Nomenclature en botanique
Sur ce blog, nous vous parlons de plantes avec ou sans fleurs, récemment l’angélique ou la vergerette. Nous parlons d’arbres aussi, le frêne ou le genévrier. Nous avons cité de nombreux noms en latin, Angelica sylvestris, Erigeron annuus, Fraxinus excelsior, Juniperus communis et des noms de familles les Apiacées, les Astéracées ou les Oléacées…
Nous avons abordé quelques familles en compagnie de JJ ROUSSEAU, les Brassicacées (voir l’article de Joanny novembre 2013) mais aussi les Fabacées ou les Lamiacées. (Voir les articles de Jean, Août, septembre, novembre et décembre 2012).
Il serait peut-être intéressant de faire un petit rappel de l’origine de ces noms et de la structure de la classification en botanique.
Historiquement, le nom des plantes a été attribué en fonction de divers critères. Sont utilisés quelques fois les propriétés médicinales par exemple le pissenlit est diurétique d’où son nom français.
On utilisait aussi la forme des feuilles, le « dent de lion », autre nom du pissenlit, a une forme de feuille très découpée. Ou leurs caractéristiques diverses, avec parfois un certain humour, les ruines de Rome poussent dans les murs. On utilise aussi gants de Notre Dame pour la digitale dont les fleurs ont la forme de doigts etc….
Mais tous ces noms folkloriques plus ou moins poétiques dépendent aussi des régions, des pays, des langues et n'ont aucune logique entre eux.
Ces noms s’appellent noms vernaculaires.
Au XVIIIème siècle, le naturaliste suédois Carl von LINNE (1707-1778) est venu dans le monde scientifique exactement à son heure : au moment où, submergés sous les envois d'espèces nouvelles venues des lointains tropiques, les botanistes, et dans une moindre mesure les zoologistes, en arrivaient à ne plus savoir de quoi ils parlaient, Linné leur a fourni un ordre et un langage.
Nous nous intéresseront seulement à la botanique.
LINNE a montré qu'il suffisait de 3 noms -la famille, le genre et l'espèce- pour caractériser un sujet dans tout le monde végétal. Le nom de famille est optionnel car ce qui fait le caractère unique du nom est la combinaison des deux termes, le genre et l’espèce.
Le nom du genre, le premier des deux noms, est partagé par toutes les plantes de ce genre, mais l’adjectif qui suit, l’espèce, rend la combinaison unique : il n’y a qu’une Angelica sylvestris, d’autres Angelica existent. De même l’adjectif qui suit, peut être utilisé pour d’autres genres.
On arrive à la nomenclature dite « binomiale » ou «binominale», celle qui permet de ne prononcer que deux mots pour désigner sans ambiguïté une plante unique.
Exemples :
- L’angélique Angelica sylvestris, doit son nom vernaculaire à ses prétendues vertus magiques, son nom de genre en latin, Angelica n’est pas unique puisqu’il existe Angelica archangelica…… sa « cousine » cultivée ; son nom d’espèce, sylvestris, signifie « des forêts » de nombreux genres sont suivis de ce qualificatif, Dianthus sylvestris, Tulipa sylvestris etc……………
- Le genévrier, Juniperus communis, genévrier a une racine celtique, communis, commun, est très….. commun, Mirtus communis, Tamus communis……………..
Les deux noms ont été choisis en latin, langue universelle à l'époque. On notera que ce vocabulaire ressemble parfois à du latin de cuisine, mais il a l'avantage de nommer toutes les plantes connues ; certaines d'ailleurs, assez rares ne sont répertoriées que par un nom latin. Le nom de la famille s’exprime en latin ou en français.
P.S. : convention d’écriture : nom de genre avec une majuscule, genre et espèce en italique.
Bellis perennis
plus connue sous le nom de...... paquerette
Et les Familles dans tout ça ………………
Le souci de classer l'ensemble des végétaux est né très tôt, dès l'Antiquité. Théophraste est le premier à clairement différentier le règne animal du règne végétal. Dans son Histoire des plantes (ou Recherches sur les plantes, Historia plantarum), il recense les principales plantes connues.
La classification de Carl von Linné repose sur l'appareil reproducteur des plantes (pistil et étamines), il a surtout mis en place la nomenclature binomiale, au lieu des grandes phrases qui décrivaient un végétal auparavent.
Apparaît au cours du XVIIIème siècle avec les travaux de Buffon et des de Jussieu, avant la théorie de Darwin sur l'origine des espèces, l'idée d'évolution des espèces végétales. De nombreux botanistes reprennent ces idées et proposent des classifications dites naturelles, qui utilisent de nombreux critères pour comparer les plantes entre-elles.
Puis d’autres classifications sont proposées au cours du XIXème siècle comme par exemple celle de Bentham et Hooker. Le XXe siècle voit aussi la parution de nombreuses classifications (par exemple la classification de Wettstein) mais l’une des plus importantes est celle d'Arthur CRONQUIST en 1981, (The Evolution and Classification of Flowering Plants).
En 1998 apparaît la première classification APG, Angiosperm Phylogenetic Group pour les plantes à fleur (angiospermes), dont nous vous avons déjà parlé (article de Joanny février 2014, Arabidopsis thaliana). L’APG est une classification phylogénique basée sur l'analyse des séquences d'ADN.
Cette classification est de plus en plus utilisée. Elle a fait l'objet de deux mises à jour (APG II2 en 2003 et APG III3 en 2009). Basée sur la phylogénie elle est cependant plus complexe et conduit parfois à des regroupements différents des classifications précédentes (par exemple, le genre Veronica appartient aux Plantaginaceae dans la classification APG et aux Scrophulariaceae dans celle de CRONQUIST,...).
Nos différents articles tiennent compte, autant que faire se peut, des deux sortes de classifications.
Merci à Sylvie et Jean pour leur aide, et merci à internet aussi….
Christianne
- APG Group, An ordinal classification for the families of flowering plants. Annals of The Missoury Botanical Garden, 1998, 85 (4), 531-553.
- APG Group, An update of the Angiosperm Phylogeny Group classification for the orders and families of flowering plants: APG II. Botanical Journal of the Linnean Society, 2003, 141, 399-436.
- APG Group, An update of the Angiosperm Phylogeny Group classification for the orders and families of flowering plants: APG III. Botanical Journal of the Linnean Society, 2009, 161, 105-121.
- Arthur CRONQUIST, 1981, An Integrated System of Classification of Flowering Plants, Columbia University Press, New York.
P.S. :
Le premier ouvrage français à avoir utilisé la nomenclature binominale est un catalogue des espèces cultivées au jardin botanique de Montpellier,
l'Hortus regius monspeliensis du botaniste Antoine Gouan (1733-1821).
Voici le portail d'entrée du jardin botanique de Monpellier,
le premier ouvert en France.