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Les colchiques

Publié le par Entre Semnoz et Chéran

Le colchique d'automne, Colchicum autumnale L. (Syn. Colchicum multiflorum Brot.), est un colchique du genre colchicum. Il appartient à la famille des Liliacées  selon la classification classique.

La nouvelle classification dite classification phylogénétique (étude du génome), le place dans la famille des Colchicacées.

 

Remarque : ce n’est que très récemment que le colchique d’automne, attribué à Linné a changé de nom. Il semble que le Colchicum autumnale de Linné corresponde en fait à la description du colchique des Pyrénées, Merendera montana.

 

Colchique 1

 

Description :

 

C'est une plante vivace, assez basse, à corme (nom masculin, organe de réserve souterrain ayant l'aspect d'un bulbe mais formé d'une tige renflée, entourée d'écailles). C’est une plante très répandue de l’étage collinéen à l’étage montagnard. Le colchique « aime » les prés, les prairies de fauche et pousse sur terrain assez riche en nutriments. 

 

Il présente la particularité d'avoir deux apparences très différentes :

  • En automne, seules les fleurs apparaissent, au niveau du sol.

Elles sont formées de 3 pétales roses lilas et 3 sépales… roses lilas et de même aspect. Ce sont donc 6 tépales.

3 styles (style : extrémité de l’ovaire), 1 stigmate recourbé (stigmate : extrémité du pistil fixant le pollen)

 

colchique 2

  • Au printemps, ce sont les feuilles lancéolées et larges qui apparaissent entourant les fruits issus des fleurs de l’année précédente.


colchique 3

 

 

Ces fruits sont de grosses capsules ovoïdes formées d'abord sous terre.

 

colchique 5

 

Noms vernaculaires : colchique d’automne, safran des prés, safran sauvage…En Savoie, deux noms populaires différents étaient attribués au colchique :

en automne (en fleurs) boké dë la mizèra et au printemps (feuilles et capsule), vassërèla (Meilleur, 1985). 


Toxicité

La toxicité du colchique était déjà connue du temps de Dioscoride (médecin Grec, 40-90 après J.C.) qui notait que “l’ingestion du bulbe tue par suffocation, comme les champignons”…


Toute la plante, mais surtout les graines, contient un alcaloïde très toxique, la colchicine. L’ingestion provoque une gêne à la déglutition, des troubles digestifs, des crampes musculaires, de l’hypotension puis des troubles respiratoires pouvant conduire à la mort plusieurs jours après l’intoxication.

 

Elle fut employée pour soigner la goutte mais sa toxicité rendait son emploi difficile.

Les graines du colchique d’automne, aux propriétés anti-inflammatoires, étaient encore listées dans la 9e édition de la pharmacopée française pour le traitement curatif de la crise aiguë de goutte. Un dérivé préparé par hémisynthèse, le thiocolchicoside, est employé comme myorelaxant.

 

Flora batavia

“Flora batava”(1872)-KOPS & al.

attention danger

Anecdotes (si on peut dire !) :

 

Le genre Colchicum vient du grec kolkhikon, originaire de la Colchide, région de la Géorgie actuelle, car c’était la patrie de Médée, magicienne experte en poisons tels que les colchiques !

Il fut un temps où les jouets étaient souvent fournis par la nature. Dans la capsule du colchique d’automne, les graines cliquettent. Il arrivait que des enfants cueillent des capsules, qui devenaient entre leurs mains des hochets assassins.

 

 

 

Il a un cousin !!


 Notons qu’une autre sous-espèce très rare en Savoie, le colchique des Alpes, Colchicum alpinum subsp. merenderoides  a été signalée la première fois au Pas du Roc (Haute Savoie) par les botanistes savoyards Eugène Perrier de la Bâthie et André Songeon. Cette plante est endémique de la Savoie et n’existe pas ailleurs en France ! Elle diffère de la sous-espèce type par son écologie (pelouses calcaires à l’étage montagnard) et ses feuilles linéaires et ondulées (Delahaye T., 2004). Stigmate en forme de massue.

 

Dorénavant, lorsqu'au printemps vous découvrirez un champ comme celui-ci, vous saurez qu'il ne s'agit pas de... tulipes mais de...... colchiques.

 

colchique 8

 

 

                                             Christianne "tuteurée" par Sylvie.

 

Photos Sylvie et Christianne

 

 

 

Publié dans Flore

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2011 Année internationle de la forêt

Publié le par Entre Semnoz et Chéran


CO2 Mon Amour / Denis Cheissoux Samedi 14h sur France Inter !

