QUINOA, 2013 son année internationale II
« une reconnaissance des peuples andins qui ont préservé le quinoa
en tant que nourriture pour les générations présentes et futures,
grâce à leurs savoirs et pratiques traditionnelles
qui les font vivre en harmonie avec la Nature ».
La conférence du FAO, Juin 2011, et le Résolution 66/221 de l’ONU, déc. 2011 – session 66 – apportèrent leur soutien et mirent en avant
- ses qualités nutritionnelles exceptionnelles,
- son adaptabilité à des conditions de culture très diverses, voire extrêmes,
- son grand potentiel pour lutter contre la faim et la malnutrition dans le monde.
Il existe maintenant une bonne dizaine de variétés -ou cultivars-, différentes du « Quinoa Real » poussant autour du désert de sel d’UYUNI[1] et pour lequel l’Association Nationale des Producteurs de Quinoa (ANAPQUI) réclame l’obtention d’une appellation d’origine. Depuis le début la domestication, les peuples andins n’ont pas cessé de sélectionner les génotypes en fonction de l’utilisation et de l’environnement (conditions climatiques aussi) :
--le Chullpi pour les soupes,
--le Passankalla à griller,
--le Coytos pour la farine,
--le Reales pour la pissara,
--l’ Utusaya pour sa résistance à la salinité,
--le Wtulas et l’Achachinos pour leur résistance au froid,
--le Kcancollas pour sa résistance à la sécheresse,
--le Quellos (ou grain jaune) pour son rendement élevé,
--le Chewecas pour sa résistance à l’humidité excessive,
--l’Ayaras pour sa valeur nutritionnelle (acides aminés et protéines)
--le Ratuquis pour sa précocité
[1] Salar de UYUNI : grande lagune de Colombie S.O. de Potosi, Salinas (3658m alt.) : le plus vaste désert de sel au monde ! Fait partie du triangle du ‘lithium’ avec le Salar d’Atacama (Chili) et le Salar del Hombre Muerto (Argentine)
La Première Dame du Pérou, Mme Nadine Héredia Alarcon de Humala, Ambassadrice spéciale de la FAO pour l’Année Internationale du Quinoa, a fait valoir combien le quinoa constitue « une solution viable et efficace pour la lutte contre la faim et la malnutrition » et a tenu à rappeler le « rôle fondamental des femmes agricultrices dans la production du quinoa » !
Or ceci n’est plus tout à fait vrai : si dans une agriculture de subsistance les femmes s’occupaient de petits lopins – escarpés le plus souvent-, produisaient la quantité suffisante au ménage et procédaient aux tâches pénibles de nettoyage de la graine (se débarrasser de l’enveloppe contenant la saponine), cela n’est plus possible pour les quantités astronomiques exportées par la Bolivie, le numéro 1 de l’exportation avec 26.000 tonnes en 2012, suivie de près par le Pérou.
L’envol du cours du quinoa qui a triplé sur ces 6 dernières années – dans les années 1970 le quintal se vendait 40 pesos (soit environ 3.8€) contre plus de 800 pesos maintenant– a transformé les petits paysans andins en ‘’agro businessmen’’ changeant la taille des surfaces cultivées en quinoa et les techniques de culture. Les prés réservés pour l’élevage (lamas) sont devenus champs de quinoa, soit plus de 104.000 ha en 2012, le double de 2005 !
Avec l’extension des surfaces est venue la mécanisation, avec ses tracteurs et sa charrue à disques. Finies les petites parcelles cultivées à la main ainsi que la mise en jachère qui est un frein à la production rapide et aux rentrées d’argent ! Réduit à la portion congrue, l’engrais naturel qu’était le fumier ! La monoculture du quinoa s’est faite aux dépens de l’élevage du lama et de la culture d’autres plantes vivrières.
Les rendements faibles à l’hectare ne sont pas -encore- imputables à l’épuisement du sol : les mauvaises conditions climatiques et un mauvais semis en sont sans doute la cause. Mais l’Etat Bolivien cherche à limiter l’emploi de produits chimiques et l’usage des tracteurs.
L’ANAPQUI recommande la reprise de la mise en jachère, et selon elle, une bonne fumure (celle des lamas ?) permettra de produire jusqu’à 30 quintaux / ha au lieu des 10 quintaux/ ha actuels.
