Cyclamen d'Europe ou cyclamen pourpre
Ethymologie
Cyclamen purpurascens
CYCLAMEN est dérivé du grec KUKLOS, cercle, par allusion aux feuilles rondes de la plante.
PURPURASCENS vient du latin purpurasco devenir pourpre, en référence à la couleur du dessous des feuilles.
Description
C’est une petite espèce vivace à tubercule, de 5 à 15 cm. Les feuilles arrondies vert foncé marbré dessus, pourpre dessous,
sont longuement pétiolées et visibles toute l’année. Les fleurs, solitaires et penchées au bout de longs pédicelles, se dressent parmi les feuilles : elles sont parfumées, rose carminée, avec des
pétales retournés vers le haut. La floraison a lieu entre fin juillet et octobre. Les pédicelles s’enroulent en spirales à la fructification, les fruits sont globuleux.
Habitat
Il se plaît dans les bois clair de feuillus, sur sols calcaires, entre 400 et 1500 m. En France, il se rencontre dans le Jura
et dans les Préalpes de Savoie et du Dauphiné. Son aire de distribution s’étend jusqu’aux montagnes des Carpates et jusqu’aux Balkans.
Histoire
Vers la fin du XIXème siècle, les femmes de l’Albanais cueillait des cyclamens et allaient les vendre à Aix-les-bains, à
pied, 25 km aller et autant au retour. Au XXème siècle, Aix-les-Bains était une ville d’eau mondaine qui attirait la clientèle étrangère des gens fortunés. Ceux-ci appréciaient les modestes
cyclamens du bord du Chéran… Plusieurs grossistes firent la commercialisation vers Chambéry, puis Lyon et Paris. Tandis que les parents vaquaient aux travaux agricoles, les enfants partaient à la
nuit vers les bois riverains du Chéran et cueillaient les cyclamens.
Huit fleurs et quatre feuilles faisaient une boutonnières, trente fleurs une poignée, cent petits bouquets (mille fleurs
environ) remplissaient une caissette.
Yvonne DUBOIS, experte en la matière, nous confie qu’elle cueillait environ 800 fleurs en 1 heure. La récolte quotidienne au
début du siècle était de 3000 à 5000 bouquets pour le village les jours ordinaires, 10000 les jours de fêtes, le double certaines années.
(Extrait de légendes et réalités des rives du Chéran, 1987, éditions APACPA. Y DUBOIS la vallée des cyclamens, 1983, éditions du Cerf)
Monsieur THONION de l’Académie Florimontane, se plaignait déjà en 1890 «des ravages que cause la récolte continuelle dans la
belle saison».
Protection de notre patrimoine
floristique
Certes la vente des cyclamens a permis à plusieurs générations d’habitants de la vallée du Chéran, d’obtenir un apport
financier non négligeable. Mais l’impact d’une telle cueillette intensive est visible car aujourd’hui, on ne rencontre plus une telle quantité de cyclamens dans les bois de la vallée d’Allèves.
La réduction de la capacité de dispersion de l’espèce par la cueillette intensive des fleurs est à l’origine de la dérive génétique des cyclamens et par conséquent de la réduction de leur
potentiel évolutif.
La récolte d’une grande quantité de fleurs est susceptible de menacer la pérennité de cette espèce, la vente libre est de
nature à encourager les pratiques de cueillette. C’est pourquoi le cyclamen fait l’objet de mesure de protection.
Le cyclamen pourpre est protégé en Suisse, dans la région Alpes Côte d’Azur et dans plusieurs départements. Hélas, les
Préfets de Savoie et de Haute Savoie n’ont pas encore pris les mesures de protection nécessaires. Mais nous pouvons tous agir :
On protège ce qu’on aime alors si vous apprécier la beauté des plantes,
respectez-les, ne les cueillez pas !
D’autres plantes de la vallée du Chéran sont victimes de ces ravages de la cueillette traditionnelle. Voici l’hommage
qu’Yvonne DUBOIS leur a rendu :
«Dans la vallée, la nature semble avoir voulu se faire pardonner son âpreté par une
débauche de fleurs toutes plus belles les unes que les autres, de la fonte des neiges au premières gelées d’octobre. C’est d’abord le perce-neige (plutôt la nivéole) qui fleurit
les sous-bois elle cède la place au bois joli rose et parfumé puis au muguet qui agite ses clochettes embaumées. Tandis que les fraises sauvages finissent de
murir le lys Martagon ourle majestueusement ses corolles ocrées au parfum lourd et capiteux. Fin juin dans un coin retiré de la montagne argileux et humide s’épanouit le
sabot de Venus. Sa fleur sans odeur, jaune et marron, d’une grâce exquise, semble vraiment un petit sabot pour chausser une déesse. On ne croirait pas une fleur pas plus que
l’orchis abeille qui fleurit au même moment tout velu et rond, pareil à une «tonne » notre gros bourdon inoffensif et bruyant.
Avec juillet apparaît la reine de nos fleurs, le cyclamen. Il se cache
dans les buissons, les taillis les fraisiers et les bruyères (plutôt callunes) au cœur de la forêt dont il aime l’humus. Son parfum est incomparable. Il a la douceur de ceux de la violette et de
la rose, la force et la saveur de celui du muguet, mais aussi le capiteux et le musqué de l’œillet.»
Est-ce que la destinée de ces fleurs c’est un vase puis cela ???
A vous de choisir !
Sylvie
Photos Sylvie Nicole Joanny Christianne et "empruntées" à Internet