 

« Promenons-nous dans les bois, temps que le spéculateur n’y est pas ! »

 

Un samedi du printemps, Denis Cheissoux  commençait son émission hebdomadaire par un billet sur la forêt, billet qu’il a publié sous une  forme légèrement différente dans le numéro de février de Terre Sauvage, p.89. Je lui préfère celui des ondes  (retranscrit  par mes soins) :


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La grande Bretagne vient de faire un changement radical  (à 180°) de politique concernant la privatisation programmée de la gestion des forêts de la Couronne, par la bouche de la Secrétaire à l’Environnement, Ms Spellman. Elle y renonce, et ceci sous la pression indignée de petit peuple britannique si attachée à ses forêts, et la Forêt de Sherwood (Robin Hood-  Robin des bois !) ne sera pas ’transformée en parking’ et ses chênes séculaires ‘transformés en cure-dents ‘!


 Denis Cheissoux donne la parole à la FORET :


« Je vous accueille à branches ouvertes, venez cueillir des histoires, car c’est dans les forêts que germent les graines de livres. On y récolte des Chevaliers de la Table Ronde, des Merlin, des Viviane, des ogres dévoreurs mais néanmoins nécessaires quand les enfants d’aujourd’hui veulent devenir traders. On y récolte aussi des beaux sapins, rois des forêts, que j’aime ta verdure...


Forêt au pied du Pic du Jalouvre, côté Petit Bornand-les-Glières

 

ARBRES 0096 [1024x768]

 Ecoutez-moi mes amis : je fais tout pour vous plaire, moi la forêt. Je chauffe vos foyers, je charpente vos cottages, je fabrique vos journaux qui parlent de déforestation, je nourris vos imprimantes gourmandes et immatures ; je vous donne un châtaignier, à manger, à glander. Je retiens la terre, je retiens la nuit, je filtre l’eau de vos carafes, je cache mes maquisards, j’écoute tous les matins les partitions des oiseaux. J’abrite, comme un trésor, les derniers peuples isolés. Mais jusqu’à quand vais-je résister ?

 

Forêt près du lac Noir au pied du Granier


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Je suis un univers à moi toute seule ! Chlorophylle mon amour, cela fait des millions d’années que je carbure à l’énergie solaire, je suis une spécialiste du zéro déchets : dans mon ventre peuplé d’insectes et d’humus, je recycle en silence feuilles mortes, bouts de bois, et tout le reste : je reconstruis la vie.


"Au pied de mon arbre, je vivais heureux"

 

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Alors cette année on m’a mis à l’honneur, dans les colloques mondiaux où on s’inquiète de mon sort, et on n’a pas tort : pour peu que j’ai du pétrole ou de l’or sous mes racines, c’en est fini de moi ! Sachez me cueillir juste, ne sciez pas la branche sur laquelle votre civilisation est assise, car si vous m’éliminez, c’est vous qui disparaîtrez ! Je suis un modèle de patience, venez me voir : je vous enseignerai l’art de prendre le temps, de ne pas aller vite. Les soirs de vieille lune je donne mon meilleur bois pour les stradivarius, et les jours d’éléments déchaînés, je suis une harpe qui apprivoise les vents.

 

Un des arbres du jardin des Charmettes, chez Mme de Warens


2011 29.09 (17) [1024x768]

Entrez en moi, venez abriter vos rêves, je cache mes amoureux, je fais des gens heureux, moi qui ne sais pas lire ni écrire. J’attends vos mots, vos paroles ; venez lire mon avenir dans les lignes de mes feuilles, et moi je vous donnerai ce qu’il faut pour écrire le vôtre. »

 

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                                                                                             Jean Guhl


Photos de Michel (le Breton), Yvette (de Faverges) et Christianne (d'Annecy)

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Entre Semnoz et Chéran IV

Publié le par Entre Semnoz et Chéran

Suite de la conférence de Denis JORDAN, éminent botaniste Haut Savoyard,

conférence organisée par le Musée d'Histoire naturelle de Gruffy,

le 15 juin 2011 

 

 

Et nous voici au bord du Chéran

 

Le chéran

 

Le Chéran, coulant entre ses parois de molasse, est de belle qualité biologique : apparaît l’amélanchier à feuilles ovales, la potentille caulescente (P. caulescens) qui ancre ses tiges solidement dans une fente de rocher.


