Darwin III,
« Charles Darwin n’a jamais occupé de poste universitaire [...] il travaillait chez lui, dans le bureau de sa maison de Down.. Cependant, il était membre à part entière de la communauté scientifique car il respectait deux conditions fondamentales :
Soumettre ses travaux au regard et à la critique de ses collègues et surtout, passer l’épreuve d’initiation qui s’appelle la thèse »
« La recherche est une œuvre collective. Il n’existe pas de génie isolé. Newton était entouré de génies ; Lamarck était entouré de génies ; Darwin était entouré de génies ; Einstein était entouré de génies... Mendel, lui, ne l’était pas, et son œuvre est restée ignorée pendant des dizaines d’années... »
Isolé dans son monastère, il élabore ses lois sur la transmission héréditaire (fondement de la génétique) au moyen d’expériences sur le petit pois.
Il expose et publie les résultats de ces études en 1865 dans un article intitulé : Recherches sur des hybrides végétaux. Après dix années de travaux minutieux, Mendel a ainsi posé les bases théoriques de la génétique et de l’hérédité moderne. Mais son travail passe pratiquement inaperçu.
C’est au début du XXe siècle, que le Néerlandais Hugo de Vries, l'Allemand Carl Erich Correns et l'Autrichien Erich von Tschermak redécouvrent de façon indépendante les lois de l'hérédité, et reconnaissent en Mendel leur découvreur. Cette reconnaissance tardive (près de 35 ans après la publication de Mendel) aurait été mise en avant afin de n'accorder aucune prééminence à l'un des trois botanistes qui ont publié presque simultanément sur le même sujet.
Prémices de la génétique/Les lois de Mendel - Wikiversité
En effet, la reproduction sexuée engendre des descendants qui ressemblent à leurs parents, ainsi en croisant des chats on obtiendra des chats, tout comme se ressemblent entre eux les membres d'un...
https://fr.wikiversity.org/wiki/Pr%C3%A9mices_de_la_g%C3%A9n%C3%A9tique/Les_lois_de_Mendel
Mais MENDEL ne connaissait pas la cellule et le reste de l’infiniment petit.
Si en 1911 on découvre les gènes, unités du patrimoine héréditaires susceptibles de varier, il faut attendre WATSON et CRICK pour découvrir la molécule d’ADN en 1953.
Les progrès de la microscopie optique puis des techniques de biologie moléculaire ont permis la localisation de ces gènes au sein des noyaux des cellules, le support de l'information génétique étant de longues molécules d'acide désoxyribonucléique, l'ADN, appelées chromosomes.
En 1965, les Prix Nobel JACOB et MONOD montrent l’interaction entre les gènes et le milieu (régulation génétique).
La carte du génome humain est publiée en 1993 par le laboratoire du Généthon.
Mais cette carte de l'ensemble du matériel génétique humain et les différentes séquences du génome ont failli devenir propriété privée. C'est en 1995 que sur Internet, un groupe de chercheurs scandalisés par le dépôt de brevets sur des séquences aux USA publient leur manifeste.
Grâce au CIB de l'UNESCO (Comite International de Bioethique) et à la Déclaration Universelle sur le génome humain et les droits de l'homme, le génome et sa carte restent depuis 1997, dans le domaine public, ouvert à toute recherche scientifique pour le bien universel de l’humanité.
Que serait-il arrivé si Darwin avait réservé ses théories à un cercle restreint de privilégiés ?
La génétique retrouve l’importance de la notion de sélection naturelle ; grâce aux instruments modernes, le rôle des chromosomes, puis le séquençage des génomes vont conforter l’histoire évolutive des espèces.
En conclusion, laissons la parole à une personne bien plus compétente pour parler de l’évolution :
Yves COPPENS
« On parle toujours beaucoup d’évolution ; on se demande comment par exemple l’espèce humaine a évolué, ce qui a joué dans le développement de son cerveau. Dans cette histoire, deux grands noms s’imposent : Lamarck et Darwin : Lamarck vivait à cheval sur le XVIII° et le XIX° siècle ; Darwin au milieu du XIX° siècle. Jusqu’ici la communauté scientifique semblait plus proche de Darwin que de Lamarck. Et voilà que Lamarck pourrait reprendre du galon si on en juge par le titre, et la diffusion sur ARTE, d’une émission intitulée Le Retour de Lamarck.
