Darwin III,

Publié le par Entre Semnoz et Chéran

ou plutôt   " Après DARWIN"

 

Pascal PICQ, paléontologue français né en 1954, écrit :

« Charles Darwin n’a jamais occupé de poste universitaire [...] il travaillait chez lui, dans le bureau de sa maison de Down.. Cependant, il était membre à part entière de la communauté scientifique car il respectait deux conditions fondamentales :

Soumettre ses travaux au regard et à la critique de ses collègues et surtout, passer l’épreuve d’initiation qui s’appelle la thèse »

« La recherche est une œuvre collective. Il n’existe pas de génie isolé. Newton était entouré de génies ; Lamarck était entouré de génies ; Darwin était entouré de génies ; Einstein était entouré de génies... Mendel, lui, ne l’était pas, et son œuvre est restée ignorée pendant des dizaines d’années... »

Cependant, c’est Gregor MENDEL (1822-1884) qui le premier entrevoie le comment de la sélection naturelle. Moine tchèque passionné de botanique, il met au point des expériences afin de résoudre le mystère de l’hybridation chez les végétaux.

Gregor MENDEL (wikipedi.org)

Gregor MENDEL (wikipedi.org)

Isolé dans son monastère, il élabore ses lois sur la transmission héréditaire (fondement de la génétique) au moyen d’expériences sur le petit pois.

 

Selon les lois de Mendel, le mâle cesse d’être l’élément dominant de la reproduction, les 2 sexes contribuent, à part égal, à la formation de la graine. L’hybride qui en résulte n’est pas un mélange des deux : le caractère dominant est celui qui s’impose dans l’hybride. Le caractère récessif peut ressurgir chez les descendants des hybrides (ex. yeux bleus).

Darwin III,

Il expose et publie les résultats de ces études en 1865 dans un article intitulé : Recherches sur des hybrides végétaux. Après dix années de travaux minutieux, Mendel a ainsi posé les bases théoriques de la génétique et de l’hérédité moderne. Mais son travail passe pratiquement inaperçu.

 

C’est au  début du XXe siècle, que le Néerlandais Hugo de Vries, l'Allemand Carl Erich Correns et l'Autrichien Erich von Tschermak redécouvrent de façon indépendante les lois de l'hérédité, et reconnaissent en Mendel leur découvreur. Cette reconnaissance tardive (près de 35 ans après la publication de Mendel) aurait été mise en avant afin de n'accorder aucune prééminence à l'un des trois botanistes qui ont publié presque simultanément sur le même sujet.

Mais MENDEL ne connaissait pas la cellule et le reste de l’infiniment petit.

Si en 1911 on découvre les gènes, unités du patrimoine héréditaires susceptibles de varier, il faut attendre WATSON et CRICK pour découvrir la molécule d’ADN en 1953.

Les progrès de la microscopie optique puis des techniques de biologie moléculaire ont permis la localisation de ces gènes au sein des noyaux des cellules, le support de l'information génétique étant de longues molécules d'acide désoxyribonucléique, l'ADN, appelées chromosomes.

Image empruntée au site ci-dessous

Image empruntée au site ci-dessous

En 1965, les Prix Nobel JACOB et MONOD montrent l’interaction entre les gènes et le milieu (régulation génétique).

 

La carte du génome humain est publiée en 1993 par le laboratoire du Généthon.

Mais cette carte de l'ensemble du matériel génétique humain et les différentes séquences du génome ont failli devenir propriété privée. C'est en 1995 que sur Internet, un groupe de chercheurs  scandalisés par le dépôt de brevets sur des séquences aux USA publient leur manifeste.

Grâce au CIB de l'UNESCO (Comite International de Bioethique) et à la Déclaration Universelle sur le génome humain et les droits de l'homme, le génome et sa carte restent depuis 1997, dans le domaine public, ouvert à toute recherche scientifique pour le bien universel de l’humanité.

Que serait-il arrivé si Darwin avait réservé ses théories à un cercle restreint de privilégiés ?

La génétique retrouve l’importance de la notion de sélection naturelle ; grâce aux instruments modernes, le rôle des chromosomes, puis le séquençage des génomes vont conforter l’histoire évolutive des espèces.

En conclusion, laissons la parole à une personne bien plus compétente pour parler de l’évolution :        

Yves COPPENS       

Darwin III,

« On parle toujours beaucoup d’évolution ; on se demande comment par exemple l’espèce humaine a évolué, ce qui a joué dans le développement de son cerveau. Dans cette histoire, deux grands noms s’imposent : Lamarck et Darwin : Lamarck vivait à cheval sur le XVIII° et le XIX° siècle ; Darwin au milieu du XIX° siècle. Jusqu’ici la communauté scientifique semblait plus proche de Darwin que de Lamarck. Et voilà que Lamarck pourrait reprendre du galon si on en juge par le titre, et la diffusion sur ARTE, d’une émission intitulée Le Retour de Lamarck.
Il faut savoir que la transmission des caractères est une transmission génétique, ce que d’ailleurs ne savait pas Darwin. En revanche, Darwin avait bien compris que les caractères étaient aléatoires, c'est-à-dire qu’ils apparaissent au hasard et que c’était la sélection, la sélection naturelle, qui retenait certains caractères plutôt que d’autres. Voilà pour la génétique. Mais, au–delà de la génétique, il y a l’épigénétique, c'est-à-dire l’acquis : chacun de nous a un rapport différent à l’environnement, et c’est la raison pour laquelle deux jumeaux (ou bien deux clones) qui ne vivent pas ensemble deviendront différents au fil des années. Cet acquis, par définition, ne se transmet pas, quoique... J’ai vécu beaucoup sur le terrain, et j’ai toujours été très impressionné par le fait que lorsqu’un changement climatique survenait, beaucoup d’espèces se transformaient et s’adaptaient dans le « bon » sens. Comme par hasard, il y a donc une influence de l’environnement que l’on n’a pas encore bien saisie, mais qui doit être très importante et qui pourrait se transmettre. La réponse est peut-être à trouver dans la multiplication des mutations (aléatoires) aux moments de stress, ce qui, évidemment, change les conditions du hasard. Ni Lamarck donc, ni tout à fait Darwin, mais une certitude : l’évolution n’est plus une théorie. »

Éditions Odile Jacob 2010 Evolution (chronique du 19.03.2007) :

Et voilà, c'est fini !

 

Merci à Jean pour son passionnant travail de recherche et pour la rédaction de ces articles sur DARWIN.

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