 Potentille caulescente :

AAA Pot cau

On y trouve aussi la globulaire à feuilles en cœur,


Globulaire à feuilles en coeur :

Glob cordifolia


l’épervière à feuilles embrassantes, la saxifrage paniculée (Saxifraga paniculata) et la fougère des fontaines (Asplenium fontanum),


Fougère des fontaines :

A asplenium fontanium

 le grémil pourpre bleu (Lithospermum purpurocaeruleum), que nous avons déjà rencontré dans le canton de Seyssel.


La hêtraie descend dans la ravine, avec l’if, la dentaire (ou cardamine) à 7 folioles (Cardamine heptaphylla), le cyclamen aux feuilles rondes (C. purpurascens), la sauge glutineuse, la gesse du printemps, l’ancolie, le lys martagon, la laîche digitée (Carex digitata), le polystic à dents sétacées (Polystichum setiferum), fougère qui pousse dans les forêts.

Et des orchidées aussi : céphalanthère à longue feuilles (Cephalanthera longifolia), néottie nid d’oiseau (Neottia nidus-avis).


Cephalanthére à longues feuilles :

BCephalanthera longifolia 01

 

B Cephalanthera longifolia 02


Néottie-nid-d'oiseau :

B neottia nidus-avis 2 [1024x768]

B neottia nidus-avis 1 [1024x768]


Une petite pinède abrite la coronille émérus arbrisseau (Hippocrepis emerus), la céphalanthère rouge (C. rubra)


Cephananthère rouge :

cephal rubra

 

et le géranium sanguin. Deux plantes à fleurs protégées : le laser de Prusse (Laserpitium prutenicum – en Rh.-Alpes) et l’aster amelle (Aster amellus) protection nationale.


Dans le chaos du Chéran, on trouve des fleurs descendues de « là-haut », d’altitude : l’érine des Alpes et le saxifrage aïzoon ou saxifrage paniculé (Saxifraga paniculata).


Saxifrage paniculé :

AA Sax pan

 

S’y trouve aussi des fougères (Asplenium s.p.) et encore une fois, l’inule de Suisse ! Un arbuste, le saule blanchâtre (Salix laggeri) et avec lui au bord du torrent le pétasite (Petasites hybridus) et le chérophylle hérissé (Chaerophyllum hirsutum agg.).

 

Mais si des plantes descendent de la montagne, d’autres se servent de la voie naturelle de pénétration que représente le Chéran pour remonter et envahir : l’impatience de l’Himalaya, la renouée du Japon, (dont nous vous avons déjà parlé).

 

                                                            Jean GUHL

 

 

 

 

Vous trouverez un article et des photos de la renouée du Japon sur ce blog.


Le pont de l'abîme et le Chaos du Chéran :

Le pont fut édifié en 1888 par l'ingénieur des Ponts et Chaussées, Ferdinand ARNODIN. Il s'agissait alors de remplacer une passerelle qui se situait deux kilomètres en aval au fond de la vallée.

Cet ouvrage métallique est à suspension amovible, d'une portée de 72.60 m et culmine à 96 m au dessus du Chéran.

 

 

 

le chaos du Chéran


  Retrouvez l'histoire du pont de l'abîme sur le site :

 

 

photos.piganl.net/2010/abime/abime.html


et pour la balade, voyez ce plan car quand il fait chaud, c’est parfait !

 

balade Chaos du chéran 

 

Photos Nicole, Sylvie et Christianne


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Entre Semnoz et Chéran III

Publié le par Entre Semnoz et Chéran


Suite de la conférence de Denis Jordan – Musée de Gruffy 15 Juin 2011-

  

Nous voilà arrivés dans les zones humides :

 

Toutes les communes au pied du Semnoz ont des zones humides (sauf Gruffy – encore qu’il y a bien un petit marais de pente.....). Si Viuz possède beaucoup de petits marais/gouilles et de marais de pente, Cusy se targue de deux marais plus explorés : Meurat et les Mièges. Dans ces zones humides, une flore typique s’y développe, comme les formations de jonc à feuilles obtuses (Juncus tenageia).


 Ces biotopes très spécifiques sont mal connus et mal aimés du grand public :


« Ils hébergent des miasmes, des fièvres, des feux follets (méthane)  et des nuisibles (moustiques), sont un gâchis de terres potentiellement cultivables ou constructibles…… »


Cependant ils s’y trouvent de nombreuses plantes protégées (Rhône-Alpes) :

Le séneçon des marais (S. palustris) et le séneçon aquatique (S. aquaticus), l’œillet superbe (Dianthus superbus)


Dianthus superbus :

Dyanthus superbus


l’inule de Suisse (Inula helvetica) et l’épipactis des marais (E. palustris).  


