La Réunion (6), Sud de l’île, de St Benoît à St Pierre et retour.
Retour dans l’hémisphère sud !
Route des plaines (N3).
Cette route de 58 km, est la seule à traverser l'île de l’Est au Sud-Ouest.
Halte au col de Bellevue.
Ce col est situé à 1 600 mètres d’altitude au cœur de la région des plaines. Il marque le passage de l’est à l’ouest, entre la plaine des “palmistes“ et la plaine des “Cafres“.
Il y a seulement une chance sur deux de pouvoir contempler le paysage en raison de la fréquence des nuages à cette altitude et dans cette région humide. Comme le temps est clair et qu'il est tôt le matin, nous pouvons admirer la vue en direction de St Benoît et de l’océan.
L’environnement végétal autour de l’aire de pique-nique situé à cet endroit est intéressant notamment les spectaculaires fougères arborescentes et des résineux que je ne connaissais pas.
Les fougères arborescentes sont appelées fanjans à la Réunion, on distingue trois variétés de ces fougères, toutes du genre Cyathea et endémiques de l’île. Deux femelles et un mâle, mais qui n'ont rien à voir avec la sexualité de ces plantes.
Les résineux sont appelés localement “Sapins créoles“, Cryptomeria japonica, famille des Cupressacées. Ils ont été importés pour leur parfaite adaptation aux terrains volcaniques
Nous retrouvons de nouveau une route toujours aussi sinueuse pour la descente vers “la plaine des Cafres“.
La “Plaine des Cafres“, curieusement, c’est à la fois le nom d’un village et celui du plateau qui l’accueille. Ce plateau est situé sur les hauteurs de La Réunion, calé entre le massif du Piton des Neiges et celui du Piton de la Fournaise.
Cette plaine doit son nom aux africains originaires de l’actuel Mozambique et de ses environs, « déportés » à La Réunion comme esclaves. Aujourd’hui, le terme "cafre" désigne l’ensemble de la population noire de l’île.
Le paysage de pâturage est dégagé et constitué de vastes pâtures bordées de haies faites principalement d'ajonc, d’où son surnom de Normandie de la Réunion.
Très vite, c’est Bourg-Murat et sa “ Cité du volcan“, l’emploi du temps très chargé de notre journée, ne nous laissera pas le temps pour une visite certainement passionnante de cet établissement. Ici nous allons abandonner la N 3 pour un temps et nous diriger vers le “Pas de Bellecombe“ par la route forestière N 5, cette balade sera racontée prochainement.
Descente vers St Pierre :
Nous retrouvons la N3 et la plaine des Cafres pour nous diriger vers St Pierre, à la recherche d’un restaurant. Le réveil a été très matinal et le « p'tit déj » est bien loin !!!
Nous optons pour un restaurant du Front de mer, proposant des spécialités créoles. La formule est particulière, elle propose un buffet de plats chauds ou froids (on a même le droit de se servir autant de fois que l’on veut), en plus c’est délicieux et même gratos pour moi en ma qualité de “Gramoune“ !
“Gramoune“ en créole = Vieille personne
Littoral Sud :
Nous reprenons la route, la N2, pour rejoindre St Benoît, par le littoral Sud.
Le littoral offre de très belles plages à Saint-Pierre, mais aussi des côtes beaucoup plus sauvages et préservées à Saint-Joseph ou à Saint-Philippe.
Littoral Sud vu par un poète :
« Flots bleus et verts tachés des barques aux focs blancs
Qui montrez dolemment sur une grève blanche ;
Môle antique et noirci, dur éperon qui tranche,
Portant le grondement et l'écume à ses flancs.
Parmi des sables bas, un long et mol étang
Où le vieux cocotier se reflète et se penche ;
Où la Ravine exquise, en murmures, s'épanche,
Et qui flue à la mer, très lent, en serpentant… »
Louis Ozoux, Saint-Gilles, Poèmes réunionnais, 1939.
Petite Île :
La plage de Grande Anse est la dernière belle étendue de sable blanc, ombragée par les filaos, avant la côte noire et déchiquetée du Sud. Mais il faudra résister à la baignade, trop dangereuse à cause des courants violents et des requins.
Le filao, ou filao à feuilles de prêle, Casuarina equisetifolia, famille des Casuarinacées.
Le majestueux piton de Grande Anse domine ce site sauvage et s'abîme brutalement dans l'océan bleu métallique.
Saint Joseph :
La Pointe de Langevin est le site le plus au sud de tous les départements français.
Saint Philippe :
Après deux siècles de déforestation intense, il reste moins de 7% de la forêt tropicale humide originelle à la Réunion, elle est située principalement à Saint Philippe. La forêt primaire de 'Mare Longue", (que nous n’avons pu visiter par manque de temps), miraculeusement rescapée, est la forêt tropicale la plus riche de la Réunion.
Tabac bœuf ou Bonbon bleu (Clidelia hirta) famille des Mélastomatacées.
Originaire d'Amérique du sud, importée il y a 20 ans à la Réunion, c'est un désastre envahissant, notamment dans la forêt primaire de Mare Longue.
La route des laves traverse maintenant le “Grand brûlé“. Délimité par le Rempart du “Tremblet“ au sud et par le Rempart de “Bois-Blanc“ au nord, cette zone désigne le flanc est du piton de la Fournaise.
Au sud, un large panorama s'ouvre sur les Grandes Pentes. Les innombrables coulées, déjections éruptives, aux teintes noires et argentées y ont repoussé les limites de la forêt. Nous reviendrons sur ce paysage de désolation, lorsque nous aborderons spécifiquement le thème du “Piton de la Fournaise“.
Petite pause à l’Anse des cascades :
L'anse des cascades est une jolie baie de l'île située à “Piton Sainte-Rose“. On peut observer là plusieurs chutes d'eau qui donnent un air sauvage et pittoresque à l'endroit.
Une grande cocoteraie, entrecoupée de vacoas (Pandanus utilis, plante en forme de parasol) vient ajouter à la beauté de ce paysage.
Retour vers Ste Suzanne qui nous attend pour une passionnante visite de sa Vanilleraie, déjà évoquée dans l’article La Réunion et sa Vanille Bourbon (5).
Magnifique Journée intense mais éprouvante, elle restera pour nous, la journée phare de notre périple Réunionnais.
Photos Anaële et Joanny et empruntées à Internet
Joanny