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histoire et legendes

La fougère des fleuristes

Publié le par Entre Semnoz et Chéran

Jean TRAVERS nous a déjà parlé de Laurent RASSAT, instituteur à Gruffy en 1875 et de sa découverte dans le Semnoz du buplèvre à grande feuille.


Aujourd’hui il nous raconte un épisode de la vie de son père Henri TRAVERS, celui qui fit don au Musée d’Histoire Naturelle de Gruffy d’un magnifique herbier.

 

La fougère des fleuristes


 « Au début du siècle dernier, les cyclamens sauvages et parfumés qui jouent à cache-cache dans les sous-bois depuis les premières pentes du Semnoz jusqu’aux rives du Chéran ont permis à certaines familles modestes un revenu non négligeable. Le village d’Allèves s’était fait une spécialité dans la cueillette, le conditionnement et la vente des bouquets acheminés ensuite vers Paris. Ce commerce mettait en concurrence certaines familles, concurrence exploitée par les intermédiaires qui fournissaient les fleuristes parisiens.

 

Cyclamens

 

A Gruffy, la famille de François TRAVERS avait découvert une autre source de revenus fournie par la forêt : une fougère qui entrait dans la composition des bouquets d’hiver pour décorer les appartements parisiens. Pas la fougère commune qui devient rousse au début de l’hiver mais le Polystic à frondes soyeuses, connu aussi sous le nom de fougères des fleuristes. Précisément c’était les fleuristes qui s’intéressaient à ces plumets vert foncé, à l’aspect vernissé. Pour l’année la plus favorable, ce n’est pas moins de 30 000 tiges de fougère qui furent soigneusement rangées dans des cartons pour expédition.


 

Contrairement aux cyclamens, il n’y avait pas de concurrence dans le domaine de la fougère. Les enfants de François, André et Henri avaient pour consigne de garder secrètes leurs longues escapades dans la forêt du Semnoz et surtout leur but. La cueillette les conduisait jusqu’à la limite des arbres, là où la pente très prononcée butte contre la base de la grande falaise. Il leur arrivait même de prospecter les failles et les vires de cette grande muraille qui se déploie du Jarou au Goléron et du Goléron aux Fours.

 

polystic2


Ce n’était pas tâche facile car ils étaient chaussés de chaussures à semelle de bois. Le retour se faisait à la tombée de la nuit par souci de discrétion ; non pas que cette cueillette fut prohibée mais pour ne pas dévoiler cette source de revenus qui permit aux trois enfants du couple de poursuivre des études supérieures.

 

Mon père Henri avait gardé un souvenir émerveillé de ces sorties. Peut être son amour de la nature et des plantes en était-il une conséquence ? 

 

                                                        Jean TRAVERS 3 décembre 2010.

 

Photo de cyclamens de Mireille et illustration fournie par le réseau Tela Botanica (Carnet en ligne)

Publié dans Histoire et légendes

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Saint Maurice

Publié le par Entre Semnoz et Chéran

En attendant les premières fleurs du printemps, un petit peu d'histoire locale....

 

SAINT MAURICE....

 

MAURICE : du latin Maurus = Africain (brun comme un Maure)- prénom latin : Mauritius

 

 

La Légende :

  Vers 280-300, Maurice et ses compagnons égyptiens, peut être  noirs, appartenaient à une légion thébéenne (de Thèbes en Egypte) et étaient chrétiens. Transférés par l’empereur romain en Gaule,ils reçurent l’ordre de tuer tous les montagnards qui vivaient près d'Octodurum (de nos jour Martigny ) au Nord des Alpes car ces peuplades étaient déjà converties, grâce à Saint Materne . Leur refus fut la cause du célèbre martyre. Ils furent « décimés » : on exécute un soldat sur 10 et on propose aux survivants de renier leur foi, après un deuxième refus, on exécute encore 1 sur 10. Et ainsi de suite, jusqu’au dernier. 

 

Les sources :

St EUCHER –évêque de Lyon en 449 – est le seul à en parler « Comme on les avait chargés de persécuter une multitude de Chrétiens, ils furent les seuls à oser condamner cette mission de cruauté, ils refusèrent d’obéir à des ordres pareils... », ce qui leur valut d’être tous tués.

D’après des traditions orales dues à ISAAC, évêque de Genève, qui les avait lui-même apprises de THEODORE, évêque d’Octodorum. Ce Théodore, contemporain de St AMBROISE, vécut 1 siècle environ après ces événements, ce qui fait dire à d’aucuns que Maurice et ses compagnons seraient simplement légendaires.

 

La religion :

St MAURICE d’AGAUNE (dans le Valais) est fêté le 22 Septembre. Il est célébré dans le Propre des Saints (célébrations liturgiques propres à un saint, à un lieu, à un temps) d’Angers, d’Annecy, de Chambéry, de Maurienne et Tarentaise, de Grenoble, de Lyon, de Strasbourg. En France, 500 églises furent dédiées à St Maurice.

