Entre Semnoz et Chéran : les milieux boisés
Compte-rendu de la Conférence de Denis Jordan – Musée de Gruffy
Mercredi 15 juin 2011, Denis Jordan, éminent botaniste de Hte Savoie, consacra son temps et son savoir à la commune de Gruffy, à l’invitation du Musée d’Histoire Naturelle. Ce fut une journée bien remplie !
- Accompagné des botanistes du groupe Nature de ce même musée etde Sylvie Serve, botaniste de Savoie, exploration de la partie la plus haute de la commune, à savoir le plateau du Semnoz en quête de la biodiversité des différents milieux situés entre 1550m et 1648m (sommet du Crêt de l’Aigle). La récolte fut fructueuse : plus de 250 taxons, sans parler de la petite faune rencontrée çà et là.
- Mais ce ne fut pas tout : conférence au Clos Guévin à 20h, dans le cadre des Conférences du Musée de Gruffy, devant un public averti !
Après les sommets dans la journée, sa conférence, abondamment étayée par un diaporama, traita des zones aux pieds du Semnoz : les quatre communes et la rivière du Chéran : l’intitulé même, si je peux dire, de notre blog :
entre-semnoz-et-cheran.over-blog.com.
Il s’agit des communes de Cusy, Viuz-la-Chiésaz, Mures et Gruffy. La diversité des biotopes rencontrés sur les territoires de ces communes et les quelques 600 à 700 plantes répertoriées peuvent se regrouper en 4 types de milieux :
- les milieux boisés
- les prairies et pelouses à caractère naturel (naturel= pas de fertilisants ni de soc de charrue)
- les zones humides (surtout celles de Viuz et de Cusy)
- le Chéran, qui est un «monde» à lui tout seul.
Les milieux rudéraux et messicoles (plantes qui poussent dans les moissons) sont un peu les parents pauvres dans tout cela !
Aujourd’hui, petite exploration des milieux boisés (nous sommes entre 500 et 900m) :
Les zones boisées sont principalement et spontanément peuplées de feuillus ; les résineux qu’on y rencontre, sont le plus souvent plantés. Il y a quelques endroits plus secs avec du pin – pin sylvestre, Pinus sylvestris, les autres espèces, pin à crochets et pin arolle ne poussant qu’en altitude.
L’humidité ambiante issue de la proximité de la rivière, favorise l’apparition de la hêtraie. Le hêtre, Fagus sylvatica, est présent dans la ravine du Chéran.
Ce bois ‘frais’ héberge dès le printemps l’anémone sylvie Anemone nemerosa,
mais aussi la primevère acaule, Primula acaulis, la raiponce en épi, Phyteuma spicata, le lamier jaune, Lamiastrum galeobdolon, la lathrée écailleuse, Lathraea squamaria.
Mais aussi des plantes plus remarquables, voire rares, tel le doronic pardalianche (que nous n’avons pas encore découvert) et l’isopyre commun – ou faux pigamon- Isopyrum thalictroides, sur la commune de Cusy dans le bois des Rapillets (appelé Christollets sur la carte IGN !).
Le chêne pédonculé, dans une charmaie est signe de fraîcheur et d’humidité – alors que le chêne sessile, se trouvera dans une zone plus sèche. L’érable champêtre, le charme, le cerisier sauvage, le houx, sont familiers dans ces bois, avec la modeste pervenche, Vinca minor, à leurs pieds.
Sur le versant plus méridional, dans le bois du Mont Durant plus rocailleux, l’érable à feuille d’obier remplace l’érable champêtre.
Et si le camérisier, Lonicera xylosteum, au bois si fin, ne sert plus à faire des balais, ni la viorne lanthane au bois souple, facile à plier, à faire des hottes, ils sont toujours là. Il ne faut pas confondre les baies du camérisier (toxique) avec celles de la viorne, ni avec celles du groseillier des Alpes –ces deux dernières sont comestibles !
Le cotonéaster tomenteux – 1 des 4 espèces de cotonéaster présentes en Hte Savoie- est assez rare et préfère les lieux plus secs ainsi que le monotrope sucepin, Monotropa hypopithys, parasitant les racines d’arbres, surtout des résineux.
Le mélampyre des bois, Melampyrum nemorosum, aux bractées violettes tapisse les sous-bois des forêts claires.
Jean GUHL
A suivre……
Photos de Mireille, Sylvie et Christianne