Comment les plantes dites «grimpantes» se hissent-elles en l’air ?
Ces végétaux, aux tiges bien trop longues par rapport à leur diamètre, se hissent grâce à toutes sortes de support, pour mieux capter la lumière.
Il en existe plusieurs sortes :
- les volubiles qui s’entourent autour de leurs tuteurs (exemple le houblon).
- les grimpantes à vrilles partant de la tige principale ; ces vrilles ressemblent à des ressorts dont elles ont l’élasticité. Des ventouses (exemple la vigne) viennent parfois compléter le dispositif.
- les plantes à crampons, (exemple le lierre ou la bignone), qui s’accrochent ainsi à leur support.
- Et d’autres, plus originales, soit qu’elles combinent les techniques précédentes c'est le cas de Tecoma tweediana, qui réunit les trois modes d’accroche, soit qu’elles « innovent », c'est le cas de la clématite !
Les volubiles ou convolvulacées :
Privées de vue, elles trouvent néanmoins le moyen de rejoindre leur futur « tuteur », support tutélaire qui les aidera à croître !
Volubilis sur un tuteur
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Elles font de grands tours, depuis leur enracinement, « à tâtons » pour enfin, si possible, trouver leur support.
Mais pas toujours, ainsi cette Falloppia convolvulus, dans le Fort de Tamié, qui serpentait au sol sans espoir de pouvoir grimper un jour, le moindre arbrisseau étant absent dans ce désert militaire trop bien tenu !
C’est l’apex (extrémité de la tige) qui décrit des « cercles » par un mouvement similaire à celui d’une hélice, en plus du gravitotropisme négatif (ou gravitropisme). Le gravitotropisme négatif est le mouvement vertical vers le haut, commun à tout végétal. Ce mouvement de circumnutation (du latin nutatio oscillation) est assez rapide, 16 rotations en 24 heures, paraît-il, et cela, sur un rayon qui peut atteindre les 15cm.
Le tuteur atteint, il faut grimper maintenant - s’il n’est pas trop gros : vous ne verrez jamais un liseron grimper sur un arbre centenaire – contrairement au lierre mieux armé (crampons) pour ce faire ! Dans une observation faite par A. et J. Tronchet, la spirale d’un liseron des haies, Calystegia sepium – décrit quasiment trois cercles complets en 3 heures !
Liseron des haies sur un noisetier
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Ce mouvement de rotation est produit par une inégalité de croissance entre la face (a) et la face (b) de la tige, pour visualiser, prenez une banane et vous verrez qu’un côté est plus long que l’autre, d’où la forme incurvée ! (une banane ne sera jamais une sucette à l’anis...). Cela veut dire que une face -(a) par exemple- de la tige pousse plus vite que la face opposée -(b) dans l’exemple- : ce qui incline l’extrémité de la plante (portant l’apex) vers le côté qui croit moins vite.
Les spires décrites par l’apex des volubilis se resserrent peu à peu, au fur et à mesure de la croissance. Ce mouvement de circumnutation obéit à un rythme endogène, c'est-à-dire qu’il n’est pas influencé par la lumière ni par le toucher. Ceci n’est pas le cas des vrilles, qui, elles, accélèrent au contact du support – tropisme au toucher ou thigmotropisme.
Vient maintenant la question : toutes les volubiles s’enroulent-elles dans le même sens ?
Le sens de l’enroulement est un caractère génétique (C. Darwin qui s’est penché sur la question parle d’atavisme).
Ainsi le houblon –Humulus lupulus, que J. Covillot décrit «s’enroulant par la droite.. », l’herbe aux femmes battues – Tamus communis- tournent dans le sens des aiguilles d’une montre (Darwin fait référence à la course du soleil : face à la plante, le dos au nord, les spires suivent la course du soleil dans le ciel)
L'herbe aux femmes battues
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Dans le sens contraire – et du soleil et de nos montres-, nous avons dans nos jardins, ipomée volubilis (Ipomea sp.), dérivée de Calystegia sepium déjà mentionnée, mais aussi les glycines –Wisteria sinensis -, le haricot à rames –Phaseolus vulgaris-, Phaseolus coccineus ; les cuscutes – Cuscuta sp.- etc....
La morelle douce-amère – Solamum dulcamara- s’enroule indifféremment dans un sens et dans l’autre, mais uniquement autour de tiges très minces (cf. Lonicera flexuosa, chèvrefeuille de Chine, qui grimpe le mieux - paraît-il- le long d’une ficelle tendu !).
Les plantes à vrilles
Les vrilles sont des feuilles ou des pédoncules de fleur, modifiés. Les plantes à vrilles s’accrochent par ces vrilles qui s’enroulent sur le support dès qu’il y a contact (voir plus haut) : vignes – Vitis vinifera ; Parthenocissus sp ;-, courges –Cucurbita sp.- melons – Cucumis sativa, C. melo.
Vigne-vierge :
Les bryones – Bryonia dioica et B. alba- ont des vrilles spiralées en tire-bouchon, successivement en double sens, qui s’étirent sous les effets du vent mais ne cèdent pas.
Les plantes à
crampons
Les plantes à crampons, tel le lierre commun –Hedera helix-, les bignones –Campsis sp.- se fixent sur tout support (voir la photo du pied de cerisier où les deux grimpent côte à côte).
Le lierre commun :
La bignone :
Le lierre et la bignone au pied du cerisier :
La
clématite clematis vitalba :
L’on se doute maintenant qu’une plante grimpante n’est pas nécessairement volubile et je voudrais terminer par celle qui, surgissant d’une haie de thuyas, a grimpé sur un arbre de plus de 3 m de haut : la clématite !
dans le sumac :
La clématite – Clematis vitalba- est considérée comme une liane surgissant des couverts sombres des forêts -ici d’une haie !- à la recherche de la lumière.
Elle progresse grâce à ses feuilles composées de folioles : les pétioles des jeunes folioles, au contact d’un corps quelconque –thigmotropisme-, s’incurvent et l’embrassent, formant une sorte de crochet (parfois à double tour !) ; le pétiole grossit, se renforce en fibres, et la progression continue....
Ingénieux, n’est-ce pas ? !
Jean
Photos de Jean