Il faut savoir que la transmission des caractères est une transmission génétique, ce que d’ailleurs ne savait pas Darwin. En revanche, Darwin avait bien compris que les caractères étaient aléatoires, c'est-à-dire qu’ils apparaissent au hasard et que c’était la sélection, la sélection naturelle, qui retenait certains caractères plutôt que d’autres. Voilà pour la génétique. Mais, au–delà de la génétique, il y a l’épigénétique, c'est-à-dire l’acquis : chacun de nous a un rapport différent à l’environnement, et c’est la raison pour laquelle deux jumeaux (ou bien deux clones) qui ne vivent pas ensemble deviendront différents au fil des années. Cet acquis, par définition, ne se transmet pas, quoique... J’ai vécu beaucoup sur le terrain, et j’ai toujours été très impressionné par le fait que lorsqu’un changement climatique survenait, beaucoup d’espèces se transformaient et s’adaptaient dans le « bon » sens. Comme par hasard, il y a donc une influence de l’environnement que l’on n’a pas encore bien saisie, mais qui doit être très importante et qui pourrait se transmettre. La réponse est peut-être à trouver dans la multiplication des mutations (aléatoires) aux moments de stress, ce qui, évidemment, change les conditions du hasard. Ni Lamarck donc, ni tout à fait Darwin, mais une certitude : l’évolution n’est plus une théorie. »
Et voilà, c'est fini !
Merci à Jean pour son passionnant travail de recherche et pour la rédaction de ces articles sur .
CHARLES DARWIN : 1809-1882, épisode II
Comment C. Darwin est-il devenu « (Dieu) le père de la science moderne » à la grande barbe blanche ?
C’était un moment favorable où, dans différents domaines et pays, les chercheurs mènent des travaux qui convergent vers ce qui va provoquer une vraie révolution dans la pensée du monde. Darwin a ainsi cristallisé et mis au clair des idées qui flottaient dans l’air.
Il lui faudra revenir chez lui pour prendre conscience de la signification des phénomènes observés dans les contrées lointaines et les îles tropicales qu’il a parcourues. Au départ du Beagle, il ne connaissait pas grand-chose à la géologie ni à l’histoire naturelle (nous dirions à la science de la vie) : il en reviendra totalement changé en l’homme qui allait bouleverser la vision du monde par l’évidence de sa pensée.
Notons que C. Darwin a toujours travaillé en collaboration avec d’autres scientifiques, mais c’est lui qui fera la synthèse !
Il fera appel à l’ornithologue GOULD pour déterminer les pinsons, qui étaient en train d’évoluer et de se différencier par rapport à l’espèce continentale par le phénomène de l’adaptation à leur nouveau milieu. Leurs becs sont adaptés à la nourriture disponible, là où ils vivent !
Or parallèlement, un autre voyageur et explorateur, plus jeune que Darwin travaillait dans des contrées lointaines :
Alfred Russel WALLACE (1823 – 1913).
Gallois d’humble origine, il a eu bien des difficultés dans la vie. Il réussit cependant à partir pour le Brésil afin de collecter des insectes (il s’intéresse aux insectes depuis son adolescence) et en vendre certains pour ne pas sombrer dans la misère. Après la perte d’une partie de ses trouvailles, à la suite de l’incendie du navire qui le transportait, il perd tout !
Grâce au dédommagement de l’assurance du navire, il repart en Malaisie et en Indonésie de 1854 à 1862. Il y élabore ses théories sur l’évolution et le concept de la sélection naturelle. Il écrit à Darwin plusieurs fois et lui envoie son essai sur l’évolution. « On the Law that has Regulated the Introduction of New Species », en 1855: les deux savants – et bientôt amis- partagent une pensée commune et arrivent à des conclusions similaires.
Lorsque Wallace envoie à Darwin pour publication « On the Tendency of Species to form Varieties » (qui décrit les mécanismes d’une évolution divergente des espèces par rapport à d’autres similaires, sous l’influence de l’environnement), l’entourage de Darwin le presse de publier ses propres écrits, en mettant en avant son antériorité, en même temps que l’essai de Wallace. Ce dernier n’en prend pas ombrage et restera un ardent défenseur et avocat de « l’Origine des Espèces par le Moyen de la Sélection Naturelle, ou la Préservation des Races Favorisées dans la Lutte pour la Vie » que Darwin publiera en1859.
