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Les Agrumes, bigarades et bigaradiers, IV.

Publié le par Entre Semnoz et Chéran

Citrus aurantium, bigaradier, photo internet

Citrus aurantium, bigaradier, photo internet

Rappel 

Citrus aurantium, bigaradier, croisement entre pamplemoussier et mandarinier, famille des Rutacées.

C’est un petit arbre de 3 à 10 mètres, épineux, à feuilles persistantes, à fleurs très odorantes, aux fruits comestibles mais amers. Il est tolérant aux sols passagèrement détrempés ou calcaires, il préfère un climat chaud mais supporte des gels épisodiques jusqu'à −6 °C. Il est plus résistant aux maladies — notamment la gommose à phytophtora — et aux parasites que la plupart des agrumes et sa reproduction par graine est facile. Il peut vivre 400 ans.

Le mot provient du moyen français bigarrat, en provençal bigarrat « arangi bigarrat », du verbe bigarrar : barioler, (latin vestis bigerica : habit bariolé). La bigarade est décrite par Olivier de Serres (1600) : « parmi les sortes d’orangers croissant en Provence est le Cornut ou Bigarrat… »

  • Les feuilles du bigaradier (6,5 à 14 cm) sont ovales, luisantes, vert foncé, odorantes, couvertes d'une cuticule cireuse et persistantes avec une épine à l'aisselle des feuilles inférieures.
  • Les fleurs de l'oranger amer sont hermaphrodites (5 à 12 % de fleurs mâles), axillaires, blanches, très odorantes et plus grandes que celles de l'oranger doux. Elles fleurissent en avril autour de la Méditerranée.
  • Le fruit, selon les variétés, est plus ou moins rugueux et plat, 7 à 8 cm de diamètre, couleur orange parfois teintée de vert ou de jaune. Sa pulpe contenue dans 10 à 12 quartiers est amère, il contient beaucoup de pépins.
Citrus aurantium, bigaradier, photo internet

Citrus aurantium, bigaradier, photo internet

Recoltes

  • Avril-mai, le matin, dès l’éclosion, les fleurs, à la main avec leur pédoncule
  • Juin, après la taille, les brouts qui sont les feuilles et les jeunes rameaux
  • Septembre, les fruits Verts
  • Janvier-février, les fruits murs

NB : il y a tellement de fleurs qu’on ne peut toutes les cueillir, les bigaradiers portent donc des fruits.

Photo de la Société Historique de Tourrettes-sur-Loup

Photo de la Société Historique de Tourrettes-sur-Loup

Un arbre généreux

Photos de l’exposition « à la découverte de la filière Fleur d’oranger en pays de Grasse » soutenue par la Maison Chanel, associée à la famille MUL et à la coopérative NEROLIUM et présentée à La Médicée, en mars 2024.

à la découverte de la filière Fleur d’oranger en pays de Grasse 
à la découverte de la filière Fleur d’oranger en pays de Grasse 
à la découverte de la filière Fleur d’oranger en pays de Grasse 
à la découverte de la filière Fleur d’oranger en pays de Grasse 

à la découverte de la filière Fleur d’oranger en pays de Grasse 

Après tout ce travail d’extractions, de distillations et de macérations

On distingue 4 huiles essentielles issues de l’oranger amer

L’huile essentielle de Néroli obtenue à partir des fleurs

L’huile essentielle de Petit Grain Bigarade obtenue à partir des jeunes rameaux, et des feuilles 

L’huile essentielle bigarade verte obtenue à partir des jeunes fruits verts

L’huile essentielle de Bigarade obtenue à partir des zestes des bigarades jaunes.

 

L’essence de Néroli

Au XVIIème siècle, Anne-Marie Orsini, princesse de Nerola, en Italie, rendit célèbre l’essence de fleurs de bigaradier. Elle utilisait cette essence pour parfumer ses bains et ses gants et son nom resta arraché à l’Huile Essentielle de fleur de bigaradier. Elle est précieuse en parfumerie pour la fabrication des parfums haut de gamme. En effet, l'essence de Néroli provenant des « Bouquetiers de Grasse » entre dans la composition du célèbre N°5 de la maison Chanel, créé en 1921.

Marie-Anne de la Trémoille, princesse de Nerola

Marie-Anne de la Trémoille, princesse de Nerola

L’Huile essentielle de petit grain est utilisée en cosmétique et pour aromatiser des boissons : le thé, le Cointreau, le Grand-Marnier, les limonades. Moins onéreuse, elle remplace parfois l’huile essentielle de Néroli en aromathérapie

Notre eau de fleur d'oranger est un hydrolat de fleur d’oranger obtenue à partir par hydrodistillation, également appelée distillation par entrainement à la vapeur d'eau de fleurs de bigaradier. Cette technique permet d'obtenir deux fractions distinctes : l'huile essentielle et l'hydrolat.

Avec les fruits, on fait de délicieuses confitures que nos voisins anglais appellent marmelades et des vins d’oranges parfumés avec de nombreux épices, vanille, cannelle, badiane, girofle, cardamome…

L’écorce produit une huile essentielle aussi.

Après la conférence passionnante de Jean-Noël Falcou, nous avons exercé notre odorat lors de l’Atelier Senteur. Merveilleuse expérience qui termine ce moment provençal et parfumé. 

Le monde des agrumes a encore beaucoup à nous apprendre et de nouvelles variétés d’agrumes sont découvertes ou redécouvertes. Je le quitte à regret.