Epipactis des marais

E pipastis palustris 3

 

Epipactis palustris 4


Dans un bas marais calcaire pousse la linaigrette à larges feuilles (Eriophorum latifolium)

 

eriophorum.latifolium

 

On y trouve aussi la grassette vulgaire (Pinguicula vulgaris) et  le drosera d’Angleterre ou rossolis à longues feuilles (Drosera anglica) – à ne pas confondre avec Drosera rotundifolia qui pousse dans les marais d’altitude- et son hybride D.anglicaXrotindifolia.


L’utriculaire (s.l.) très minuscule et difficile à voir, a une floraison capricieuse et se nourrit par ses feuilles submergées et munies de vésicules, lesquelles piègent les microorganismes de l’eau. Elle n’a pas de racine !


Voici le trèfle d’eau (Menyanthes trifoliata) aux fleurs blanches en grappe, qui n'a de trèfle que le nom et des feuilles à trois folioles,  le voilà

Menyanthes trifoliata

 

Menyanthes trifoliata 2

 

Menyanthes trifoliata 3

 

Il nous amène aux orchidées (une fois encore, mais pas les mêmes !!) le liparis de Loesel du marais des Mièges (protection européenne), l’orchis des marais (O. palustris – protégé Rh-Alpes).

 

Les marais exigent une certaine gestion sous peine de boisement assez rapide : le saule cendré, à la silhouette en boule si caractéristique, est le pionnier suivent ensuite divers buissons. Alors, le marais n’offre plus d’intérêt botaniquement et lorsque le solidage géant  (Solidago gigantea) apparaît, la mort du marais est imminente!


Solidago canadensis 002 Sentier du Chéran redimensionner

 


                  Jean GUHL


 à suivre........


Photos d'Isabelle, Jacques et Christianne.

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Entre Semnoz et Chéran II

Publié le par Entre Semnoz et Chéran

Suite de la conférence de Denis Jordan – Musée de Gruffy 15 Juin 2011-

 

Après les milieux boisés, sujet de notre précédent article, nous voici dans "Les prairies et pelouses à caractère naturel"

Quelques photos des paysages de Gruffy au printemps :


54 gruffy le village le semnoz

 

52 Gruffy

 

53 gruffy depuis la Tour


Tel un promeneur sur le terrain, nous passâmes au deuxième milieu, les prairies et pelouses « naturelles » :

Elles ne sont pas accessibles aux engins agricoles à cause de leur pente le plus souvent. Parfois fauchées, parfois pâturées, parfois laissées en friche, elles sont à l’opposé des prairies dites artificielles qui sont celles que l’on « enfume »  afin de faire du foin pour le bétail mais qui sont sans grand intérêt pour le botaniste.

 

Ce qui les menace c’est l'embroussaillement :

Il y a alors apparition du robinier faux acacia et de l’aubépine. Toutefois, cette dernière est bien utile à la pie-grièche écorcheur (entre autres oiseaux) qui raffole de ses baies. Apparition aussi de quelques invasives comme le buddleia... 

 

La prairie mésophile, prairie moyennement humide et moyennement pauvre, reste très fleurie et diversifiée : les carlines sans tiges, Carlina acaulis, et les carlines vulgaires Carlina vulgaris, le cirse sans tige, Cirsium acaulis, dont voici une photo


46 cirse acaule


Et voici la campanule agglomérée, Campanula glomerata, l’œillet des Chartreux, Dianthus carthusianorum, la sauge des prés, Salvia pratensis, le coucou, Primula veris, ils sont souvent annonciateurs des orchidées, pourvu que la pelouse soit maigre, c’est à dire dépourvue de toute fumure.


Illustrées par de nombreuses diapos lors de la conférence,  voici l’homme pendu, Aceras anthropophorum,l’orchis pyramidal, Anacamptis pyramidalis, l’orchis brûlé, Orchis usulata, les orchis militaire singe bouffon, Orchis militaris, simia, morio, les ophrys araignée, bourdon, mouche, Ophrys sphegodes, holosericea, insectifera.


 

Quelques exemples que vous connaissez déjà :



Anapcamptis pyramidalis

O. simia 2-copie-1

 

 

32 orchis militaire

Orchis morio 1

 

 

 

34 Ophrys mouche

Les prairies grasses, celles que l’on enfume, seront bien sûr fleuries (plus brièvement à cause de la fauche), mais n’auront pas d’espèces aussi rares. Le pissenlit et le salsifis des prés seront ici chez eux.