Voici les 4 grands principes de l’évolution biologique développés par DARWIN
- une capacité naturelle à varier, la nouvelle génération n’est pas strictement semblable à celle qui l’a engendrée
- toute espèce fait preuve d’une capacité à être modifiée (cf. éleveurs)
- toute espèce se reproduit aussi longtemps qu’elle connaît des conditions favorables : ce fut le cas des lapins en Australie au 19° siècle (introduction d’une espèce allogène ne rencontrant pas de prédateurs). Prédateurs et pression des autres espèces concurrentes jouent un rôle sélectif, et provoque un équilibre qui peut, à tout instant, être remis en cause. La planète n’est pas dominée par une unique espèce hégémonique. Cette proposition est considérée par les Créationnistes comme une attaque directe de la doctrine dominante inspirée par la Genèse (1, versets 26 à 28) : « faisons l’homme à notre image et qu’il règne (sur le monde).. », « croissez et multipliez ; remplissez la terre, soumettez la [...] Régnez sur ... (tout ce qui y vit et croit..) »
- le succès dans la perpétuation d’une espèce dépend des conditions optimales de son environnement : ce qui introduit une sélection naturelle à chaque génération, au sein d’une même espèce. Les individus porteurs de variant(s) momentanément avantageux, dans les conditions du milieu, se reproduisent davantage. Si l’environnement se maintient assez longtemps le variant avantagé finit par remplacer toute la population : l’espèce aura changé. Le fixisme des créationnistes est battu en brèche puisque rien n’est stable ‘’à jamais’’.
La première esquisse de Darwin d'un arbre phylogénétique tirée de son First Notebook on Transmutation of Species (1837).
Ce fut un travail de toute une vie, il se rend bien compte du grand pas qui l’éloigne des idées établies du Créationnisme et il est prudent dans l’annonce de sa révolution, « comme l’aveu d’un meurtre ».
Les critiques hostiles ont très tôt tiré des conséquences qui ne sont pas exprimées par DARWIN, comme le fait que les hommes descendent des singes. !
Le débat déborde rapidement le monde scientifique, témoins les nombreuses caricatures publiées dans les journaux de l’époque :
Autre célèbre caricature de Darwin, française celle-là, reproduite dans le magazine satirique La Petite Lune.
Mais si Darwin avait compris le POURQUOI de l’évolution, il lui manquait encore le COMMENT !
Jean.
A suivre................
CHARLES DARWIN : 1809-1882, épisode I
C'est bientôt la fête de la science (du 8 au 16 octobre), voici un article de Jean, mais que vous relirez surement avec plaisir.
Charles DARWIN, est le père des sciences modernes, comment a-t-il révolutionné les sciences ?
La machine à remonter le temps est lancée, nous sommes au XIXe siècle…..
Episode I : Le voyage de Charles DARWIN
Il naît à Shrewsbury, petite ville du nord des Midlands, dans une famille aisée de la bonne bourgeoisie, fils et petit-fils de médecins : sa vie est toute tracée : la médecine !
Mais après quelques années en médecine et en théologie, il s’oriente vers l’histoire naturelle qui, dès son adolescence, a toujours été pour lui, une passion et un vrai centre d’intérêt.
L'automne arrive, c'est le temps des champignons !!!
Hélène, du Groupe Nature de Gruffy, a trouvé dans son jardin quelque chose de très curieux, une bizarrerie de la nature qui a poussée dans son terrain, dans les herbes fauchées, sous un noisetier.
Que pensez-vous que ce soit ???
Non, ce n’est pas une étoile de mer qui voudrait découvrir les terres émergées, c’est.................... un champignon ! Clathrus archeri, l'Anthurus d'Archer .
Tout d'abord enfermé dans un œuf blanchâtre, le sporophore* se déploie en 4 à 8 bras de couleur rouge, couverts de restes de gléba* et ressemble alors à un poulpe. Il dégage une odeur nauséabonde et n'est pas comestible.
Originaire d'Australie et de Nouvelle Zélande, il fit son apparition dans les Vosges vers 1920 près d'une industrie lainière qui traitait les laines de mouton d'Australie. Un second centre de dispersion est représenté par le Sud-Ouest de la France.