La culture du quinoa est passée des mains des femmes à celles des hommes... avec tous les risques inhérents et pour l’environnement et pour les régimes financiers des agriculteurs. Des aides financières européennes et américaines viennent faciliter l’exportation du quinoa....
Etre paysans dans ces conditions peut rapporter gros !
Leurs revenus ont fortement augmenté dans ces pays réputés parmi les plus pauvres de l’hémisphère sud. D’aucuns ont pu faire construire une maison en ville, afin que les enfants puissent aller étudier et s’instruire. L’exode rural a été freiné, voire inversé çà et là ; les pauvres, ayant fui en ville dans l’espoir d’un mieux-être et se retrouvant dans les bidonvilles, ont tenté -pour certains- un retour au pays, créant par la même des tensions sociales au sein des villages.
Or un paradoxe bien embarrassant se présente : si les paysans ont gagné en amélioration de niveau de vie, bien des gens pauvres ne peuvent plus acheter de quinoa, car trop cher !
Paradoxalement le taux d’enfants souffrant de malnutrition chronique est monté dans les zones de culture du quinoa, même dans les coins reculés (exemple : Salinas de Garci, Mendoza, communauté sur les bords des plateaux salés au sud de la Bolivie).
« J’adore le quinoa, mais je ne peux plus en acheter maintenant », dit un marchand ambulant dans un bidonville sur les hauteurs de la capitale, La Paz (Bolivie).
La consommation bolivienne de cet aliment de base a baissé de 34% dans les 5 dernières années, selon le Ministre de l’Agriculture, et moins de boliviens tirent profit des bienfaits nutritionnels du quinoa.
Les organismes officiels et les nutritionnistes boliviens se hâtent de trouver des solutions .... A cela s’ajoutent des changements dans les habitudes alimentaires qui font préférer, parmi les jeunes générations, les produits pré-cuisinés industriels, le pain blanc à la farine grillé de quinoa, et horreur suprême, le coca-cola à la boisson traditionnelle à base d’eau, de sucre et de farine grillée de quinoa !
Le riz a remplacé le quinoa dans la consommation quotidienne, car devenu de prix plus abordable que le quinoa. Mais le monde sera –peut-être- sauvé de malnutrition grâce au quinoa, ce qui vaut bien le sacrifice de quelques milliers d’andins...
De voir les Andins se détourner du quinoa, dans le berceau même de sa naissance et de sa culture, inquiète (sic !) certains des grands importateurs américains.
« C’est quelque peu décourageant de voir cela, mais cela fait partie de la vie et des affaires », dit David Schnorr, Président de la Société (import) Quinoa, L.A, une des plus grandes sociétés importatrices de quinoa américaines, travaillant avec les producteurs boliviens depuis les années 1980. En fait il s’inquiète plus de la montée des prix, aux USA même: « à 5$ la boite, tout le monde ne peut pas se le payer » !
En Bolivie, le kilo de quinoa, au supermarché, coûte 4 fois plus cher qu’un kilo de riz, ou un kilo de nouilles, moins bien nourrissantes.
Le Président Morales prévoyait en 2011 un programme de prêts de 10 millions de dollars pour que les producteurs fassent ‘’du quinoa bio ‘’, mais les autorités sanitaires prévoient d’inclure du quinoa dans les colis alimentaires pour femmes enceintes et allaitantes. Enfin, le quinoa sera servi au petit déjeuner des écoles et des armées !
Sources :
- Site officiel de l’Année International du Quinoa / Wikipedia / Site de la NASA et Quinoa
- Article dans le Monde du 13.03.2013 par Chrystelle Barbier
- Article dans le New York Times du 19.03.2011 par Simon Romero et Sara Shahriari
WEB :
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Accueil- Année internationale du quinoa 2013
L'Année internationale du quinoa Le quinoa peut jouer un rôle important pour éliminer la faim, la malnutrition et la pauvreté, a déclaré M. José Graziano da Silva, Directeur général de la ...
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Quinoa équitable : Anapqui, une association de producteurs de quinoas équitable
Zoom sur l'organisation Date de création : 1981 Nombre de membres : 1260 Culture : Quinoa Surface moyenne cultivée : 1 ha Projets financés : centre de transformation, programmes d'éducation ...
http://www.altereco.com/filieres/coop/10.Anapqui-quinoa-equitable-Bolivie.html