 

 

 Taraxacum officinalis (agg) le pissenlit :

40 pissenlit

Tragopogon pratensis, salsifis des prés, en boutons :42 Tragopodon pratense en bouton

 

 

 

                                                                                                                     Jean GUHL

                                                                                                    

Note du rédacteur :

  «L’intérêt d’une station peuplée de nombreuses orchidées dépasse largement celui que l’on peut déduire de la seule présence de ces plantes : il est généralement l’indice de la biodiversité élevée de ce site» (p.8 dans « Les Orchidées de France, de Belgique, et du Luxembourg – sous l’égide le la S.F.O.)

 

                                                                        à suivre..............

Photos Nicole Jacques  Joanny et Christianne.

 

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Les jardins de l'Abbaye de Valloires

Publié le par Entre Semnoz et Chéran

 

 

J’ai eu la chance de visiter fin avril un jardin extraordinaire en Picardie et je voudrais partager avec vous quelques  unes de mes découvertes.  

Ce jardin est celui de l’abbaye de Valloires, majestueuse abbaye cistercienne située au cœur de la vallée de l’Authie, dans la Somme.

« Créés par Gilles Clément, paysagiste de renommée internationale, les Jardins de Valloires recèlent plus de

5 000 espèces de plantes et d’arbustes essentiellement asiatiques.

Unique en France, cette collection est classée par critères décoratifs. Ce parti pris, résolument contemporain et pédagogique, associé à un remarquable niveau d’entretien, fait de ce lieu chargé d’histoire l’un des plus beaux jardins du pays ».

   

Nous visitons, accompagnés d’un guide botaniste jeune et passionné, le Jardin Régulier d’inspiration française.

Nous explorons le Jardin des Iles dit « à l’anglaise » et découvrons des sensations dans le Jardin des cinq sens.


02

Nous admirons l’île d’or et le «bizzaretum» où nous retrouvons un vieil ami, l’arbre aux mouchoirs  

Davidia involucra. 

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La visite se termine dans l’ambiance paisible et rafraîchissante du Jardin des Marais.

Une  roseraie mêlant variétés anciennes, sauvages et modernes  nous laisse imaginer ce que sera l’été, les rosiers n’ayant pas encore commencé leurs floraisons.

Exception en ce printemps précoce, nous avons la surprise de découvrir la célèbre et simplissime  rose de Picardie.

 

Elle est devenue au fil des ans l’emblème de cette région, le symbole de la paix retrouvée après la grande guerre, le symbole du renouveau. La chanson « Roses de Picardie » est née en 1916, de la rencontre d’un soldat britannique avec une habitante d’un village de la Somme : frappé par le contraste entre les combats terribles et la vision tranquille de cette femme prenant soin de ses rosiers, le soldat décide d’écrire un poème. Véritable hymne à la paix et à l’amour, le texte a ému toute une génération.


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  Mais ce que j’ai le plus apprécié, c’est de gravir l’échelle du temps dans le « Jardin de l’Evolution ».

Ce jardin installé sur un petit coteau, nous permet de parcourir le temps en gravissant des marches de schistes gris anthracite ; les différentes variétés de végétaux sont plantées selon leur ordre d’apparition sur notre planète. Evidemment ce parcours est très simplifié mais je trouve la démarche originale et intéressante.

06 evolution

Au commencement étaient les fougères et les prêles, l’évolution n’ayant pas encore « inventé » les fleurs.

Equisetum hyemale, prêle d’hiver

08 preles

Puis apparurent les conifères et le célèbre et mythique Ginkgo biloba, l’arbre aux quarante écus, C'est la plus ancienne famille d'arbres connue, puisqu'elle serait apparue il y a plus de 270 millions d’années. Elle existait déjà une quarantaine de millions d'années avant l'apparition des dinosaures !

Voici sa feuille, « squattée » par une araignée du XXIème siècle.

10 gynko

Nous découvrons ensuite différents magnolias et des renonculacées aux couleurs chatoyantes, nouvelle stratégie de Dame Nature pour assurer la reproduction  des espèces : fleurs colorées et parfumées.

Magnolia de Chine : Magnolia sinensis

14

Anémones en fleurs et en fruits :

Les paysagistes du jardin ont choisi de présenter ensuite les apiécées, évolution oblige,  et l’une de leurs plus impressionnantes représentantes, la berce du Caucase. Lors de notre visite, elle ne mesurait que 70 cm environ, on sait qu’elle va atteindre près de 4 mètres en juillet, imaginez ses ombelles (50 cm de diamètre) !!. Les jardiniers sont très attentifs à la « maîtriser » nous dit notre guide, car vous connaissez sa dangerosité (nous vous en reparlerons bientôt).

