Balade sur les pentes d'UBAC du Lautaret, suite…
Un joli torrent descend des montagnes de la Réserve naturelle du versant nord des pics du Combeynot intégrée depuis 2019 au Parc des Ecrins.
Nous voici au bord de l’eau, sur la rive droite du torrent, les pieds dans l’eau pour certaines ! Autour de nous, les montagnes de Combeynot à notre gauche, les bâtiments du col et du jardin du Lautaret, à notre droite.
Après le repas, nous partons vers une grande tourbière en tournant le dos au sentier des cascades.
Une tourbière est un milieu complexe qui s’est formée, en général, pendant une longue période dans une dépression d’eau stagnante très pauvre en oxygène et où les débris des végétaux se sont accumulés. Ils ont été transformés, sous l’action des microorganismes anaérobies, en tourbe.
Cette tourbe, constituée pour une grande part de carbone, constituait autrefois, après avoir été extraites et séchée au soleil, le charbon du pauvre.
Les tourbières sont caractérisées le plus souvent par la présence de sphaignes, ces mousses en mourant s'accumulent progressivement pour former de la tourbe, un sol caractérisé par sa très forte teneur en matière organique, peu ou pas décomposée, d'origine végétale. Les écosystèmes tourbeux couvrent 3 % à 5 % des surfaces terrestres émergées, mais la biodiversité y est très élevée et ils stockent le carbone de façon très efficace. Souvent, l’excès de carbone donne à l’eau un aspect huileux d’hydrocarbure !
Les tourbières ont une flore spécifique et variée. Nous ne nous sommes pas attardés sur les droseras et les grassettes, il y en avait beaucoup mais nous les avons déjà rencontrés souvent.
Nous avons préféré les Trichophorum cespitosum et Trichophorum alpinum abondants à cet endroit. Ces drôles de petites plantes de montagne, vivaces, aux tiges grêles, à souches gazonnantes ou traçantes figurent sur la listes rouge de la Flore menacée de France.
Trichophorum cespitosum, scirpe cespiteux (Cypéracées)
Il possède une tige grêle, cylindriques-striée, terminée en pointe verte
Il est muni d’un seul épillet petit (5-6 mm), roussâtre, terminal, dressé
Il est présent dans une grande partie de la France
Trichophorum alpinum, souchet des Alpes (Cypéracées)
Celui-ci a une tige trigone, nue jusqu'à la base. Son épi floral solitaire forme une houppe laineuse et très chevelu de 2 cm environ. C’est une plante assez rare, des marais et tourbières des hautes montagnes : Jura, Alpes des Savoie, du Dauphiné, de la haute Provence et Cantal.
J’adore rencontrer en montagne les aigrettes blanches des linaigrettes qui brillent au soleil et se balancent dans le vent, sur les bords humides des tourbières.
Les linaigrettes abondantes en plaine ou en montagne, ont trouvé autrefois de nombreux usages.
La partie blanche servait parfois de mèches pour les bougies ou les lampes à huile, et on l'a parfois mélangée en petite quantité à des tissus de lin ou de laine. Une autre utilité des plumets confirmée depuis longtemps est leur capacité à étancher les plaies.
Elles auraient longtemps servi à créer un rembourrage pour les coussins et matelas, au même titre que mousses, aiguilles de pin et autres récoltes locales chez les Indiens, les Vikings, et à époque plus récente, dans les régions pauvres d'Europe ou d'Amérique du Nord.
On s'en sert parfois en Ecosse pour nourrir le bétail, et dans les régions arctiques, les jeunes pousses tendres et sucrées sont une nourriture de choix pour le caribou, notamment pour les femelles caribous allaitantes dont on a étudié le régime d'assez près. Au début de son développement, la plante est en effet très riche en nutriments facilement assimilables. Chez certains peuples, on consomme aussi les jeunes pousses au printemps et les fleurs en infusions. De nombreux oiseaux aquatiques consomment régulièrement ses graines.
Vous trouverez ces renseignements et plus sur le site accessible en fin d'article.
Nous avons rencontré
Eriophorum vaginatum, linaigrette à gaines (Cypéracées)
Cette plante gazonnante en touffe compacte possède des tiges trigones, des feuilles linéaires raides et rudes aux bords qui forment des gaines en cornet autour de la tige. Son épi floral solitaire disposé au sommet de la tige est couronné de soies très nombreuses, longues de 2-3 cm, formant une houppe soyeuse très dense.
Eriophorum angustifolium , linaigrette à feuilles étroites (Cypéracées)
Plusieurs épis, souvent pendants, feuilles longues et étroites, sillonnées au centre. Présente à l’étage montagnard mais fait des incursions à l’étage subalpin. Ses pédoncules floraux sont lisses contrairement à ceux de la linaigrette à larges feuilles qui sont scabres c-a-d râpeux au toucher, surtout avec la langue !
Il reste encore quelques découvertes à faire...
Christianne
à suivre...
Et voici les fiches résumant les caractéristiques de chacun des taxons du jour, fiches réalisées par André, une aide précieuse permettant des déterminations précises.