Les colchiques
Le colchique d'automne, Colchicum autumnale L. (Syn. Colchicum multiflorum Brot.), est un colchique du genre colchicum. Il appartient à la famille des Liliacées selon la classification classique.
La nouvelle classification dite classification phylogénétique (étude du génome), le place dans la famille des Colchicacées.
Remarque : ce n’est que très récemment que le colchique d’automne, attribué à Linné a changé de nom. Il semble que le Colchicum autumnale de Linné corresponde en fait à la description du colchique des Pyrénées, Merendera montana.
Description :
C'est une plante vivace, assez basse, à corme (nom masculin, organe de réserve souterrain ayant l'aspect d'un bulbe mais formé d'une tige renflée, entourée d'écailles). C’est une plante très répandue de l’étage collinéen à l’étage montagnard. Le colchique « aime » les prés, les prairies de fauche et pousse sur terrain assez riche en nutriments.
Il présente la particularité d'avoir deux apparences très différentes :
- En automne, seules les fleurs apparaissent, au niveau du sol.
Elles sont formées de 3 pétales roses lilas et 3 sépales… roses lilas et de même aspect. Ce sont donc 6 tépales.
3 styles (style : extrémité de l’ovaire), 1 stigmate recourbé (stigmate : extrémité du pistil fixant le pollen)
- Au printemps, ce sont les feuilles lancéolées et larges qui apparaissent entourant les fruits issus des fleurs de l’année précédente.
Ces fruits sont de grosses capsules ovoïdes formées d'abord sous terre.
Noms vernaculaires : colchique d’automne, safran des prés, safran sauvage…En Savoie, deux noms populaires différents étaient attribués au colchique :
en automne (en fleurs) boké dë la mizèra et au printemps (feuilles et capsule), vassërèla (Meilleur, 1985).
Toxicité
La toxicité du colchique était déjà connue du temps de Dioscoride (médecin Grec, 40-90 après J.C.) qui notait que “l’ingestion du bulbe tue par suffocation, comme les champignons”…
Toute la plante, mais surtout les graines, contient un alcaloïde très toxique, la colchicine. L’ingestion provoque une gêne à la déglutition, des troubles digestifs, des crampes musculaires, de l’hypotension puis des troubles respiratoires pouvant conduire à la mort plusieurs jours après l’intoxication.
Elle fut employée pour soigner la goutte mais sa toxicité rendait son emploi difficile.
Les graines du colchique d’automne, aux propriétés anti-inflammatoires, étaient encore listées dans la 9e édition de la pharmacopée française pour le traitement curatif de la crise aiguë de goutte. Un dérivé préparé par hémisynthèse, le thiocolchicoside, est employé comme myorelaxant.
“Flora batava”(1872)-KOPS & al.
Anecdotes (si on peut dire !) :
Le genre Colchicum vient du grec kolkhikon, originaire de la Colchide, région de la Géorgie actuelle, car c’était la patrie de Médée, magicienne experte en poisons tels que les colchiques !
Il fut un temps où les jouets étaient souvent fournis par la nature. Dans la capsule du colchique d’automne, les graines cliquettent. Il arrivait que des enfants cueillent des capsules, qui devenaient entre leurs mains des hochets assassins.
Il a un cousin !!
Notons qu’une autre sous-espèce très rare en Savoie, le colchique des Alpes, Colchicum alpinum subsp. merenderoides a été signalée la première fois au Pas du Roc (Haute Savoie) par les botanistes savoyards Eugène Perrier de la Bâthie et André Songeon. Cette plante est endémique de la Savoie et n’existe pas ailleurs en France ! Elle diffère de la sous-espèce type par son écologie (pelouses calcaires à l’étage montagnard) et ses feuilles linéaires et ondulées (Delahaye T., 2004). Stigmate en forme de massue.
Dorénavant, lorsqu'au printemps vous découvrirez un champ comme celui-ci, vous saurez qu'il ne s'agit pas de... tulipes mais de...... colchiques.
Christianne "tuteurée" par Sylvie.
Photos Sylvie et Christianne