                                                                          Christianne

 

  • Jean-Noël FALCOU

Responsable des filières agricoles chez Jean GAZIGNAIRE - Groupe MUL, Vallauris, Provence-Alpes-Côte d’Azur

  • L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, Histoire de plantes, l’origine des agrumes : leur évolution et la naissance des espèces cultivées

Par François Luro

  • La Garance voyageuse, n°126

 

Les Agrumes, bigarades et bigaradiers, IV.

Publié dans Flore

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Les Agrumes, bigarades et bigaradiers, III

Publié le par Entre Semnoz et Chéran

Quand les plantes se font la malle, la Médicée 15,16, 17 mars 2024

Jean-Noël FALCOU nous raconte l’histoire du Bigaradier en Provence

Le bigaradier est originaire du sud de l'Himalaya. Acclimaté en Mésopotamie, transporté par les Arabes en Syrie au Xème siècle, il poursuit son voyage en Sicile, puis en Andalousie.

Le bigaradier connut un grand succès en Andalousie, ce qui lui valut d’ailleurs le nom d’oranger de Séville. Cultivé pour son parfum, sa beauté, son symbolisme et ses pouvoirs supposés médicinaux, il devient l’arbre d’ornement favori des cours royales et des châteaux arabes et européens dès le XIVe siècle. C’est un signe de richesse.

L’orangerie de Versailles a été construite pour protéger ces arbres majestueux et les jardiniers du Louis XIV réussirent à faire fleurir les bigaradiers toute l’année.

Orangerie de Versailles, photo Internet

Orangerie de Versailles, photo Internet

Le bigaradier arrive en Provence, en particulier dans la région de Golf Juan et Grasse où le climat permet de le cultiver en pleine terre. Les moines de Lérins, dès XVIe siècle, mettent en oeuvre cette culture.

Au moyen-âge, Grasse est réputée pour la qualité de ses cuirs qui sont exportés dans tout le royaume et en Italie.  Mais le cuir tanné avec de l’urine sent mauvais. Un tanneur grassois eu l’idée de parfumer ses gants avec les essence locales, myrte, jasmins et … fleurs d’oranger. On distillait déjà la fleur d’oranger avant la révolution dans le sud de la France !

Des gants parfumés de Grasse auraient été offerts à Catherine de Médicis et ainsi débuta la grande époque des gantiers parfumeurs. La ville de Grasse développe bientôt des fragrances spécifiques pour cette industrie de la ganterie.

Gants parfumés de Grasse, photo Internet

Gants parfumés de Grasse, photo Internet

Aussi, la culture du Bigaradier se développa à Grasse et dans sa région suivie de celle de la tubéreuse, du jasmin, de la rose à cent feuilles, de la rose muscade, des cassiers, de la bergamote, de la lavande et du romarin. Au XVIIIème siècle, la ville fournissait la moitié des essences parfumées en Europe

Flacon ancien, photo internet

Flacon ancien, photo internet

La culture du Bigaradier

Le bigaradier, ou oranger amer, Citrus aurantium, est un arbre vigoureux et épineux pouvant atteindre 10 m de hauteur. Il présente des feuilles persistantes, ovales et pointues, vert foncé. Il développe de nombreuses fleurs blanches très parfumées. Leur odeur est beaucoup plus prononcée que les fleurs d’oranger doux.

La culture a permis de sélectionner plusieurs variétés dont le Bouquetier de Grasse. Cette variété, légèrement naine, produit des fleurs de taille supérieure à la moyenne, groupées en grappes très fournies. Les étamines sont plus nombreuses que chez les autres variétés courantes de bigarades.

Bouquetier de Grasse, photos internet Gerbeaud
Bouquetier de Grasse, photos internet Gerbeaud

Bouquetier de Grasse, photos internet Gerbeaud

Eau et huiles essentielles entrent dans la composition de nombreux parfums. La fin du XIXe voit la création d’une distillerie de fleurs d’oranger à Grasse gérée par une coopérative des arboriculteurs de la région. La culture du bigaradier s’étend ensuite à Bar-sur-loup, Vallauris, Golfe-Juan. L’année 1912 recense une récolte de 2467 tonnes de fleurs. C’est l’âge d’or, la création d’absolue de néroli, extrait grâce à des solvants volatils dope les ventes.

Les Agrumes, bigarades et bigaradiers, III
Les Agrumes, bigarades et bigaradiers, III

Malheureusement, après la seconde guerre mondiale, le déclin s’amorce. Gels, développement de la chimie de synthèse, délocalisation de la culture du bigaradier à l’étranger, en Tunisie particulièrement, urbanisation du sud de la France provoquent la diminution des récoltes et des ventes.

Actuellement la fleur d’oranger française ne représente que 4 à 6 tonnes par an, mais sa qualité reste tout à fait exceptionnelle. Tout est exploité, rien ne se perd, fleurs, feuilles, fruits, écorces.

La culture a sélectionné des porte-greffes performants. Cet arbre est très résistant, peu de maladies en viennent à bout

A la question des auditeurs de la conférence, « quel est le principal ennemi du Bigaradier », Jean-Noël FALCOU répond « actuellement il n'y a pas de ravageurs préoccupants, le principal ennemi du bigaradier, c'est l’urbanisation ».

     à suivre....

                                      Christianne

Sources :

  • Jean-Noël FALCOU

Responsable des filières agricoles chez Jean GAZIGNAIRE - Groupe MUL. Vallauris, Provence-Alpes-Côte d’Azur

  • Les saisons de Chanel, n°5
  • L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, Histoire de plantes, l’origine des agrumes : leur évolution et la naissance des espèces cultivées. Par François Luro
  • La Garance voyageuse, n°126
Grasse

Grasse

Publié dans Flore

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