Dimanche 21 aôut, découverte des failles de St Sylvestre II
Dans notre précédent article, nous avions laissé les 38 participants de la journée géologie du Musée de Gruffy sur le chemin des "failles" de St Sylvestre, en compagnie de Robert VIANT secondé par Pierre RENAU, géologue, et Gérard GIROD, animateur Saint-Sylvestrin de randonnées.
Jean nous transmet les explications de Pierre RENAU concernant l'origine du plissement alpin
La molasse, formant un tapis continu de 1000 m de profondeur au fond de la mer de Téthys a été fracturée, secouée et relevée par le soulèvement des Alpes au tertiaire.
A cette orogenèse (formation de massifs) il faut ajouter l’influence de la dérive des plaques tectoniques (continents).
Au secondaire,les plaques d’Afrique et d’Eurasie se sont écartées laissant plus de place à la Téthys (qui recouvrait la Méditerranée actuelle et son pourtour) et ont donné lieu à une nouvelle transgression (extension marine) des eaux chaudes (-350 millions d’années à-300 millions d’années).
Au tertiaire ces deux plaques convergent l’une vers l’autre et créent le soulèvement des Alpes et de l’Himalaya. A la fin du tertiaire, cette convergence provoque la subduction de la plaque africaine sous celle d’Eurasie et cause la montée des roches cristallines (par Ex. le Mont blanc).
N B : Si vous voulez voir une superbe animation, allez voir sur le net "la naissance du lac Léman" par Olivier Gonet
Et maintenant regardez :
Robert VIANT explique
L’Albanais encore sous la mer, est l’une des zone qui s’est remplie entre -32 et -10 millions d’années d’une couche de sables détritiques pouvant atteindre 1000 mètres d’épaisseur. Ces sables agglomérés par des ciments calcaires naturels se sont transformés en grès : la molasse que l’on rencontre à St Sylvestre, du sommet du Crêt au ras de l’eau du Chéran. La molasse est donc une roche sédimentaire….
Mais cette couche de molasse n’est pas restée inerte. Les Alpes continuent leur mouvement ascendant et exercent leur contrainte sur cette couche rocheuse fragile maintenant émergée. Elle est relevée, fracturée…
L’eau, les glaciers ont remodelé les paysages. La fonte des derniers glaciers de l’ère quaternaire, il y a 10 000 ans a déterminé la physionomie actuelle du site.
Il subsiste une grande falaise dominant le hameau de Champollier. Les blocs disloqués se sont écarté et ont subi l’érosion faisant apparaître les couches tendres et moins tendres de la roche.
Ce sont les "failles"
Robert VIANT explique encore
Géologiquement parlant, les « failles » de Saint Sylvestre appelées localement « dâ’nes » sont en réalité des «diaclases» car il n’y a pas de décrochement de pan de montagne. De même le terme de «falaise» est en principe réservé au bord de mer sapé par les vagues. Ici, c’est le passage des glaciers et de l’eau qui a arraché une partie de la couverture de molasse et a laissé subsister cette «falaise».
Les « failles » principales de Saint Sylvestre sont situées dans un secteur tourmenté d’environ un hectare de superficie. La plus grande, longue de 100 mètres, est orientée EST-OUEST. Leur profondeur peut atteindre 15 mètres. Certaines sont couvertes et constituent des grottes. L’accès du secteur est dangereux car les failles apparaissent parfois de façon imprévisible sous nos pieds. Il convient d’aborder cette zone avec beaucoup de prudence de préférence avec des connaisseurs. Elles sont entièrement situées dans un secteur de forêts privées.
Et Jean de conclure.......
C’est ainsi que nous avons pu visiter la faille la plus importante et spectaculaire de St Sylvestre en cette ère de l’Anthropocène !
Ah ! Oui, la visite se termine aussi sur des considérations d’avenir sur la place de l’homme sur cette terre qui ne cesse de bouger, d’évoluer et qu’il malmène tant ! Nous vivons une période de crise géologique, où les glaciers disparaissent comme aux périodes des glaciations, crise géologique concomitante avec une crise biologique (disparition de 1000espèces/an....) !
L’homme est peu de chose dans tout cela !...
Voilà la visite est terminée, mais attention ce secteur peut être dangereux.
Photos Jacques et Andrée