Sortie botanique - fritillaires et omphalodes-
Cessens (73410) la Tour de César :
Au mois de mars, nous avons herborisé autour et dans la Tour de César ou ruines du Château
Vieux (le Château Neuf en contre bas est plus récent). Dans son livre, «Les Châteaux en Savoie », Michèle Brocard écrit :
« Ce château est l’un des plus anciens et des plus forts du
Genevois. Dans une reconnaissance que Pierre et Mermet de Grésy passent en 1300, il est déjà
qualifié d’antique et avait appartenu aux Sires de Faucigny. En 1316, après un échange, le Château Vieux est inféodé à Rodolphe de Grésy par Guillaume de Genève. Dès cette date, les 2 châteaux,
le Vieux et le Neuf, appartiennent à la famille de Grésy ; mais tandis que le Vieux relève du comte de Genève, le Neuf fait l’objet de contestations entre les Savoie et les Genève. Cette
source de conflits engendre une guerre [...] en octobre 1320 et Edouard de Savoie s’empare du Château
Neuf ». (p. 74 in opus cité).
Toujours de la même source, c’est au pied de la Tour de César que J.J. Rousseau aurait écrit «une belle page
sur le lever du soleil.» (Dans Emile ou de l’Education.)
Pourquoi « César » ? Mystère ! Cessens se trouvait sur une ancienne voie romaine secondaire
à la voie principale reliant Lemencum (Chy) à Condate (Seyssel) et Boutae (Annecy) en passant par
Aquae (Aix) et Albinum (Albens). Le col du Sapenay était donc fréquenté en alternative du Val de Fier. Serait- ce là une
explication plausible ?
Toujours est-il que cette localité fut très passante de tous temps. Le comte de Genève possédait un château au-dessus du col
de Cessens où l’un de ses vassaux tenait garnison : voyageurs, marchands, gens d’armes constituaient un voisinage fort bruyant pour les moines retirés à « l’Alta
Comba » -entre les hameaux des Granges et du Topy-. A l’époque du Moyen Age, c’était une voie très fréquentée reliant l’Albanais à la Chautagne, entre le
comté de Genève et le Bugey. La montagne de Cessens servait de frontière. En 1121 les moines quittèrent ce lieu élevé « pour jouir d’une paix assurée, à l’écart de tout commerce
humain ». Tout en conservant l’appellation de Hautecombe, ils s’installèrent au bord du Lac du Bourget ! Une fois encore, à la fin du XXème siècle, ils durent quitter
leur monastère pour les mêmes raisons – trop de touristes !
Un grand panneau face au magnifique paysage et situé auprès des ruines nous raconte :
« De tout temps, les hauteurs de Cessens furent un lieu idéal pour surveiller l’arrivée des troupes
ennemies ou la circulation par cette voie de communication naturelle…
Limite entre Savoie et Bugey, le Rhône fut également la frontière entre la France et la
Savoie jusqu’aux accords franco-sardes qui conduisirent à l’annexion de la Savoie à l’Empire Français plébiscitée en 1860. Auparavant le passage du Rhône donnait lieu à la perception de taxes
douanières qui concernaient le transit des marchandises empruntant la route de Cessens et le col du Sapenay »
Les douaniers étaient cantonnés dans « Le Château Barthelier » qui a donné son nom au parking où nous avons laissé
nos voitures avant de monter « à la Tour de César ».
Prés de ce parking une fleur nous attendait, unique elle aussi, on raconte que ce sont les moines qui l’auraient implantée
là. L’Omphalodes, nombril du monde !
Omphalodes verna ou Cynoglossum
omphalodes ou petite bourrache
De la famille des boraginacées, à tige poilue et feuilles ovales en cœur à la base, elle serait originaire de l’Europe de
l’est. Ses fleurs à corolle d’un beau bleu, se disposent en grappe.
Histoire de Melle Omphale
Dans la mythologie grecque, Omphale, dont le nom déifié signifie tantôt nombril du monde, axe, pierre
angulaire, clé de voute, messager des dieux, lien entre la terre et le ciel devint l'épouse du dieu des montagnes, Tmolos (roi de Lydie) puis elle devint reine à son tour quand ce dernier
fut encorné. Heraclès se vendit comme esclave à la reine de Lydie, Omphale, afin de se purifier du meurtre de son ami Iphitos. Après lui avoir imposé un certain nombre de travaux, la reine libéra
le héros de son esclavage et l'épousa !
Une autre surprise nous attend, une jolie croix qui rappelle la légende de la croix des mariages :
On raconte qu’en 1137 lorsque que les moines de Hautecombe quittèrent Cessens pour aller
s’installer prés du lac du Bourget, toute la population voulut assister à leur départ. Le Prieur fit alors distribuer de l’argent aux jeunes-filles les plus pauvres afin qu’elles fassent prier
leurs enfants en souvenir des moines.
Puis il fixa dans la terre deux rameaux d’un buisson disposés en forme de
croix et dit "Agenouillons-nous au pied de cette croix et que ce signe nous recommande à votre souvenir chaque fois que
vous le verrez sur le bord du chemin » C’est en cet endroit même que fut érigée par la suite une croix devant laquelle «Pas de jeune fille qui n'aille s'y agenouiller dans la pensée de trouver un époux » on
l’appelle depuis la croix des mariages.
Lavours, près de Culoz (01350)
Quant au charmant village de LAVOURS, qui mériterait quelque flânerie dans ses ruelles, il est dans une zone de marais, à la
suite des glaciations.
Je cite la znieff (type I n°01210001) : « Certains secteurs cependant comme la plaine de
Lavours, ont gardé l’aspect d’un lac après le retrait des glaciers. Le lac de Lavours fut rapidement comblé par les alluvions du Rhône et du Séran et par des dépôts de tourbe. Face à la
Chautagne, c’est l’un des derniers grands marais continentaux de l’Europe de l’ouest. » Mais peut-être y retournerons-nous pour voir, après les fritillaires pintade, le Liparis de
Loesel, des rossolis et trois espèces d’utriculaires ?
Unique, rare et éphémère la fritillaire pintade ou Fritillaria meleagris est une liliacée. Les
feuilles sont plus ou moins arquées, d’un vert glauque, étroites, alternes. Les fleurs solitaires rarement par deux, toujours penchées, pourpres panachées en damier rose blanchâtre sont
inoubliables.
Plus modeste la primevère élevée (Primula eliator), s e tient au bout du champ, ne pas la confondre avec les coucous (primula veris) ou avec
l’hybride entrela primevère acaule et le coucou.
La fleur de la primevère élevée est jaune clair et plus ouverte, les pétales ne sont pas marquées d’orange, le calice est
moins renflé et anguleux.
Primevère élevée
:
Coucou :
Primevère acaule, la plus connue
des primevères :
Jean GUHL
Merci à Sylvie SERVE pour ses précisions botaniques
Ne manquez pas de visiter la réserve naturelle des marais de Lavours
Photos de Jean et d’André, voir l'album photos "Cessens et Lavours"