas à comprendre comment par quelle magie ces fleurs jusqu’alors stériles se sont mises à enfanter de si belles gousses ? », se serait exclamé M. Féréol Beaumont Bellier de Villentroy, propriétaire et de la vanille et de l’esclave !.

 

-« Patron , c’est pas de la magie, je crois avoir réussi un simple mariage [...],comme toute fleur, la vanille a un affaire mâle et un affaire femelle ; pour déchirer sa petite languette, (cf. labellum) je prends une épine de raquette ( voir cactus). Avec mes doigts, je pèse dessus pour que les deux affaires se collent ensemble. » lui répondit Edmond, son esclave de 11 ans ; et pour le succès de sa découverte, il fut affranchi !

 

Depuis ce temps là, les « marieuses » s’affairent, de septembre à décembre (été dans l’hémisphère sud) auprès des tuteurs où s’enroulent la vanille et fécondent manuellement jusqu’à 1000 fleurs par jour !

 

Tôt le matin, par temps sec, elles utilisent le même procédé que celui d’Edmond Albius  (en l’affranchissant, son maître lui donna le patronyme d’Albius, référence à la couleur de la fleur vanille ....quelle ironie !) : avec une épine, elles décapuchonnent les organes mâles, redresse la languette qui séparent les organes femelles des précédents, et de leurs doigts elles rapprochent l’étamine avec son pollen du stigmate, en les pressant légèrement pour être sûr que le contact a été établi !

 

ab fecf

 

Je ne reviendrai pas sur les utilisations de Vanilla en pâtisserie et autres mets de bouche (y compris liqueurs), ses propriétés sont utilisées en parfumerie et phytothérapie (huile essentielle pour massage et relaxation), en médicine comme fébrifuge, antidépresseur... A noter que les manipulateurs au contact de la vanille moisie peuvent attraper une maladie, le vanillisme.

 

                                                    Jean

 

Photos "empruntées" à Internet. 


Publié dans Histoire et légendes

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