*Sporophore : organe de la « fructification » du mycélium des Fungi ou mycota ou champignon.
*Gléba : masse fertile de certains champignons tels que truffes, lycoperdons, sclérodermes, phallus.......
Merci Hélène, Sylvie et ... internet.
Christianne
ONF - Fiche champignon : Anthurus d'archer
Amanita aspera Amanita echinocephala Amanite des Césars Amanite citrine Amanite épaisse Amanite fauve Amanite jonquille Amanite panthère Amanite phalloïdes Amanite rougissante Amanite safran Am...
Hybridisme, hybridité, hybridation.......
Voici un article paru en août 2014, à la suite d'une belle découverte au Semnoz cet été là. Notre groupe est retourné fin juillet début août 2015 et la semaine dernière, espérant retrouver à nouveau de magnifiques spécimens de gentianes hybrides comme ceux que nous avions trouvés en 2014. Hélas pour ceux qui n'étaient pas avec nous en 2014, pas trace d'hybrides. Nous avons arpenté le plateau, rien. Voilà bien un mystère, les parents sont là, gentianes jaunes et gentianes pourpres mais c'est tout. Comment fonctionnent les phénomènes d'hybridation, seuls les spècialistes le savent.
Alors regardons une fois encore les photos de 2014 pour être sûr de n'avoir pas rêvé.
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En botanique, un hybride est le résultat du croisement entre deux espèces du même genre. Pour ma part, botaniste du dimanche, je n’ai rencontré que quelques orchidées hybrides qui ont bien voulu montrer visiblement les caractères de leurs parents. Mais une balade en juillet sur les pentes du Semnoz m’a réservé une belle surprise.
De beaux spécimens de gentianes hybrides de Gentiana lutea et Gentiana purpurea.
Ce n’est pas un « scoop» puisque décrites déjà en 1821 par MM. GUILLEMIN et DUMAS, ils les avaient découvertes sur le Môle en 1819. Mais j’ai été éblouie par la fantaisie de la nature dans le domaine.
Grave question, qui est le papa, qui est la maman ?
Violette purpurin comme Gentiana purpurea...
Hautes comme Gentiana lutea
Corolles ponctuées, fleurs campanulées.
Belles nuances du jaune au pourpre
Hésitation entre la corolle rotacée à lobes aigus de Gentiana lutea et la corolle campanulée de Gentiaina purpurea
Les parents
Pour plus d’information, consultez ce site, à partir de la page 79
Christianne
Photos Nicole et Christianne.
Le Semnoz
Notre exploration des orchidées du Semnoz n’est pas exhaustive, bien sûr, la richesse floristique du site étant étonnante. « La montagne aux Annéciens » comme ce massif est surnommé, recèle bien d’autres attraits, géologiques, sportifs et touristiques...... que je vous souhaite de découvrir. Le panorama n’est pas en reste par beau temps.
Un suintement colonisé par la renoncule à feuille d’aconit, Ranunculus aconitifolius.
Caresser du regard les lignes bleues des Bauges.
Une des vedettes des pâturages, fin juillet début août : la centaurée nervée Centaurea nervosa.
L'envahisseur des pâturages, le verâtre, Veratrum album
Description: Le vérâtre, comme la gentiane, est une plante vivace commune en montagne. On la trouve dans les Alpes, les Cévennes, les Pyrénées, le Jura, mais pas dans les Vosges. Ces deux plan...
https://www.via-les-herbes.com/le-veratre-blanc-veratrum-album-famille-liliacees/
Encore deux sites à consulter, celui du Semnoz et celui du jardin alpin, ne manquez pas d'y
Le Semnoz ( pron. ) est une montagne de moyenne altitude (1 699 mètres) longue de 16 kilomètres au nord du massif des Bauges, dont il fait partie, entre Annecy et Allèves (cluse de Banges) dans une
Le Semnoz
Cet espace permet de découvrir ou réviser la botanique de moyenne montagne. Chaque été, ce sont jusqu'à une centaine d'espèces de plantes qui sont repérées et étiquetées, en fonction des ...
http://www.savoie-mont-blanc.com/offre/fiche/jardin-alpin-du-semnoz/106756
Jardin Alpin du Semnoz