D'un marronnier l'autre... ou comment Aesculus hippocastaneum en est venu à désigner un type d'article journalistique ?
Marronnier : du ligure « mar » signifiant caillou (cf aspect et dureté semblables). Originaire d’Asie Mineure, un plant fut introduit à Constantinople en 1557.
Charles de l’Ecluse, ambassadeur à Vienne, en reçut un exemplaire en 1576 ; c'est ainsi qu'en 1612 le botaniste Bachelier planta un marronnier à Paris. Assez rustique, le marronnier est un arbre de parcs, de squares, d’alignement, de cours d'écoles !
Son nom binomial botanique est «étrange », puisque aesculus signifie en latin : chêne dédié à Jupiter ! Quant à hippocastaneum, nom utilisé en italien et allemand (voir dans Flore Helvétique et article précédent), et en anglais -horse chestnut, qui suggère que le marron servait de nourriture aux chevaux ….. (à vérifier) !
Comment cet arbre devint un article de journal « de faible importance, meublant une période creuse, consacré à un événement récurrent, prévisible », et donc souvent repris dans la presse ?
Il est à noter que l'anglais se sert d'une expression similaire : 'old chestnut' ou ' hoary chestnut' (hoary = chenu, suranné). Or en 1816, une pièce de théâtre Broken Sword de William DIMOND faisait fureur, en dépit des mauvaises critiques, à Londres. Un personnage, lors du récit des aventures du héros, s'écrit : « un marronnier, Capitaine, un marronnier ! C'est la 27ème fois que je vous entend raconter cette histoire et vous disiez toujours un marronnier jusqu'à maintenant ». Plus tard elle fut jouée aux USA et en avril 1896, le journal d'Ohio The Daily Herald tente d'expliquer l'origine de l'expression (argotique) du « marronnier journalistique » par cette pièce de théâtre.
En France, un marronnier aux fleurs rouges fleurissait au-dessus des tombes des Gardes Suisses - tués en août 1792- dans le jardin des Tuileries.
Chaque année la mention (dans des journaux de l'époque) de cette floraison, qui commençait le 20 mars parait-il, permettait aux nostalgiques de l'Ancien Régime de le commémorer !
Le dictionnaire « le Parler des Métiers » de Pierre Perret - éditions Robert Laffont 2002 – est plus expéditif : « article que l'on fait toujours à la même date : à la Toussaint, pour le 14 Juillet, etc. [Né lors d'un printemps des années 1930, il n'y avait pas d'informations importantes, le journal envoya quelqu'un photographier les marronniers en fleur sur les Champs-Élysées] Il bossait dans un petit canard, on ne sait pas trop ce qu'il vaut. On l'a mis sur les marronniers. » (fin de citation)
C'est ainsi que régulièrement paraissent des articles de teneur similaire aux mêmes dates : « comment perdre quelques kilos pour rentrer dans les maillots », lorsque les beaux jours sont revenus - un exemple au hasard, parmi tant d'autres !
Jean
Quelques légumes pour un bon régime !!!