 La visite à travers le temps se termine aux milieux des graminées, l’une des dernières inventions de Dame Nature.

l'évolution nous reserve-t-elle d'autres surprises???


Une autre plante mérite qu’on parle d’elle dans cette région, c’est le pastel des teinturiers, Isatis tinctoria, qui fit la richesse d’Amiens au moyen âge et que nous avons retrouvé dans ce jardin. En effet on extrayait de ses feuilles le bleu d’Amiens, qui colorait les draps et autres tissus de l’époque :


 « Au début du XIIIe siècle, période du règne de Philippe Auguste, Amiens vivait en pleine prospérité. La ville profitait de la proximité des  Flandres dont l'activité drapière était florissante. Mais c'était  le commerce de la guéde (ou waide en picard), ce fameux pastel des teinturiers, utilisé pour la teinture des draps et cultivé dans la région, qui assurait à la bourgeoisie amiénoise la base de sa fortune.

Amiens en avait le quasi-monopole et l'évêché d'Amiens participait à la prospérité générale. Les généreux donateurs ne manquaient pas et les ressources de l'évêché lui permettaient de financer le chantier gigantesque de la cathédrale. Les tailleurs de pierre ont su rendre hommage à cette brassicacée (quatre pétales) en ornant tous les porches de la cathédrale de semis de pastel »


05iSATIS TINCTORIA


 

Guirlande de pierre à l'image de l'Isatis


05 porches de la cathe

 J’espère vous avoir intéressé et rendez-vous pour un prochain article concernant la Picardie.


Si vous passez dans les environs :

                   Abbaye de Valloires 80120 ARGOULES

                  Téléphone : 03 22 29 62 33

                  E-mail : contact@abbaye-valloires.com

 

 

                                                     Christianne

Photos de Nicole, Marie Paule, Yvette et Christianne.

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Souvenez-vous, l'arbre aux mouchoirs

Publié le par Entre Semnoz et Chéran

L'an dernier déjà Joanny vous invitait à découvir cet arbre.

Il est en fleurs maintenant.

 

02

Si vous êtes de passage à Annecy cette semaine, ne manquez pas, de vous rendre vers l’entrée principale du palais de justice. En effet, à l’angle de la rue Sommeiller et de la rue Guillaume Fichet, vous pourrez encore admirer “l’arbre aux mouchoirs“, en fin de floraison.                                                          

Cet arbre nommé “ Davidia involucra“ de la famille des Nyssacées, doit son nom à un missionnaire naturaliste, Français Jean Pierre Armand David (1826 -1900).                        

Introduit en Europe vers 1897, le “ Gong tong“ ainsi nommé par les Chinois, vit environ cent ans il fleurit au bout d’une dizaine d’années et porte  de très longues et larges bractées blanches.

Ces spectaculaires involucres, sont à l’origine d’autres surnoms pittoresques, arbre aux pochettes, aux colombes, aux fantômes et pour les Anglophones “Dove tree, Handkerchief tree ou Ghost tree.                                                                                                                                        

Cet arbre est endémique au sud-ouest de la Chine, dans les forêts de feuillus entre 1500 et 2000  metres d’altitude. Il est maintenant protégé car il est en voie de disparition.

 

03

 

Les deux "mouchoirs" blancs ne sont pas les pétales de la fleur, ce sont des bractées, c'est la petite boule centrale qui est la fleur, curieux, non?

 

Il faut s'arrêter pour le découvrir, ne le manquez pas

A bientôt

Christianne

 

 

 

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La rose de Noël

Publié le par Entre Semnoz et Chéran

La Rose de Noël (Helleborus Niger)


L’Ellébore noir (ou Hellébore), appelé Rose de Noël (Snow-Rose), croît à l´état sauvage, dans les lieux rudes et montagneux d´une partie de l´Europe, dans les Alpes, les Pyrénées les monts d´Auvergne ; on le cultive aussi dans les jardins sous le nom de rose de Noël à cause de la forme de sa fleur et de l´époque de l´année où il fleurit. Les hellébores vivent de nombreuses années en sol calcaire et riche, et supportent même le sec; c'est à mi-ombre et à l'ombre qu'ils deviennent les plus beaux. (et oui, Ellébore est du genre masculin !)

rose de NOEL III


L'appellation latine de la rose de Noël est helleborus niger.


 


Helleborus se traduit par Hellébore qui n'est autre que le nom usuel français de l'espèce.


