Un botaniste qui vivait en solitaire,
Décida, pour l’accompagner dans ses sorties,
De se procurer un chien, un petit cocker.
Mais l’acheteur fut extrêmement surpris
Que l’animal ne comprenne pas ses consignes :
« Assis, debout, couché ! », cela n’est pas malin,
Mais connaître le nom des plantes est discipline
Beaucoup plus aisée que l’enseignement canin !
C’était surtout pour se faire allonger la bête
Que malgré force cris et exaspérations,
Et des heures à voir les tutos sur Internet
Qu’il dut bien admettre l’échec de l’instruction.
En ronchonnant, il partit en promenade,
Accompagné de son indocile disciple.
Il rêvait que sa scientifique balade
Fut nouvelle occasion d’émotions multiples
En matière de fleurs, de feuilles, de noms en latin,
Art plus captivant que de parler à un chien!
Alors que l’animal folâtrait sans s’en faire,
Ignorant des pétales le nombre et la couleur,
Il entendit son maître chanter de bonheur :
C’est qu’une nouvelle fleur il avait découvert !
Le bonhomme s’était allongé dans le pré :
Il essayait de réaliser un cliché
De l’herbe à la pintade, la douce fritillaire,
Dont toujours le calice regarde par terre.
Notre cocker resta de la scène pétrifié :
Qu’une fleur couleur mauve fasse se prosterner,
Puis se vautrer dans le gras de cette prairie,
Un si grand philosophe, sans doute un érudit,
C’est que ce professeur, malgré sa dictature,
Acceptait les lois du règne de la nature !
Si un humain se couche devant un végétal,
Alors lui obéir est une chose normale !
C’est depuis ce matin que le chien obéit,
Et qu’aussitôt devant son maître il s’accroupit
A sa prime douce parole prononcée.
Les fleurs ont parfois des pouvoirs insoupçonnés !
Fritillaria meleagris
La fritillaire pintade, doit son nom meleagris, mot latin signifiant pintade, au fait que la robe de ses clochettes évoque le plumage tacheté d’une pintade. Le nom de genre, Fritillaria vient du mot latin fritillus, petit godet pour jouer aux dés.
Elle est en grand danger, malgré son statut de protection nationale et son inscription sur la liste rouge des plantes menacées. Elle est plus présente dans les régions de l’ouest de la France, en Poitou, Charentes….
C’est une sauvage spécifique des zones inondées. Hôte des zones humides qui reculent sous l’effet de l’urbanisation, elle se reproduit lentement. Pourtant, elle a à sa disposition deux modes de reproduction. Via son bulbe comme toutes les liliacées, le processus est lent. Quant à sa reproduction sexuée, la Pintade se montre tout aussi nonchalante, période de floraison courte, les graines donnent naissances au printemps suivant à de jeunes pousses qui ne montreront pas de fleurs avant... la troisième ou quatrième année!
Heureusement elle est toxique et ne risque pas de se retrouver dans les cueillettes de sauvages comestibles ! Toute la plante (plus particulièrement le bulbe) renferme un alcaloïde, l'impérialine, qui peut s'avérer mortelle pour l'homme en cas d'ingestion (risque d'hypotension et d'arrêt cardiaque).