St MAURICE est souvent représenté comme un Maure ; à cause de la couleur de sa peau il est le saint patron des teinturiers. Se placent sous sa protection : des ordres de chevalerie, les fantassins et, « last but not least », la garde suisse pontificale !

 Dans le  « Dictionnaire des Prénoms,.... »  de Nadine Crétin (Perrin)

 

La croix tréflée dite de  St Maurice comporte 4 branches égales terminées en forme de trèfles.

croix treflée

Cela ne vous rappelle rien, cette petite croix ???



Croix de Savoie-copie-1

oui, peut être!

 

 

L’histoire :

Elle se place sous Maximilien ou lors de la persécution de Dioclétien (environ 302). Puis Théodore I construit une basilique à ces martyrs dont il venait de découvrir les reliques en Suisse (Valais). En 515, le roi burgonde et premier roi-saint chrétien au Nord des Alpes, (St) SIGISMOND fonde à Agaune, près de Martignyl’abbaye de St MAURICE. Le village deviendra plus tard St Maurice. Richement dotée dès l’origine, l’abbaye attire de nombreux fidèles. Au IX° siècle, elle accueille des chanoines réguliers de l’ordre de St AUGUSTIN. « Guide Vert de la Suisse »- Michelin. C’est la plus ancienne abbaye d’Europe.

 


La petite ville de St Maurice est dans un site pittoresque dominé à l’ouest par les Dents du Midi et à l’est, par la Dent de Morcles, au débouché d’un défilé du Rhône. C’est donc l’ancienne Agaune (du celte « acauno » rocher), principale bourgade des Nantuates.


Le culte de St Maurice s’est repandu rapidement grâce aux Burgondes et son rayonnement dans le monde chrétien est incontestable. Le légionnaire noir à la lance est devenu le modèle par excellence des chevaliers fidèles à leur foi.

St Maurice à Magdebourg

 

Saint Maurice, statue conservée dans l'Eglise Ste Catherine et Maurice, à Magdebourg.

St Maurice le martyre par Le GRECO

 

Tableau du Greco, "Le martyre de St Maurice", refusé par Philippe II pour son palais l'Escurial !

 

Eglises dédiées à St Maurice dans les Savoies, source  « Les Chemins du Sacré », de Raymond Ourcel, Fontaine de Siloé :

 

Alby- sur- Chéran

Annecy, église paroissiale, quelques photos :

St Maurice la facade

St Maurice le clocher

St Maurice l'interieur 


 

Le Bourget du Lac

Brens

Chamousset

Ecole en Bauges :

détruite par l’incendie du village en 1777, était réputée être la plus ancienne des Bauges ; reconstruite dès l’année suivante, son aspect actuel date de 1919-1929. 1928 pose du vitrail de St MAURICE/ à l’avant chœur : un tableau ancien représentant St MAURICE, la croix tréflée est présente dans la déco de toute l’église... (dans la  « brochure » disponible dans l’église)

 

Ferrières

Feissons-sur- Salins

Les Ollières

Salins

Serrières

Talloires

Thônes

Thorens

 Et bien sûr : Bourg St Maurice

 

  

Et Gruffy, dans tout cela ?

 

Terre d’occupation très ancienne (âge de fer), on y découvre en 1863 une trace précoce du Christianisme : une plaque de marbre, surmontée d’une croix qui comporte l’inscription : »Hic r(esquiescit) fil(ius) suos Altheus in pace » ; or, un Althéus sera évêque de Sion (Valais) au début du VIII° siècle. On trouve, aussi, un cimetière probablement burgonde (dans  « Dictionnaire des Communes de Haute Savoie)

 

Quant aux Burgondes....

 

Peuple germanique établi à l’origine sur les rives de la Baltique et dans l’île de Bornholm (Burgundarholm), puis entre la moyenne Vistule et l’Oder. Au III° siècle, ils émigrèrent vers le Main, au V° siècle ils ont un royaume étendu sur la rive gauche du Rhin qui fut détruit en 436 par les Huns. Le reste des Burgondes s’établit en 443 dans la haute vallée du Rhône (cf. Valais). Profitant de l'effondrement de l 'Empire romain d'Occident , les Burgondes fondèrent un vaste royaume qu'ils développèrent, en communauté avec les Gallo-Romains anciens possesseurs du sol, sur la Suisse romande   actuelle et le quart sud-est de la Gaule. Cette entité territoriale, fruit de la fusion réussie des deux ethnies Burgondes et Gallo-Romaine, reçut le nom de Burgondie, (Burgondia), royaume appelé aussi le regnum Burgundiæ, dont est issu le nom de Bourgogne , qui subsiste de nos jours. Ils se convertirent au Christianisme mais le royaume burgonde fut ensuite annexé à l’Empire Franc après la défaite et la mort de Godemar II en 534 (référence : dans « Dictionnaire d’Histoire Universelle » de Michel Mourre).

                                                                                                   

                                                                                                       Jean 

 

 

 

et voilà, si vous avez des remarques, des renseignements ou des contestations, n'hesitez pas à nous faire des "commentaires" merci.

                                                                                                     Christianne

Publié dans Histoire et légendes

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