Quant à "niger", signifiant noir, il désigne certainement la couleur des feuilles, en l'occurrence vert sombre. Il s'agit d'ailleurs de feuilles persistantes et épaisses, découpées en lobes oblongs. Ce type de feuille est dit « pédalée ». Portées par des tiges souples d'une vingtaine de cm de long, les roses de Noël forment une touffe de près de 50 cm de large.


Les racines anciennes sont souvent de couleur noire.


 

feuille d'hellébore

 

Mais l'hellébore n'a rien de commun avec les roses !

 


 

Cette petite plante sans tige appartient comme l’ancolie, le pied d’alouette ou le bouton d’or à la famille toxique des Renonculacées. La "rose de Noël" n’en est donc pas une puisque le vrai rosier appartient lui à la famille du cerisier et de l’amandier, les Rosacées. C’est sa grande fleur blanche à rose foncé, aux nombreuses étamines jaunes qui lui ont valu ce surnom de rose.

 

rose de Noel IV

 

 


On l'appelle également, herbe aux fous, pied de griffon, pied de lion, patte d’ours, rose de serpent ou pain de couleuvre.


C'est une espèce cultivée et rarement subspontanée en France. Les feuilles coriaces sont toutes à la base. Les folioles ont un bord entier ou denté dans leur moitié supérieure. La floraison est hivernale. Les grandes fleurs blanches ou rosées sont solitaires ou par deux, elle porte des feuilles à plusieurs folioles qui s’articulent les uns sur les autres. Le fruit qui succède à la fleur est aussi élégant que celle-ci. Il consiste en une rosace d’éléments allongés terminés chacun par une pointe et que l’on appelle des follicules.

 

fruit

 


Toxicité

 
Sous sa douce blancheur, la Rose de Noël renferme deux substances toxiques, dans les racines, l'helléborine et l'helléboréine. Par ingestion, ces poisons provoquent vomissements et vertiges. Ils peuvent également paralyser le système nerveux et provoquer des arrêts cardiaques en agissant directement sur le cœur. Prudence, donc, ne pas se laisser tenter par sa beauté... 

L´ellébore noir se rapproche beaucoup de l´Ellébore oriental des Anciens dont l´action était si renommée dans les troubles mentaux.


S'il y a plusieurs espèces d'hellébores, il existe également différentes variétés de roses de Noël. "Praecox", la plus hâtive, a des fleurs teintées de rose. "Potter's Wehll" a des grandes fleurs blanc pur. "Withe Magic" est une variété très florifère à fleurs blanches lavées de rose, devenant plus roses encore en vieillissant. "Macranthus", plus haute que les autres, a de grandes fleurs délicatement balayées de rose.

 

rose de noel I


Dans notre région, nous pouvons rencontrer à l’état sauvage, un de ses cousins l’hellébore fétide - Hellorus foetidus. Cette curieuse vivace, très fréquente dans les broussailles et en bordure des chemins creux, fera l’objet d’un prochain article.

 

 

La légende de l'hellébore...


La légende raconte que la petite Madelon, jeune bergère gardant ses moutons dans un champ enneigé, vit passer une riche caravane.

Les rois mages avec leurs somptueux cadeaux suivis par une foule chargée de présents se rendaient dans une étable pour célébrer la naissance de Jésus


Madelon démunie se mit à pleurer, car elle n’avait rien à offrir à ce déjà célèbre nouveau-né. C’est alors qu’un ange compatissant apparut et déposa sur la neige, à ses pieds, une fleur délicate et émouvante : La Rose de Noël.

à suivre....                                                             

                                                                             Joanny Cuillerat

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Matin d'octobre

Publié le par Entre Semnoz et Chéran

 

 

Matin d’octobre

 

10 lac de montagne


                     C’est l’heure exquise et matinale
                     Que rougit un soleil soudain.
                     A travers la brume automnale
                     Tombent les feuilles du jardin.

 

04 le veyrier

 

 

Leur chute est lente. On peut les suivre
Du regard en reconnaissant
Le chêne à sa feuille de cuivre,

L’érable à sa feuille de sang.

 

09 le parc de la tête d'or ..doré

 

 

 

 

                                               Les dernières, les plus rouillées,
                                               Tombent des branches dépouillées ;
                                               Mais ce n’est pas l’hiver encore.

 

05 à travers les branches

 

 

 

Une blonde lumière arrose

La nature, et, dans l’air tout rose,
On croirait qu’il neige de l’or.

 

06 la Maveria, la maltournée

 

F.  COPPÉE (1842-1908) Le Cahier rouge

 

C'est très beau, n'est-ce-pas  ?

mais au fait, pourquoi les feuilles changent-elles de couleur en Automne ?????

