Haute Loire, les Narces de Chaudeyrolles
Nous abandons le Mézenc pour nous rendre à Chaudeyrolles en empruntant une petite route qui serpente sur le plateau.
Charmant petit village, situé à 1280 m et dont le nom vient de Caldeiroles, du latin caldariola, signifiant « petite chaudière », au pluriel, pour désigner probablement des sources chaudes. Il est bordé à l'ouest par le Lignon du Velay, rivière affluent de la Loire, rive gauche.
Nous nous garons près de l’église et nous partons à pied en direction des Narces de Chaudeyrolles.
En géomorphologie, une narse ou narce (du pré-latin nartia, « marécage ») est une zone humide, souvent une tourbière. L'origine peut être glaciaire ou volcanique. A Chaudeyrolles, l’origine est volcanique !
Devant nous, un cratère de 1,5 km de diamètre environ, que le temps a érodé. La crête du cratère subsiste partiellement... Le fond du cratère a été occupé par un lac, qui, au fil du temps, a été comblé par des sédiments. Il est aujourd'hui recouvert d'une épaisseur de tourbe d'environ 3 à 4 mètres.
Nous descendons vers la tourbière, le long de la route, des troncs de feuillus sont recouverts de lichens spectaculaires..
Je vous livre les noms : Ramalina fraxinea, larges lanières pendantes et Parmelia acetabulum, thalle brun vert foncé. Je n’ai pas le nom du lichen ocre !!!
Plus nous descendons, plus nous découvrons la tourbière toute de pourpre vêtue, quelle surprise, c’est magnifique !
Le pourpre de Circium rivulare, le cirse des ruisseaux (Astéracées). Une plante à tiges bien développées, peu feuillées, à feuilles embrassant la tige. Capitules floraux sessiles et généralement groupés en haut des tiges par 2 à 8. Et leur couleur ! Nous en avions rencontré sur le plateau de Glières. Il affectionne les prés humides, les marais des montagnes du Jura, Bugey, Dauphiné, Cantal, Haute-Loire, Lozère, Aveyron, Pyrénées.
Un cheval (ou une jument) et une mule (ou un mulet) installés dans les cirses nous regardent passer (ou pas) placidement.
Une jolie campanule légère, balancée par le vent, Campanula scheuchzeri ssp lanceolata, campanule à feuilles lancéolées, (Campanulacées) est enfouie dans l’herbe du talus. Feuillage très dense et cachant partiellement la base de la tige. Feuilles à une nervure. Fleurs nombreuses, sépales appliqués contre la corolle. C'est une plante qu'on rencontre dans les Pyrénées, le Massif central et plus rarement dans les Alpes
Dans le fossé, une véronique que nous connaissons en Haute Savoie, Veronica anagallis-aquatica, véronique mouron d’eau (Plantaginacées). Ce n’est pas une véronique des milieux acides mais elle est jolie. Elle se reconnaît à sa tige robuste, carrée et creuse, à ses feuilles allongées assez larges et généralement dentées. Ses fleurs en grappes terminales sont bleues ou bleu pâle. Les fruits sont en forme de cœur, aussi hauts que larges et ne dépassent pas les sépales.
Et une Apiacée à la réputation sulfureuse, Aethusa cynapium, petite cigüe, dite aussi éthuse ciguë, faux-persil, ciguë des moissons, persil des chiens ou ache des chiens… Cette plante peut se révéler très toxique. Ses feuilles sont très découpées, L’ombelle est plane, petites fleurs blanches. Il n'y a pas de bractées mais chaque ombellule porte 1 à 5 longues bractéoles linéaires, pendantes, dépassant l’ombellule et l’ombelle. L’Aethusa cynapium est une adventice des cultures. La plante contient dans toutes ses parties (notamment les feuilles, les fleurs et les fruits) des alcaloïdes extrêmement toxiques, dont la conine.
Le risque de confusion avec le persil, la carotte, le cerfeuil ou autre Apiacées est réel, mais ses bractéoles et son odeur la différencient nettement…
Les fiches botaniques d'André
Un dernier regard sur le vieux cratère érodé par le temps.
Photos Christianne, André, Jacques
Christianne
Plusieurs sources dont "Plantes de Lozère" de Maurice Reille