A suivre....


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L'enigme des Hortensias

Publié le par Entre Semnoz et Chéran

 

 

Des envahisseurs qui ont su se faire aimer


05

Ils apprécient le climat tempéré, le soleil entrecoupé d’ondées bienfaitrices et le sol riche en alumine qui leurs donne cette belle couleur bleu en Bretagne.


Dans nos régions, les sols calcaires leur octroient des roses pâles ou des roses indiens.

15 

 

Mais le charme de l’hortensia ne s’arrête pas à la fin de l’été. C’est en automne que les teintes de l’hortensia se transforment en nuance d’une subtilité inégalée dans la nature.  Vert de gris, blanc piqué de carmin, vert tendre bordé de pourpre…

 

23

 

Pourtant ils arrivent de l’autre bout du monde ces Hortensia que l’on se doit de nommer HYDRANGEA, pour être botaniquement correct. Mais les Français (comme les allemands et les Néerlandais) utilisent Hortensia pour nommer l’Hydrangea macrophylla, en souvenir de son « inventeur », Philibert COMMERSON, un intrépide explorateur botaniste français, né à Chatillon sur Challarrone.

Celui-ci l’identifie  en 1771 pour la première fois sur l’île Bourbon (aujourd’hui île de la Réunion).


herbier

 

                                        Herbier de Ph. COMMERSON

 

Il le baptise Peautia coelestina en l’honneur de Nicole-Reine Le Paute, son amie astronome. L’ayant retrouvé sur l’île de France (île Maurice), il lui donne pour nom Hortensia.

Est-ce parce qu’il l’a trouvé dans des jardins (hortus en latin) où des missionnaires l’avaient acclimaté à leur retour de Chine, ou en hommage à une mystérieuse Hortense ?

Peut-être Hortense Barré, sa maîtresse qui l’avait accompagné dans un voyage autour du monde, entre 1766 et 1769, déguisée en homme, lors de ce qui sera connu plus tard comme l’expédition de  Bougainville.


Nul ne sait. Cependant, le botaniste est tombé sous le charme de la fleur, des jardins et des dames.

 

17

 

L’Hortensia serait  donc originaire d’Asie  -des estampes chinoises du XVII e siècle nous le montrent-    il fait partie de la famille des Hydrangéacées.


Il a des formes arbustives.

 

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Les botanistes l’ont implanté en Europe, en Angleterre, aux Pays-Bas… mais il nous est arrivé d’Asie (on le trouve du Népal à la Corée et aux îles d'Indonésie).

Le nom Hydrangea trouve son origine dans le Grec ancien. Ce nom comprend deux parties ‘hydro’ qui signifie ‘eau’ et ‘angeion’ qui signifie ‘tonneau’ ou ‘jarre’ en raison de la forme de cupule du fruit apparaissant après la floraison.

 

En fait, il existe 35 espèces d'Hydrangea, originaires d'Amérique du Nord, d'Asie orientale et de Chine. L'Hydrangea  était présent à l'ère tertiaire et vivait des les forêts tempérées de l'Hémisphère Nord.

Il est difficile de donner le chiffre (très important) du nombre des variétés, car chaque jour voit apparaître de nouveaux cultivars.

Un des derniers-nés s’appelle Vanille-fraise !

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Les hydrangées ont, pour la plupart, des feuilles caduques mais quelques-unes ont un feuillage persistant. Les fleurs fertiles ont de 4 à 5 pétales. La couleur de l'Hortensia depend du pH du sol. Avec un pH inférieur à 5,5, les fleurs prennent une couleur bleue.

 

 

Mais avez-vous « regardé » la fleur attentivement ??

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  Selon la variété de l'hydrangea (hortensia) les fleurs peuvent être stériles ou sexuées.
Les pièces florales les plus visibles sont les bractées que l'on trouve souvent par 4. Au centre, les pétales forment une petite sphère qui va essayer de s'ouvrir et découvrir les organes sexués de la plante.

Alors ca va
Les fleurs aux sépales développés sont stériles, mais une inflorescence peut comporter les deux types de fleurs.


Voilà encore un mystère de l'hortensia, la fleur qu’on croyait fleur n’est pas une fleur ! La fleur de l’hortensia est toute petite et l’on n’y prend même pas garde. Ce sont les bractées qui se révèlent magiciennes de la couleur !

Si vous voulez encore vous faire plaisir et admirez les belles couleurs, des "bractées"  des hydrangeas, regardez notre album photos : HORTENSIAS.

                                                                                     

                                                                                                                                           Christianne

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